Bombardier (T.BBD.B), troisième avionneur au monde, a du mal à trouver des acheteurs pour la CSeries parce que les retards chez Boeing (BA) et Airbus font en sorte que les sociétés aériennes sont sur leurs gardes en ce qui concerne les nouveaux aéronefs, a indiqué hier un dirigeant de Bombardier.

Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], troisième avionneur au monde, a du mal à trouver des acheteurs pour la CSeries parce que les retards chez Boeing [[|ticker sym='BA'|]] et Airbus font en sorte que les sociétés aériennes sont sur leurs gardes en ce qui concerne les nouveaux aéronefs, a indiqué hier un dirigeant de Bombardier.

«Nos équipes éprouvent des ennuis à cause de ce phénomène, parce que les deux derniers importants programmes d'aéronefs accusent un retard de deux ou trois ans», a dit hier au cours d'une conférence à Dublin Benjamin Boehm, vice-président des programmes d'avions commerciaux de Bombardier.

«Malheureusement, cela détruit la confiance des transporteurs envers l'apparition de nouveaux produits, a-t-il ajouté. La question qui se pose est celle-ci: comment restaurer la confiance du marché envers les programmes de développement de nouveaux appareils?»

Bombardier a fait savoir en juillet dernier qu'il prévoyait entrer sur le marché des appareils de 110 à 130 places, affrontant ainsi Boeing et Airbus grâce à son nouveau programme CSeries. Bombardier a obtenu une lettre d'intérêt du transporteur allemand Deutsche Lufthansa pour l'achat de 30 appareils et des options pour 30 autres aéronefs, mais la société aérienne n'a pas encore placé de commande ferme. Bombardier a promis ses premières livraisons en 2013.

Le nouveau 787 Dreamliner, de Boeing, dont les livraisons avaient d'abord été prévues pour mai 2008, a été retardé quatre fois, ce qui fait que le programme accuse un retard de deux ans.

De son côté, Airbus, dont l'appareil géant A380 est deux ans et trois mois en retard sur le calendrier initial de livraison, a indiqué la semaine dernière qu'il ne pourrait livrer que 18 de ces appareils cette année plutôt que les 21 prévus.

Chez Bombardier, M. Boehm a confié que Lufthansa pourrait être bientôt prêt à s'engager, mais le porte-parole n'a pas précisé si ce serait une commande ferme ou un accord préliminaire.

En octobre dernier, Wolfgang Mayrhuber, patron de Lufthansa, avait dit s'attendre à prendre une décision quant à la CSeries avant la fin de l'année. L'exercice financier de Bombardier prend fin le 31 janvier alors que celui de Lufthansa s'est terminé en décembre.

«Attendez-vous à une annonce bientôt», a dit M. Boehm au cours d'une entrevue, sans entrer dans les détails.

Pour sa part, Lufthansa a refusé de faire des commentaires quant au moment de la prise de décision.

«Nous nous en tenons à notre lettre d'entente et nous continuons nos pourparlers avec Bombardier, mais il n'y a pas de date limite ni de commandes fermes», a souligné Peter Scheckenleitner, porte-parole de Lufthansa, au cours d'une entrevue téléphonique. Lufthansa considère que le CSeries est un «très bon» appareil, a-t-il dit.

Bombardier prévoit faire appel à la fibre de carbone légère pour attirer les transporteurs en quête d'économies de carburant. L'appareil sera mû par des moteurs de Pratt&Whitney, filiale de United Technologies, soit les mêmes moteurs que Mitsubishi Heavy Industries a l'intention d'utiliser sur son MRJ, premier avion à réaction de transport de passagers du Japon.

Teal Group, société-conseil de Fairfax, en Virginie, a retiré la CSeries de sa prévision annuelle sur 10 ans en 2009 parce que, selon elle, cet appareil a moins de 50% des chances d'être construit.

«Les risques technologiques, le faible trafic aérien et des prix de carburant bas travaillent tous contre les programmes de nouveaux appareils», soutient Richard Aboulafia, vice-président de Teal. «Voilà trois bonnes raisons pour ne pas s'engager dans un nouveau programme d'aéronef, dit-il. Nous ne croyons pas que cela va se réaliser.»

De son côté, M. Boehm explique que la CSeries a suscité l'intérêt d'autres clients potentiels.

Ainsi, Qatar International et la société américaine de prêt bail International Lease Finance demeurent intéressées, dit-il. Il a aussi confirmé que le transporteur mongol Eznis Airways a signé une lettre d'intérêt pour acheter jusqu'à sept appareils CSeries. Il a refusé de nommer d'autres clients potentiels.

La CSeries serait aussi en concurrence avec le modèle Embraer 190, de la société brésilienne Empresa Brasileira de Aeronautica, un appareil de 98 à 114 places, de même qu'avec les appareils que prévoient construire OAO Sukhoi Aviation Holding et Mitsubishi Heavy Industries.