Pris de court par l'annonce, jeudi, de nouvelles fermetures d'usines dans le secteur forestier, le gouvernement de Jean Charest hausse le ton et reproche à AbitibiBowater d'avoir manqué de transparence.

Pris de court par l'annonce, jeudi, de nouvelles fermetures d'usines dans le secteur forestier, le gouvernement de Jean Charest hausse le ton et reproche à AbitibiBowater d'avoir manqué de transparence.

Le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, "sonne la fin de la récréation" et menace même de ne pas attribuer de volumes de bois à l'entreprise pour les cinq prochaines années tant que celle-ci n'aura pas rencontré le gouvernement pour discuter de la phase deux, déjà annoncée, de son plan de restructuration.

Transparence

"Il est hors de question qu'on attribue du bois pour des emplois qui ne se feront pas. Alors ils sont convoqués, on va les rencontrer et on va exiger plus de transparence et plus d'ouverture dans leur attitude face aux Québécois, face aux régions", a martelé le ministre Béchard, visiblement contrarié de n'avoir pas été mis au courant des fermetures d'usines, lui qui a rencontré les dirigeants de l'entreprise il y a une semaine.

Le ministre procédera dans les prochains jours à l'allocation des volumes de coupe aux entreprises du secteur forestier pour les cinq prochaines années.

"Je veux que ces gens-là sachent qu'il y a un gouvernement devant eux qui a l'intention de se tenir debout et de protéger nos ressources naturelles et de s'assurer que ça crée des jobs au Québec", a lancé le ministre à l'intention d'AbitibiBowater, un des plus gros joueurs au Québec de ce secteur en crise profonde.

L'entreprise a annoncé hier qu'elle mettait définitivement la clé sous la porte de l'usine Belgo, à Shawinigan, et qu'elle fermait temporairement celle de Donnacona.

Des usines ailleurs au Canada et aux États-Unis ferment aussi leurs portes.

Résultat: 1500 mises à pied, dont 700 au Québec. Mais ça ne s'arrête pas là puisque les dirigeants ont déjà annoncé qu'une deuxième phase de restructuration suivrait en 2008.

"Ils nous interpellent, eh bien, moi aussi, je les interpelle, parce que c'est tout le monde qui doit faire sa part", a indiqué M. Béchard, ajoutant attendre de l'entreprise "des propositions claires sur la table, pas juste des promesses qui ne se réaliseront peut-être pas et que, dans deux ou trois ans, les usines vont être fermées".

Le ministre des Ressources naturelles remet en cause l'argument avancé par AbitibiBowater selon lequel le prix de la fibre serait trop élevé, puisqu'il considère que les redevances ont considérablement baissé depuis 2006.

"Ça coûte 0,68$ le mètre cube, le feuillu à pâte, au Québec. Plus loin que ça, là, on va les payer pour qu'ils aillent le chercher", s'est-il insurgé.

Appui de Mario Dumont

Le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, a appuyé le gouvernement dans sa volonté de rappeler à l'ordre AbitibiBowater.

"Une compagnie de cette dimension à qui on concède par contrat la gestion, non pas la propriété, mais l'usage de nos ressources naturelles les plus précieuses doit se faire mettre au pas, a dit le chef de l'ADQ. On doit être certain que l'entreprise va avoir des règles du jeu extrêmement fermes pour l'obliger à se comporter comme un bon citoyen corporatif, même si ce n'est pas son premier réflexe."

L'opposition a critiqué la mauvaise gestion du gouvernement dans la crise forestière. L'ADQ a réclamé un plan d'urgence pour la ville de Shawinigan, particulièrement touchée avec la perte de 560 emplois. (La Presse)