Les sociétés aériennes ont ajouté une nouvelle arme à leur arsenal de lutte contre la hausse dramatique des coûts du carburant : la lenteur.

Les sociétés aériennes ont ajouté une nouvelle arme à leur arsenal de lutte contre la hausse dramatique des coûts du carburant : la lenteur.

En réduisant légèrement la vitesse de leurs appareils, les pilotes peuvent économiser du carburant et alléger la facture énergétique de leurs patrons.

«La priorité, c'est d'arriver à l'heure, insiste la porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur. Mais lorsqu'on prend tout en considération, comme la vitesse des vents et les conditions météorologiques, et qu'on voit qu'on va arriver avant l'heure prévue, ce qui survient fréquemment, on peut réduire la vitesse, ce qui permet d'arriver à l'heure et d'économiser du carburant.»

Air Canada a implanté un nouveau programme de gestion de la consommation du carburant il y a un peu plus d'un an, en avril 2007. En un an, les différentes mesures mises en place ont permis d'économiser huit millions de kilogrammes de carburant.

«C'est très important aussi d'un point de vue environnemental», souligne Mme Arthur.

L'une de ces mesures, c'est la vitesse de croisière. La porte-parole d'Air Canada rappelle que les horaires sont bâtis de façon à tenir compte de facteurs qui pourraient retarder un vol, comme des délais au décollage ou de forts vents contraires. Lorsque tout va bien, on peut ralentir la vitesse.

«Nous allons regarder l'ensemble des horaires et voir, en tenant compte des contraintes commerciales, si nous pouvons les modifier pour peut-être réduire systématiquement la vitesse sur tous les vols», indique Mme Arthur.

Air Canada a mis en place bien d'autres mesures afin d'économiser le carburant, comme le fait de circuler au sol avec un seul moteur ou de limiter l'utilisation des moteurs pour ralentir et freiner l'appareil à l'atterrissage.

«On utilise davantage les freins, les volets ou la pleine longueur de la piste», explique Mme Arthur, avant de préciser que la sécurité demeure toujours au premier plan.

Le poids de l'appareil entre également en considération : les chariots de service sont plus légers qu'auparavant, on a remplacé les bouteilles d'alcool en verre par des bouteilles en plastique.

Le remplacement de vieux appareils par des appareils plus récents et plus économes joue également un rôle dans la consommation de carburant : pour un vol Toronto–Hong-Kong, le nouveau Boeing 777 consomme 15 % moins de carburant que les anciens appareils.

Air Canada espère ainsi accroître son efficacité énergétique de 25% entre 2006 et 2020.

Chez Air Transat, on a commencé à mettre en place un programme de gestion de carburant dès 2003. Ce programme comprend également une réduction de la vitesse de vol, lorsque la chose est possible.

«Nous utilisons un logiciel sophistiqué qui met à jour les données météo avec une fréquence accrue et qui permet d'optimiser le plan de vol», indique Jean-Michel Laberge, conseiller aux affaires publiques et aux communications à Transat.

Il soutient qu'Air Transat a été une des premières sociétés aériennes à n'utiliser qu'un seul moteur pour la circulation au sol. Et comme Air Canada, Air Transat surveille le poids de ses appareils.

«Tout ce qui est embarqué à bord est calculé pour optimiser la consommation de carburant», affirme M. Laberge.

Le transporteur porte également attention au positionnement du fret à l'intérieur de l'appareil, histoire de bien équilibrer le tout. «C'est une question d'aérodynamisme», rappelle le porte-parole de Transat.

On va jusqu'à inspecter de près la peinture des appareils. «Lorsqu'elle est écaillée, ça peut faire plus de friction dans l'atmosphère et avoir pour effet d'augmenter la consommation.»

Grâce à ces différentes mesures, Air Transat estime qu'un appareil consomme maintenant 5,5 % moins de carburant qu'en 2003.

Les autres transporteurs nord-américains ont également implanté des mesures d'économie de carburant. Le transporteur à rabais JetBlue a commencé à réduire la vitesse de ses appareils il y a deux ans, Southwest a adopté ce nouveau rythme il y a deux mois.

Northwest estime économiser 600 000 $ par année juste en allongeant de quatre minutes le temps de vol entre le continent et Hawaii.

Avec Associated Press