Plutôt que d'offrir des indemnités de départ trop généreuses, Pauline Marois estime qu'on devrait hausser le salaire des PDG de sociétés d'État.

Plutôt que d'offrir des indemnités de départ trop généreuses, Pauline Marois estime qu'on devrait hausser le salaire des PDG de sociétés d'État.

Dans la foulée de la controverse entourant la prime de 378 750$ qu'a reçue l'ex-PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec malgré un départ volontaire, la chef de l'opposition s'est dite favorable à un large débat sur la rémunération de ces hauts fonctionnaires.

«Sur le fond des choses, les présidents de sociétés d'État ne sont pas rémunérés à la hauteur de ce qu'ils obtiendraient dans le secteur privé pour gérer des portefeuilles comparables. À titre de comparaison, le responsable de Teachers', en Ontario, a une rémunération d'un million de dollars. Les années où ça a bien été, son salaire avec ses primes a monté jusqu'à 5 millions de dollars, pour gérer une caisse qui est beaucoup moins importante que la Caisse de dépôt et placement.»

Au courant

C'est dans ce contexte que le gouvernement du Québec accorde des primes qui s'ajoutent à la rémunération de base, explique-t-elle. Mme Marois était d'ailleurs ministre des Finances dans le gouvernement Landry quand l'ex-PDG de la Caisse de dépôt, Henri-Paul Rousseau, s'est vu octroyer une indemnité de départ aussi alléchante. Interrogée sur sa part de responsabilités, elle ne s'est pas défilée. «Sans doute que j'étais au courant. Honnêtement, je ne m'en souvenais pas. Mais sûrement que j'étais au courant, je ne le nierai pas.»

Ce type de prime, que le gouvernement Charest a renouvelé et élargi à d'autres PDG dont ceux d'Hydro-Québec, de la Société générale de financement et de la Société des alcools, a cependant des effets pervers, convient Mme Marois après coup. Loin de retenir les gestionnaires, elle rend leur départ plus attrayant.

«Dans le contexte actuel, c'est sûr que ça choque. La Caisse est en train de perdre de l'argent, son PDG s'en va, et on lui verse une allocation alors qu'il est parti de son propre gré. Ça soulève un débat qui devrait se tenir. S'il faut payer nos PDG davantage, allons plutôt dans cette voie-là plutôt que d'accorder à côté toutes sortes d'avantages qui viennent simplement essayer de compléter la rémunération, parce qu'on trouve que la rémunération n'est pas bonne.»

Commission parlementaire

Le Parti québécois propose de convoquer une commission parlementaire sur la situation financière de la Caisse de dépôt, où le recours à ces primes serait soulevé «en toute transparence».

«Si on pense que, pour conserver un président de société d'État, compte tenu de la fonction qui lui incombe, de la responsabilité qu'il a, il faut lui reconnaître un salaire plus élevé, la façon de faire, à mon point de vue, ce serait sûrement d'aller plus dans cette perspective-là, avance prudemment la chef de l'opposition. Mais je crois que c'est le temps de se poser la question.»

Le plus grand syndicat de professionnels du gouvernement du Québec, qui regroupe quelque 20 000 membres, a par ailleurs demandé hier le remboursement de l'indemnité de départ qu'a reçue Henri-Paul Rousseau. «Dans cette affaire, tout est parfaitement légal mais totalement immoral, estime le président du SPGQ, Gilles Dussault. Le gouvernement libéral ne peut le réclamer au récipiendaire puisqu'il ne peut se soustraire à son propre engagement. Toutefois, M. Rousseau peut, lui, refuser d'encaisser la somme au nom de la plus élémentaire décence.»