Pour contrer une concurrence implacable et pour rester dans le coup, la PME ETI Converting Equipment, de Boucherville, vient tout juste d'inaugurer une usine à Sonjiang, un quartier de haute technologie en banlieue de Shanghai, en Chine.

Pour contrer une concurrence implacable et pour rester dans le coup, la PME ETI Converting Equipment, de Boucherville, vient tout juste d'inaugurer une usine à Sonjiang, un quartier de haute technologie en banlieue de Shanghai, en Chine.

L'entreprise québécoise de 60 employés a révolutionné le secteur de l'imprimerie en inventant une machine à fabriquer des étiquettes autocollantes, connue sous le nom de Cohesio. Cette machine, qui intègre à la fois la colle et le silicone, a été brevetée et est entièrement conçue à Boucherville.

Or, malgré le fait qu'elle fasse économiser de l'argent à ses clients avec cet outil révolutionnaire qui vaut un million de dollars, la PME a de la difficulté à être compétitive face aux multinationales de l'imprimerie contre qui elle se bat.

«Notre machine à fabriquer des étiquettes nécessite l'achat de presses d'imprimerie, un produit que nous fabriquons aussi. Nos clients sont prêts à nous encourager en achetant nos deux produits, mais ça ne les intéresse pas de payer 30% plus cher pour notre presse d'imprimerie. En nous installant en Chine, nous serons en mesure d'offrir nos presses à un prix plus compétitif», explique François Bayzelon, président et fondateur de ETI Converting Equipment.

Partenaire chinois

La PME a dû investir plus d'un million dans cette aventure. Un entrepreneur chinois est partenaire du projet à hauteur de 20%.

En opération depuis la première semaine de septembre, la nouvelle usine de ETI emploie 30 personnes, tous des Chinois. Un représentant de l'entreprise québécoise est toutefois sur place.

La nouvelle usine servira uniquement à fabriquer des presses d'imprimerie. Quand la cadence sera bonne, les installations chinoises devraient produire une presse par mois. Pas question cependant d'y déménager l'assemblage de la Cohesio.

«L'usine en Chine n'affectera en rien nos opérations à Boucherville et n'enlèvera pas de travail à nos sous-traitants québécois», tient à préciser M. Bayzelon.

Le fait que le gouvernement chinois facture depuis six mois une taxe de 37% pour les presses d'imprimerie qui entrent sur son territoire a également fait pencher la balance.

À ce jour, près d'une soixantaine de machine Cohesio ont été vendues dans 17 pays, dont la Chine, où l'entreprise de Boucherville a conclu une entente avec le plus important producteur d'étiquettes autocollantes pour l'industrie de la bière. À noter que la Cohesio n'est pas assujettie à la taxe de 37%.

Offerte depuis 2001, la Cohesio a carrément bouleversé l'art de fabriquer les étiquettes autocollantes utilisées sur à peu près n'importe quel produit de consommation (bières, détergents, aliments de toutes sortes, produits pharmaceutiques, etc.).

Au lieu d'être dépendantes des multinationales qui fabriquent la surface cireuse et le papier autocollant qui s'y trouve (et sur lequel il faut ensuite imprimer), les entreprises qui achètent la Cohesio peuvent maintenant produire des étiquettes sur n'importe quel type de papier, ce qui abaisse les coûts et réduit le gaspillage, prétend François Bayzelon.

ETI Converting Equipment, dont les ventes flirtent avec les 15 millions, n'occupe que 1% du marché mondial de l'impression d'étiquettes, un marché évalué à quelques milliards de dollars, selon M. Bayzelon.

«Mais nous grugeons une partie des revenus des multinationales, dit-il. Nous nous attaquons à un gros morceau.»

ETI, qui signifie: équipement de transformation Imac, a été fondé en 1999, justement de concert avec la PME IMAC, située sur la Rive-Sud de Montréal. Mais devant les dépassements de coûts dans le processus de création de la Cohesio, IMAC a retiré ses billes.

Un des employés de l'endroit, Frédéric La Brie, a décidé de suivre François Bayzelon. Ils sont aujourd'hui les deux principaux actionnaires d'ETI Converting Equipment.

Par ailleurs, la PME vient de se lancer dans la création d'une nouvelle presse servomotorisée capable d'effectuer plusieurs type d'impressions, dont l'offset et la sérigraphie.

Le développement de cette presse polyvalente, qui jouit d'une garantie de prêt de la part d'Investissement Québec, nécessitera l'injection d'un million de dollars.