Quatre ans après avoir été annoncé en grande pompe par Hydro-Québec et le gouvernement de Jean Charest, le projet éolien de Skypower à Rivière-du-Loup n'a toujours pas levé de terre.

Quatre ans après avoir été annoncé en grande pompe par Hydro-Québec et le gouvernement de Jean Charest, le projet éolien de Skypower à Rivière-du-Loup n'a toujours pas levé de terre.

Et son promoteur torontois menace encore de plier bagage, à moins qu'Hydro renégocie à la hausse le prix d'achat de l'électricité qui serait produite par ses éoliennes.

C'est la deuxième fois que Skypower brandit la menace de remballer ses éoliennes et cette fois, l'entreprise a joint le geste à la parole. Des pales et des mâts ont été embarqués sur des camions-remorques, devant les caméras de la télévision locale et des manifestants en faveur du projet qui voulaient empêcher ce départ.

La manoeuvre n'a pas réussi à faire changer d'avis Hydro-Québec, qui refuse de renégocier ce contrat conclu de gré à gré (sans appel d'offres) en 2004. L'ancien président du conseil d'administration d'Hydro, André Bourbeau, était alors un des dirigeants de Skypower.

Chez Hydro, on affirme n'avoir aucune intention de renégocier le contrat conclu avec Skypower. «On n'a même eu aucun contact avec eux récemment», affirme le porte-parole Marc-Brian Chamberland.

Hydro est déjà occupée à intégrer à son réseau 3000 mégawatts d'énergie éolienne acquis par appel d'offres et un autre appel d'offres réservé aux municipalités et aux autochtones est sur le point d'être lancé. La société d'État est aussi aux prises avec des surplus à revendre sur les marchés extérieurs et même si elle ne le dit pas ouvertement, l'abandon du projet de Skypower ne la dérangerait pas du tout.

Dans la région, certains pensent autrement. «On souhaite que ça marche, c'est un gros projet avec beaucoup de retombées pour la région», dit Pierre Lévesque, de la chambre de commerce.

Selon lui, l'entreprise a déjà investi beaucoup d'argent dans le projet et il serait étonnant qu'elle abandonne la partie. «J'imagine que ça va se faire, mais je suis un optimiste», a-t-il ajouté.

Selon Skypower, 300 des 350 M$ prévus ont déjà été investis à Rivière-du-Loup.

Depuis 2004, le projet de Skypower a été modifié à plusieurs reprises. Le nombre d'éoliennes a dû être réduit de 134 à 114 et celles qui devaient être érigées en bordure du fleuve ont été déplacées pour calmer l'opposition des résidents et de la MRC.

C'était à l'été 2006. Skypower avait menacé d'abandonner son projet plutôt de le modifier, mais s'était ravisée après une intervention du ministre des Ressources naturelles d'alors, Pierre Corbeil.

Aujourd'hui, Skypower soutient que ces modifications et le retard qui s'est ensuivi ont considérablement réduit la rentabilité de son projet.

Le prix convenu avec Hydro, soit 5,7 cents le kilowattheure, ne permet pas au projet de 200 mégawatts d'être viable, a fait savoir la société dans un communiqué publié le 19 juin dernier.

Skypower voudrait obtenir un prix plus proche de celui qu'Hydro a accepté de payer au terme de son deuxième appel d'offres pour 2000 mégawatts, soit 10,5 cents le kilowattheure.

Skypower est une entreprise de Toronto contrôlée par la firme américaine Lehman Brothers. Skypower est aussi actionnaire de AAER, le fabricant d'éoliennes de Bromont.

PRIX DE L'ÉNERGIE ÉOLIENNE ACHETÉE PAR HYDRO-QUÉBEC

(par kWh, incluant le transport et l'équilibrage)

1er appel d'offres : 8,7 cents

2e appel d'offres : 10,5 cents

3e appel d'offres : 11,3 cents

(prix plafond)

Coût facturé au client : 7 cents