La présente récession s'avère plus profonde que prévu, mais la reprise surprendra bientôt par sa robustesse.

La présente récession s'avère plus profonde que prévu, mais la reprise surprendra bientôt par sa robustesse.

Toujours optimiste, la Banque du Canada prévoit un retour de la croissance dès l'été, qui ira s'accélérant jusqu'à la fin de 2010.

Dans sa mise à jour du Rapport sur la politique monétaire, elle estime que l'économie canadienne vit cet hiver les pires affres de la présente récession. Après un recul du produit intérieur brut l'automne dernier estimé à 2,3% (au lieu de 0,4% dans son scénario d'octobre) au quatrième trimestre de 2008, la décroissance atteindra 4,8% cet hiver et encore 1% au printemps.

La récession qui courra sur trois trimestres sera moins profonde que celle de 1981-1982, assure-t-elle. Elle traînera aussi moins longtemps que celle de 1990-1991 parce que la relance sera vive: 2,0% et 3,5% de croissance l'été prochain et l'automne prochain, suivi de bonds de 4,7% et de 4,9% pour les deux semestres de 2010.

«Par contraste avec ces deux épisodes, lit-on dans la mise à jour, comme le Canada est doté depuis 1991 d'une cible explicite de 2% en matière d'inflation et que les attentes à cet égard sont bien arrimées autour de cette cible, la politique monétaire est en mesure de réagir de manière rapide et significative pour aider le ralentissement économique et à promouvoir les conditions qui facilitent la relance.»

Le taux directeur de la Banque est d'ailleurs passé de 4,50% à 1% en 13 mois, après une baisse de 50 centièmes mardi. Un nouvel allégement reste dans les cartes des autorités monétaires, si nécessaire.

Cet optimisme des autorités monétaires surprend d'autant qu'elle révise à la baisse ses projections de croissance en 2010 pour les États-Unis, l'Union européenne, le Japon, la Chine et les autres grandes économies émergentes d'Extrême-Orient. À les croire, la vitalité relative avec laquelle le Canada est entré dans la tourmente présente lui permettra d'en sortir plus vite que les autres.

En outre, doit-on rappeler, le maelström financier et économique, qui sévit depuis plus d'un an aux États-Unis et presque autant en Europe, a contraint la Banque à réviser à la baisse ses perspectives de croissance de l'économie canadienne à au moins quatre reprises depuis l'automne 2007.

Voilà qui explique que sa confiance paraît quelque peu jovialiste aux yeux des économistes des milieux financiers. Leur scénario de croissance pour l'année en cours est en gros en ligne avec celui d'une décroissance de 1,7% prévue par la Banque.

«Nous sommes d'avis que la réduction mondiale de l'effet de levier, et les effets décalés de l'effet de richesse négatif jumelés à la fragilité du capital dans plusieurs industries vont entraîner une reprise molle et l'amélioration graduelle du prix de certains produits de base», objectent Derek Holt et Karen Cordes, économistes chez Scotia Capitaux dont le scénario économique est très pessimiste depuis plusieurs mois.

La Banque du Canada fonde le sien sur plusieurs hypothèses: la valeur du dollar canadien qui oscillera autour des 82 cents US va permettre aux exportateurs de souffler; le rétablissement progressif du crédit va stimuler les investissements des entreprises; les politiques budgétaires extraordinaires vont stimuler les dépenses gouvernementales ou des ménages grâce aux baisses d'impôt.

La Banque ne dit mot des informations qu'a pu lui souffler le ministère des Finances sur le budget de mardi. Il est permis de déduire l'alternative suivante: ou bien il y aura baisses d'impôt puisqu'elle majore de deux dixièmes de pourcentage seulement l'apport des administrations publiques à la croissance cette année, ou bien les ajouts aux budgets d'infrastructures porteront fruits surtout l'an prochain.

Pour l'année en cours, seuls les gouvernements contribueront à la croissance: consommation, construction, investissements des entreprises, commerce extérieur et niveaux des stocks connaîtront des replis substantiels.

L'essoufflement du consommateur était déjà manifeste l'automne dernier, comme en font foi les ventes au détail en novembre. Elles ont reculé de 2,4%, indiquait hier Statistique Canada.