Ce n'était pas une tête d'affiche. Depuis son départ de Bice, il y a 10 ans, il travaillait dans l'ombre. Mais c'était un grand chef.

Ce n'était pas une tête d'affiche. Depuis son départ de Bice, il y a 10 ans, il travaillait dans l'ombre. Mais c'était un grand chef.

Et dans le milieu de la restauration, tout le monde connaissait John Ledwell, le chef du 357C, le club privé de Daniel Langlois. Ledwell est mort mercredi, terrassé par une crise cardiaque à l'Île-du-Prince-Édouard. Il avait 45 ans.

M. Ledwell était parti en voyage de pêche au thon avec un ami de très longue date, le chef et copropriétaire du Club Chasse et Pêche, Claude Pelletier. Les deux avaient travaillé ensemble jadis à la Sapinière, à Val-David. Hubert Marsolais, l'associé de M. Pelletier, était également du voyage.

«Il s'était senti mal le matin, mais après, tout s'était bien passé, raconte M. Marsolais. Quelques jours avant, il avait préparé un grand banquet pour l'anniversaire de mariage de Jean Chrétien. Puis on est partis à l'île, où il était né. C'était très poétique car il nous avait montré plein de choses de son enfance. Et puis c'est arrivé. Personne ne l'avait vu venir.»

M. Ledwell s'est effondré sur le quai tout juste avant de partir à la pêche.

Bertrand Bazin, le chef pâtissier du 357C, explique que la restauration vient de perdre un chef généreux, très à l'écoute de son équipe. «C'est rare que j'ai eu des boss comme ça, dit-il. Il savait aller chercher le meilleur des gens qui travaillaient avec lui.»

Comme il cuisinait pour un club privé, il était peu connu du grand public, ce que Lesley Chesterman, critique gastronomique à The Gazette, a toujours trouvé dommage. «Il n'a jamais été sous les projecteurs, mais c'était quand même un des meilleurs», affirme-t-elle.

«C'était un bon gars», ajoute Normand Laprise, le célèbre chef du Toqué!. M. Ledwell l'appelait régulièrement pour lui offrir des ingrédients rares qu'il faisait venir à Montréal et qu'il voulait partager.

«C'était un passionné, c'est clair, ajoute M. Laprise. J'ai été une fois au 357C et j'ai très bien mangé.»

Mark Brennan, directeur de Terra Incognita, la société de gestion de Daniel Langlois, qui chapeaute le 357C, affirme pour sa part que la gastronomie montréalaise vient de perdre un homme particulièrement créatif et engagé dans son travail.

«Ce qui va toujours me rester, c'est à quel point il nous invitait à sa table pour partager une passion, dit-il. Il voulait nous faire partager un moment de bonheur.»

M. Ledwell laisse dans le deuil son fils de 7 ans, Corey, et sa femme, Nancy Dion.