Le Salon de l'auto de Montréal ouvre aujourd'hui sous le signe de la morosité, en raison de la crise mondiale de l'industrie, mais les constructeurs et concessionnaires espèrent plutôt s'en servir comme point de départ de la relance.

Le Salon de l'auto de Montréal ouvre aujourd'hui sous le signe de la morosité, en raison de la crise mondiale de l'industrie, mais les constructeurs et concessionnaires espèrent plutôt s'en servir comme point de départ de la relance.

Chrysler Canada n'aide pas à cet égard, avec l'abandon de véhicules et son stand d'aspect mortuaire dans des locaux trop grands. Un panneau explique que Chrysler doit être «sobre dans ce contexte exigeant, multiplier les économies, investir dans l'avenir grâce à un plan solide, réaliste et vert».

Ailleurs au salon, rien ne paraît, l'industrie cache bien sa morosité, mais elle ne sait pas trop où elle s'en va, souligne le chroniqueur automobile, Jacques Duval.

Plusieurs marques de véhicules sont à vendre, mais personne n'en veut, renchérit son collègue, Gabriel Gélinas. Depuis que Ford a vendu Jaguar et Land Rover au Groupe Tata, de l'Inde, elle n'a pas trouvé d'acheteurs pour Volvo. GM n'a pas plus de succès avec Hummer et Saab. Un constructeur de Chine pourrait acheter Jeep. Washington pourrait aussi provoquer une fusion de GM et Chrysler, dit-il.

Ford confiant

Chose certaine, Ford ne veut pas de Chrysler. Le président et chef de la direction de Ford Canada, David J. Mondragon, est gonflé à bloc. Sa part de marché va encore augmenter en 2009, selon lui, dans la foulée des deux derniers mois de 2008, durant lesquels les ventes de Ford ont moins baissé que celles de l'industrie, tant au Canada qu'aux États-Unis. Le président prévoit six mois de baisse des ventes au Canada, mais une reprise l'automne prochain. Entre-temps, le constructeur mise sur la qualité, l'économie d'essence, la sécurité et l'importation de véhicules d'Europe, comme la Fiesta et la Fusion.

D'ailleurs, Ford Motors a refusé l'aide gouvernementale, grâce à ses 30 milliards US de liquidités à la fin du troisième trimestre. Les actionnaires, dont la famille Ford, auraient dû donner la majorité de leurs actions à Washington, selon Christian Navarre, professeur de l'Université d'Ottawa spécialisé dans l'auto.

Par contre, Ford pourra accepter plus tard un financement temporaire si la récession s'accentue, en particulier pour les fournisseurs, explique David Mondragon. Les fournisseurs travaillent pour plusieurs constructeurs, mais GM et surtout Chrysler ont dit en 2008 craindre la faillite.

En outre, Ford Canada apprécie le soutien gouvernemental dans le financement des concessionnaires et de leurs clients, souligne le président. Ford Crédit a aussi de la difficulté à vendre son papier commercial, dans un marché fermé depuis deux ans.

Mesures de relance

David Mondragon a par ailleurs des discussions préliminaires sur deux mesures de relance. D'abord, un congé de taxe pendant six mois pour les acheteurs d'autos. Ensuite, comme le Japon et la France, le Canada pourrait lancer un programme de mise à la ferraille de 30% du parc auto, soit six millions de véhicules d'au moins 11 ans qui polluent 12 fois plus que les nouveaux. Coût? Le président ne l'a pas évalué. Le gouvernement pourrait envoyer un chèque de 2000$ ou abaisser les impôts des intéressés.

Norman Hébert, ex-président du Salon de l'auto, espère de son côté que le prochain budget d'Ottawa incitera les banques à être moins frileuses dans le financement des concessionnaires et leur permettra de se lancer dans les prêts à la location d'autos. Malgré la chute du huard canadien, les prix ne monteront pas dans l'auto, dit-il.

Parce que le Québec a jusqu'à cinq ans d'avance sur ses voisins, avec 50% d'achats de petits véhicules, la crise de l'auto y fera moins mal, estime le président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA), George Iny.

Le président du Salon de Montréal, Stéphane Saint-Louis, attend plus de 200 000 visiteurs, comme l'an dernier, malgré le froid.