Les autorités canadiennes évaluent si elles doivent ou non interdire la vente à découvert d'actions à la lumière de décisions semblables annoncées dans d'autres pays, dont les États-Unis, dans le but de calmer la crise sur les marchés financiers.

Les autorités canadiennes évaluent si elles doivent ou non interdire la vente à découvert d'actions à la lumière de décisions semblables annoncées dans d'autres pays, dont les États-Unis, dans le but de calmer la crise sur les marchés financiers.

Le patron de l'Autorité des marchés financiers du Québec a indiqué vendredi qu'une décision serait rendue relativement rapidement par les autorités canadiennes, mais il a refusé d'estimer à quel moment.

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont déjà suspendu temporairement la vente à découvert de titres financiers. Cette forme de transaction est rentable pour les investisseurs lorsque la valeur d'une action diminue, plutôt que lorsqu'elle grimpe.

Les observateurs du marché précisent que cette pratique n'est pas aussi répandue au Canada qu'elle ne l'est à Wall Street.

Jean St-Gelais a indiqué vendredi, lors d'une conférence à Montréal, que les autorités canadiennes tentaient d'abord de déterminer s'il y avait un problème avec la vente à découvert au pays, faisant remarquer que certaines techniques de ventes à découvert pratiquées aux États-Unis sont déjà interdites au Canada.

La U.S. Securities and Exchange Commission (SEC) a pris la décision de bannir temporairement la vente à découvert de 799 titres financiers. Le nouveau règlement est déjà en vigueur et le restera jusqu'au 2 octobre.

Les intermédiaires qui s'adonnent à la vente à découvert vendent à une tierce partie, au prix du marché, des actions qu'ils ont empruntées à leur courtier, dans l'espoir de les racheter plus tard à un prix inférieur.

Les vendeurs à découvert empochent alors la différence entre le cours de départ et le cours à la conclusion de la transaction, au remboursement du courtier. La pratique est risquée puisque le cours des actions au centre d'une pareille transaction peut monter plutôt que descendre.

La vente à découvert est cependant parfaitement légale qui augmente l'efficacité des marchés et y attire des capitaux. Mais vu l'effondrement des titres financiers ces derniers jours, certains cas d'abus ont été signalés, comme par exemple, la circulation de rumeurs fausses.

«La commission s'est engagée à utiliser toutes les outils à sa disposition pour combattre les manipulations du marché qui menacent les investisseurs et le marché financier», a dit le président de la SEC, Christopher Cox, qui a jugé que cette mesure permettrait de restaurer l'équilibre des marchés.

Vendredi matin, aucune information n'a circulé au sujet des intentions des autorités provinciales ou de l'Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM).

«Ce n'est pas à nous de décider», a dit Jean Charles Robillard, porte-parole du groupe TMX, qui opère la Bourse de Toronto ainsi que la Bourse de croissance TSX.

«Je sais que le OCRCVM est impliqué; je suppose qu'il parle aussi aux autorités réglementaires», a affirmé M. Robillard en milieu de matinée. «Mais ce n'est pas de notre ressort.»

La directrice des investissements de la firme Stone Asset Management, Chyanne Fyckes, affirme qu'il n'y a pas d'urgence à bannir la vente à découvert au Canada.

Elle note que la situation au Canada est compliquée davantage à cause de la présence de 13 commissions des valeurs mobilières provinciales et territoriales, plutôt que celle d'un seul gendarme des marchés comme c'est le cas aux États-Unis avec la SEC.

«Je crois que tout le monde est prêt à dire que le fait que nous n'ayons pas une seul autorité réglementaire nationale est un obstacle majeur», a-t-elle dit.

Le directeur de la compagnie torontoise Caldwell Securities, Tom Caldwell, a accueilli favorablement l'interdiction américaine mais a noté que les marchés canadiens ont toujours la soi-disant «uptick rule», une règle qui permet d'aider à contrôler la vente à découvert mais qui a été éliminé l'an dernier par la SEC.

Introduite par les autorités américaines en 1934, après l'effondrement des marchés bousiers, cette règle avait pour but d'empêcher les vendeurs à découvert d'accélérer une baisse des cours. Elle empêchait ainsi la vente à découvert lorsque la dernière offre était inférieure à la précédente. Mais la SEC l'a éliminé puisqu'elle pouvait être contournée à l'aide d'autres instruments financiers.

«Même avec beaucoup d'imagination, je ne crois pas que la vente à découvert est aussi répandue au Canada qu'elle ne l'est aux États-Unis», a affirmé M. Caldwell.