Par sa décision de sortir de la location, à compter de vendredi, GM Canada provoque toute une commotion dans le marché de l'automobile.

Par sa décision de sortir de la location, à compter de vendredi, GM Canada provoque toute une commotion dans le marché de l'automobile.

Des concurrents n'en reviennent pas encore de l'abandon d'un tel marché. Au Canada, la location représente 45% du marché de l'automobile comparativement à plus de 50% au Québec. La concurrence s'attend à une contre-offensive de GM [[|ticker sym='GM'|]].

«À court terme, c'est un choc pour le client», lance George Iny, président de l'APA (Association pour la protection de l'automobiliste).

«Ça va créer des perturbations. C'est assez catastrophique pour GM et les clients, qui vont y perdre», estime Jacques Duval, journaliste de l'automobile. «C'est terrible», réplique son collègue Éric Lefrançois, de La Presse. «La location a accru l'accès à l'auto», dit-il.

«Elle a fait tourner les usines depuis 15 ans», ajoute la porte-parole de CAA-Québec, Roxanne Héroux. «Que va-t-il arriver des Occasions en or sans GM», répond l'artiste Michel Barrette, porte-parole du groupe.

«GM se retrouve dans la merde. Ça fait pas son bonheur», estime Michel Rousseau, président sortant de la Corporation des concessionnaires du Québec et patron de Sherbrooke Toyota. Mais GM réplique en offrant l'achat à 0% sur 72 mois de la Pontiac Vibe, la jumelle de la Toyota Matrix louée à 4,5%, dit-il.

Stephen Beatty, directeur général de Toyota Canada, s'attend à de bonnes ventes d'ici la fin de 2008. Car Toyota [[|ticker sym='TM'|]] va continuer à offrir au client le choix de la location et de l'achat, avec une approche «agressive», des véhicules plus sobres et des prix canadiens qui ont baissé deux fois cette année par rapport aux américains. «Le client décidera», dit Stephen Beatty.

Ex-président de la Corporation des concessionnaires de Montréal et patron de Brault Ford, Jean-François Brault croit que Ford [[|ticker sym='F'|]] gagnera des clients même chez Chrysler (qui a majoré ses taux à la location et qui mise davantage sur la vente). «Ford va aller chercher des clients de GM et Chrysler, qui ne paieront ainsi que 60% de leurs véhicules loués», dit-il.

Norman Hébert, président du Groupe Park Avenue (une dizaine de concessions de véhicules d'Asie et d'Europe) évalue que la location occupe 55% du marché au Québec. «Celui qui offre le choix va gagner. GM va répliquer, car la concurrence est féroce. Ça va accélérer les affaires des Toyota Yaris, Honda Civic et Nissan Versa. Même les Américains les découvrent», souligne Norman Hébert.

«Ça ne se peut pas de laisser tomber la location comme ça», déclare Félix Lambert, à la tête du Groupe Casavant (Honda, Acura, Hyundai), de Saint-Hyacinthe. «C'est un coup dur pour GM. Le client du Québec cherche un paiement, pas seulement les jeunes.»

GM règle ainsi son problème des grosses pertes à la fin des contrats de location sur les gros véhicules depuis un an et le constructeur impose une tendance aux deux autres américains, sinon à l'industrie, estime l'économiste de Scotia Capital, Carlos Gomez.

«Le client moyen n'acceptera pas des menottes pour six ans (à l'achat)», estime George Iny de l'APA.

Le CAA-Québec ne voit «rien de dramatique pour l'instant, ce n'est pas l'apocalypse, mais si le client n'avait plus le choix entre la location ou l'achat dans le réseau de concessionnaires, ce serait malheureux».

«GM devra faire des efforts pour garder ses clients», concède Jean-Claude Gravel, président du Groupe Gravel, qui demeure optimiste pour ses affaires. «J'ai un outil de vente plus percutant. Les autres constructeurs vont suivre parce que ça coûtera moins cher.»

«GM Canada va offrir la location, mais à des taux non subventionnés» (plus élevés), réplique le porte-parole, Stew Low. Les taux à l'achat seront beaucoup plus attirants, comme ceux de Chrysler. «GM va tout faire pour empêcher les affaires de baisser», assure-t-il.