Le prochain budget que déposera le ministre des Finances Jim Flaherty, le 27 janvier à la Chambre des communes, sera rédigé entièrement à l'encre rouge.

Le prochain budget que déposera le ministre des Finances Jim Flaherty, le 27 janvier à la Chambre des communes, sera rédigé entièrement à l'encre rouge.

Ce budget, «le plus important de l'histoire du pays», selon les dires des proches collaborateurs de Stephen Harper, contiendra un déficit frisant les 40 milliards de dollars en 2009-2010, une somme colossale qui effacera d'un seul trait les efforts de remboursement de la dette accumulée des quatre dernières années.

Devant la récession mondiale qui frappe de plein fouet l'économie canadienne, le gouvernement Harper compte sortir son chéquier pour limiter le plus possible la durée et l'importance de la crise au pays. Résultat: le déficit sera encore plus important que ne le laissait entendre le premier ministre Stephen Harper il y a un mois à peine dans une entrevue de fin d'année.

Le manque à gagner sera de 40 milliards de dollars au cours de l'exercice financier 2009-2010, qui commence le 1er avril, soit 10 milliards de dollars de plus que ce que M. Harper avait envisagé en décembre, rapportait en fin de semaine le réseau CTV. La dette accumulée, qui s'élève aujourd'hui à 457 milliards de dollars, repartira donc à la hausse pour s'établir à 497 milliards de dollars si le déficit de 40 milliards se confirme.

Il s'agira par ailleurs du plus important déficit depuis 1993 et du premier déficit en 12 ans. La dernière fois qu'Ottawa accusait un déficit remonte à l'exercice financier 1996-1997. Il s'élevait alors à 8,7 milliards de dollars.

Le gouvernement Harper prévoit consacrer les trois quarts de cette somme, soit 30 milliards de dollars, pour investir massivement dans des projets d'infrastructures et pour financer diverses mesures pour soutenir les entreprises et les travailleurs en difficulté. Les entreprises auraient droit à des mesures de soutien, notamment l'industrie automobile et l'industrie forestière, tandis que les travailleurs ayant perdu leur emploi se verraient offrir de la formation pour se recycler, entre autres.

En outre, le gouvernement conservateur compte réduire les taxes ou les impôts afin de stimuler la consommation. Pour éviter que le gouvernement fédéral retombe dans l'ornière des déficits permanents, bon nombre des mesures qu'annoncera le ministre Flaherty auront une durée limitée d'un an ou deux ans, notamment la réduction du fardeau fiscal et les programmes d'aide aux entreprises.

Le bureau du premier ministre a refusé hier de confirmer que le déficit frisera les 40 milliards de dollars en 2009-2010, comme le rapportait le réseau CTV.

Poursuivant hier à Victoria ses consultations partout au pays en prévision de son budget, le grand argentier a réitéré hier que le déficit sera «substantiel» au cours du prochain exercice financier. Le ministre a aussi affirmé que le gouvernement fédéral n'a pas l'intention de réduire les dépenses.

«Nous ne sommes pas engagés dans un exercice de compressions. Nous sommes confrontés à des temps extraordinaires. Et cela nécessite des gestes extraordinaires. Le déficit sera substantiel», a dit M. Flaherty.

Depuis plusieurs semaines, les mauvaises nouvelles continuent de s'accumuler au pays. La semaine dernière, Statistique Canada a rapporté que l'économie canadienne avait enregistré une perte nette de 34 000 emplois en décembre. Le taux de chômage a aussi grimpé, passant de 6,3% à 6,6%.

Aux États-Unis, principal partenaire commercial du Canada, les nouvelles sont encore plus troublantes. En décembre seulement, 524 000 emplois sont disparus chez nos voisins du Sud, ce qui a fait bondir le taux de chômage à 7,2%, soit le niveau le plus élevé depuis 1993. En tout, l'économie américaine a vu 2,6 millions d'emplois disparaître en 2008.

Ces chiffres ont fait dire au ministre Flaherty que les mauvaises nouvelles seront nombreuses en 2009 au chapitre de l'emploi et de l'économie. Le ministre Flaherty a dit s'attendre vendredi dernier à ce que l'économie canadienne soit grandement affectée par la récession mondiale qui fait déjà beaucoup de ravages, notamment aux États-Unis.