Louis Grenier est un chef d'entreprise étonnant.

Louis Grenier est un chef d'entreprise étonnant.

Contrairement aux autres dirigeants, il ne veut pas faire grandir sa société. «Je suis un artisan, pas un homme d'affaires, précise le fondateur de Kanuk. Pour moi, la qualité passe bien avant la croissance.»

Ce discours, il le tient depuis la création, en 1974, du fabricant à l'emblème doré représentant le harfang des neiges. Depuis notre dernière rencontre, il y a 10 ans, sa stratégie est restée la même.

«On emploie toujours une centaine de personnes et on fait encore une dizaine de millions de revenus», dit M. Grenier.

Pourquoi ne pas grandir? «Doubler la production ça donnerait quoi de plus? répond-il, amusé par la question. Je vis bien, je fais les voyages que je veux, les employés sont heureux. Et les sourires que l'on voit dans l'atelier, ça vaut de l'or.»

Croyez-le ou non, Kanuk ne vend qu'au Québec. Et Louis Grenier n'a pas l'intention de vendre ailleurs.

«J'ai été approché par des distributeurs, mais ça ne m'intéresse pas, dit-il. Un artisan ne fait pas un produit qui se vendra ailleurs.»

Ses manteaux, c'est dans la rue qu'il veut les retrouver. «Je veux voir le sourire des gens quand il fait froid et qu'ils ont leur Kanuk, dit-il. Ils sont faits un par un. Je veux les revoir un par un.»

PRINCIPALE VALEUR

Je n'ai pas de plan d'affaires. J'ai un plan de valeurs. Je veux que mes clients soient contents d'avoir échangé leur travail avec le mien. Pas juste

pendant une semaine. Pendant 10 ou 15 ans. En fait, aussi longtemps qu'ils

garderont leur Kanuk.

À RETENIR

Il ne faut jamais perdre le respect de son produit, de son travail, de ses employés et de ses clients pour des raisons de croissance.

L'obsession de la qualité est une seconde nature. Ici, on n'a personne dans le dos pour nous dire: plus vite, plus vite. On a quelqu'un qui nous dit : mieux, mieux.

La mondialisation nous met de la pression pour trouver nos matières. On est de plus en plus seul de notre gang. Les multinationales veulent des tissus moins chers.

Avant, on avait une proximité avec nos tisserands (Dominion Textile, Consoltex, etc.). Aujourd'hui, on doit faire affaire partout sur la planète pour trouver des tissus de qualité.

On se concentre sur la qualité, pas sur les coûts. Cinq cents de plus la verge de tissu, ça ne change rien pour nous, alors que c'est la fin du monde pour les manufacturiers à grande échelle.

Nos manteaux durent très longtemps. On a la chance que nos clients reviennent avec des membres de leurs familles ou avec leurs amis.