André Brouillette est un homme d'affaires atypique. À 72 ans, il se donne encore huit ans pour faire de sa PME, JAB Produits récréatifs, un «empire» du toboggan et de la luge pour enfants.

André Brouillette est un homme d'affaires atypique. À 72 ans, il se donne encore huit ans pour faire de sa PME, JAB Produits récréatifs, un «empire» du toboggan et de la luge pour enfants.

Rencontre avec un homme d'affaires à la tête d'une entreprise ayant fait faillite quatre fois et qui affirme être capable de concurrencer les Chinois.

Soulignons d'emblée que ce n'est pas M. Brouillette qui a fait faillite à quatre reprises, mais bien l'entreprise Torpedo qu'il a acquise et rebaptisée JAB Produits récréatifs en 2004.

Cette PME de Batiscan, sur le bord du fleuve Saint-Laurent à l'est de Trois-Rivières, fabrique des toboggans (la fameuse «traîne sauvage») et des luges en bois. Des produits d'une autre époque, vendus entre 20$ et 60$, mais qui n'en demeurent pas moins très prisés en Amérique du Nord.

L'an dernier, l'entreprise de 30 employés en a écoulé quelque 60 000 unités aux quatre coins du continent, notamment dans les succursales canadiennes du géant Wal-Mart.

En 2007, les ventes de JAB (50% au Canada; 50% aux États-Unis) frisait le million de dollars. N'eut été d'un manque de liquidités, la PME en aurait vendu davantage tellement la demande était grande.

Bref, ce type de luge rétro effectue un retour en force. Et comme JAB est le plus important fabricant de toboggans et de luges en bois sur le continent, au dire d'André Brouillette, les perspectives de croissance sont encourageantes.

Modèles chinois

Il existe certes des modèles fabriqués en Chine.

«Mais ils ne sont pas faits en érable québécois et n'ont pas un aussi beau fini que nos produits. Un de mes clients m'a montré une luge chinoise. Il m'a dit combien elle lui avait coûté. J'ai accoté son prix et j'ai quand même réussi à faire un profit», explique le président de JAB.

De toute évidence, André Brouillette est un entrepreneur qui aime relever les défis. À 34 ans, il devient millionnaire alors qu'il est à la tête d'une entreprise de panneaux de signalisation.

Plus tard en 1988, il se porte acquéreur de Torpedo, un fabricant de toboggans de Lac-Mégantic qui en est à sa troisième faillite.

Il déménage la PME à Saint-Narcisse et en fait une entreprise manufacturière prospère. Mais un incendie en 1997 dans une usine de plastique appartenant à M. Brouillette dans la région montréalaise oblige l'homme d'affaires, qui vient de perdre six millions de dollars, à vendre Torpedo en 1998.

Mais, quatre ans plus tard, les nouveaux propriétaires déclarent faillite, ce qui porte à quatre le nombre de fois où Torpedo a périclité depuis sa fondation en 1950. À croire que l'entreprise a la guigne.

Nullement superstitieux, André Brouillette reprend le contrôle de l'entreprise qu'il rebaptise illico JAB (un acronyme inspiré de son nom: Joseph-André Brouillette).

D'ici trois ans, le septuagénaire veut quintupler les ventes de JAB en Amérique du Nord, doubler son nombre d'employés et prendre d'assaut l'Europe avec ses luges, mais également avec une trottinette des neiges pliante.

Car voilà l'une des plus récentes trouvailles de cet infatigable travailleur qui voit des occasions d'affaires partout et qui garde la forme en marchant sur un tapis roulant et en faisant des longueurs à la nage. Objet de loisir séculaire dans les pays scandinaves, la trottinette des neiges gagne en popularité au Québec.

Trottinette en bois

André Brouillette se dit fasciné par ce moyen de locomotion qui ressemble à un traîneau à chien, mais en plus petit. Il désire créer une trottinette en bois, mais en version pliable qui peut facilement être transportée dans le coffre d'une automobile.

Ne désirant plus faire affaire avec les institutions financières pour soutenir ses projets d'expansion, le président de JAB vient d'entreprendre la fabrication de palettes en bois destinées au secteur manufacturier.

Comme la fabrication de toboggans n'occupe ses employés que six mois par année, il devait trouver une nouvelle avenue pour garder une partie de son équipe occupée.

Et avant de se retirer pour de bon du secteur des affaires, André Brouillette entend redonner une partie de ses profits à ses employés.

«Je trouve qu'on manque de respect pour ceux et celles qui sont à la base de notre économie. Remettre 10% des bénéfices à mes employés, c'est quelque chose que j'ai toujours voulu faire», dit-il. Et cette fois-ci devrait être la bonne.