Aux États-Unis, de nombreuses d'entreprises financières en détresse, prêtes à brader des actifs pour se renflouer.

Aux États-Unis, de nombreuses d'entreprises financières en détresse, prêtes à brader des actifs pour se renflouer.

Au Canada, des grandes banques encore riches malgré la crise financière et le début de récession. Comme rarement auparavant, le contexte semble favoriser les ambitions des banques canadiennes qui lorgnent des actifs à prix dévalués.

Dernière en liste, la Banque de Montréal [[|ticker sym='T.BMO'|]] achète la filiale canadienne de l'assureur américain en faillite AIG.

Le prix: 375 millions payés comptant. Un montant à peine supérieur à la simple valeur comptable de la filiale canadienne d'AIG, selon les chiffres obtenus par Michael Goldberg, analyste des banques chez Valeurs mobilières Desjardins à Toronto.

Avec cette transaction, BMO s'empare d'une société d'assurance-vie avec 2,4 milliards en actifs. Elle compte 400 000 clients desservis par un effectif de 300 employés et un réseau de 5000 courtiers indépendants.

En contrepartie, souligne M. Goldberg, cette filiale d'AIG au Canada roule à l'encre rouge depuis plusieurs mois.

Au moins 15 millions de pertes ont été inscrites durant les trois premiers trimestres de 2008, comparativement à un profit annuel de 48 millions en 2007 et 40 millions en 2006.

Par conséquent, l'apport de cette acquisition au résultat net de BMO pourrait se faire attendre quelques trimestres.

Mais pour la BMO, cette acquisition va quadrupler les revenus dans le marché de l'assurance, à un peu plus d'un milliard par an.

«Ça place BMO en bonne posture pour profiter d'un éventuel décloisonnement entre l'assurance et les banques, en particulier par la vente d'assurances en succursales comme le réclame le secteur bancaire», souligne John Aiken, analyste des banques chez Dundee Securities.

Par ailleurs, BMO aura le potentiel de vendre ses produits et services financiers aux milliers de clients d'assurance AIG au Canada.

«Cette acquisition est logique pour la Banque de Montréal comme un moyen d'accroître ses activités de gestion de patrimoine», selon Ian Nakamoto, directeur de recherche chez le courtier indépendant MacDougall MacDougall&MacTier.

Du magasinage?

Cela dit, est-ce que cette transaction laisse présager une ère de grand magasinage de la part du secteur financier canadien?

D'autant que la semaine dernière, la filiale de courtage à escompte de la banque Toronto-Dominion [[|ticker sym='T.TD'|]], TD Ameritrade, annonçait l'acquisition pour 606 millions US d'un courtier de Chicago spécialisé dans le marché des options, Investool/Thinkorswim.

La transaction a été conclue à l'équivalent de 8,70$US par action (comptant et actions), à la moitié seulement de leur valeur boursière d'un an plus tôt.

Mais en dépit de ce contexte d'apparence favorable, le marché des actifs financiers américains en détresse demeure périlleux pour les banques canadiennes.

«Des investisseurs en actions de banques semblent impatients de les voir agir. Mais pour ma part, je préfère les voir attendre un peu parce que le contexte financier risque encore de se détériorer», signale Craig Fehr, analyste des banques canadiennes chez l'important courtier américain Edward Jones, basé à St. Louis au Missouri.

Ce commentaire rejoint les réserves exprimées la semaine dernière par les présidents de principales banques canadiennes, lors d'une conférence à Toronto.

Gordon Nixon, chef de la Banque Royale [[|ticker sym='T.RY'|]], a dit avoir un oeil attentif mais encore très prudent sur les occasions d'acquisitions hors du Canada.

«Nous ne croyons pas que le contexte actuel justifie un déploiement dynamique de notre capital dans de telles transactions», a-t-il dit.

Son vis-à-vis à la Banque TD, Ed Clark, a admis une «visibilité insuffisante» envers les risques d'actifs financiers aux États-Unis pour rechercher davantage les acquisitions.

Pour sa part, le chef de la direction de la Banque de Montréal, Bill Downe, a dit qu'il était «encore un peu trop tôt» pour multiplier les acquisitions au sud de la frontière.

«Nous préférons demeurer patients et prudents pour un certain temps, comme nous le sommes depuis plusieurs mois», a-t-il indiqué.

Avec Bloomberg et La Presse Canadienne