À l'âge où les futurs entrepreneurs apprennent la comptabilité sur les bancs d'école, lui dévalait les pentes à la recherche d'adrénaline. Aujourd'hui, il fait la barbe aux Oberson et Bernard Trottier de ce monde avec Empire, un réseau de boutiques de planches à neige et à roulettes.

À l'âge où les futurs entrepreneurs apprennent la comptabilité sur les bancs d'école, lui dévalait les pentes à la recherche d'adrénaline. Aujourd'hui, il fait la barbe aux Oberson et Bernard Trottier de ce monde avec Empire, un réseau de boutiques de planches à neige et à roulettes.

Plusieurs chemins mènent au monde des affaires. Pour Brendan O'Dowd, ce fut un sentier de moto-cross qui grimpe à pic, avec une grande courbe au bout.

«La trail faisait fffffouiit, moi j'ai fait sssssshhhkkklang», explique le jeune homme en esquissant des mains la trajectoire d'un chemin qui tourne, puis d'un motocycliste qui passe tout droit.

Une rotule explosée, un pied et un poignet fracturés, un fémur en pièces détachées. Seize heures à souffrir dans une forêt de l'Ouest canadien avant d'être secouru par des bûcherons. Puis trois ans de béquilles, de chirurgies et de guérisons difficiles.

Et surtout, une carrière de planchiste professionnel à repenser pour ce jeune homme de Saint-Bruno parti gagner sa vie sur les pentes de Whistler à l'âge de 17 ans.

«Je m'étais toujours dit qu'après ma carrière de snow, j'allais développer le côté business. Mais je ne savais pas quoi. Là, je me suis retrouvé avec beaucoup de temps pour réfléchir.»

Près de 10 ans plus tard, c'est effectivement un homme d'affaires qui nous accueille dans son magasin du centre-ville. Brendan O'Dowd, 27 ans, ne porte peut-être pas de cravate, mais il suffit de passer une heure avec lui pour comprendre que brasser des affaires est une seconde nature pour lui.

Tout en accordant une entrevue au journaliste, il conclut une entente avec l'éditeur d'une revue de planche à roulettes, échange avec un athlète commandité par la boutique, conseille un employé sur la façon de disposer la marchandise dans le magasin.

Ce magasin, c'est son bébé. CHUM oblige, il s'est fait exproprier de son emplacement initial, coin Saint-Antoine et Saint-Denis, pour renaître quelques rues à l'ouest. Un désagrément que Brendan O'Dowd, encore une fois, a décidé de transformer en bonne occasion.

«On a triplé l'espace», dit-il au milieu de la boutique à deux étages remplie de planches, de bottes et de vêtements où les vendeurs hochent la tête au son du hip-hop.

Une aventure lancée en 1999

L'endroit fait partie du réseau Empire - une aventure lancée en 1999 à Sainte-Julie par trois amis de Brendan: Patrick Byarelle, Phil Grisé et Fred Pierre-Antoine. En 2003, Brendan O'Dowd s'est associé au groupe et a ouvert une succursale Empire à Montréal, une première.

«Je voulais que ce soit à Montréal. Pour l'image, pour les événements», dit-il.

La boutique, cependant, n'est qu'une partie des activités du jeune homme. En avril, pour la sixième année consécutive, le Mont-Saint-Sauveur battra au rythme du Shakedown le temps d'un week-end.

Une autre idée mijotée par Brendan O'Dowd quelque part entre une salle d'opération et un local de physiothérapie, et qui s'est imposée comme la plus grande compétition de planche à neige au pays. Budget annuel: 400 000$.

L'événement est géré par l'entreprise de Brendan O'Dowd, Dizzle Entertainment, qui s'occupe aussi des parcs de planches à neige de quelques stations de ski québécoises et organise des camps d'apprentissage pour les jeunes planchistes.

Les événements alimentent le réseau de boutiques Empire, qui font à leur tour la promotion des événements. Une synergie si efficace qu'elle a amené les grands noms du monde de la planche à neige à s'intéresser à cette bande de mauvais garçons.

Vans, un géant qui vend ses chaussures dans le monde entier, fabrique par exemple un soulier à l'effigie du Shakedown. Le fabricant californien de lunettes de sport Spy fait sa lunette «Spy-Shakedown»; New Era, des casquettes «New-Era-Shakedown».

Empire avait trois employés en 1999, il en compte maintenant 80. Le chiffre d'affaires? Brendan soupire.

«Après, on est perçus comme des gens riches», dit-il, hésitant à le dévoiler. Il finit toutefois par dire que le magasin montréalais qu'il dirige vend pour 2,5 millions de marchandises par année.

«Et ça, c'était avec 4000 pieds carrés d'espace. En grimpant à 12 000, les ventes devraient augmenter», dit Brendan.

Leur entreprise, les quatre garçons la gèrent d'instinct. Parce que leurs cours de gestion des opérations des HEC, ils ne les ont pas suivis.

«Je ne me suis même pas inscrit au cégep, dit Brendan O'Dowd. Je voulais faire du snow, that's it, that's all.»

Comment font-ils pour concurrencer des gens aussi organisés que Sports Expert, Oberson ou Bernard Trottier?

«La drive, la passion, le sens des affaires, répond le jeune homme. Du snowboard et du skate, on en mange, on en mange, on en mange. On fait juste ça depuis qu'on a 9 ans.»

Comme eux, l'industrie est jeune, ajoute-t-il.

«Dans un sens, c'est nous qui l'avons bâtie. Il n'y avait pas 50 ans d'histoire avant qu'on arrive. On a touché à la distribution, à la commandite, à l'organisation d'événements. On a vu à tous les aspects de cette industrie-là. On l'a bien comprise, et je crois que c'est pour ça qu'on est là où on est aujourd'hui.»