Face à l'envolée des prix des carburants aux États-Unis, des employeurs cherchent à réduire le temps de transport de leur personnel en réorganisant leur travail.

Face à l'envolée des prix des carburants aux États-Unis, des employeurs cherchent à réduire le temps de transport de leur personnel en réorganisant leur travail.

Des entreprises aussi différentes que des hôtels, des banques ou des fabricants de clubs de golf offrent de l'essence pour attirer le client.

Pour réduire le budget transport de leurs employés, certaines entreprises remettent en question le modèle traditionnel des cinq jours hebdomadaires de bureau.

Le but est de permettre aux salariés de travailler chez eux ou de passer à une semaine de travail de quatre jours.

Le président de la Chambre des représentants de Géorgie, Glenn Richardson, donnera à ses employés la possibilité de télétravailler un jour par semaine cet été.

Pour Brent Cranfield, du service des télécommunications, cela représente une économie de 25 $ US par mois sur ses trajets quotidiens d'une trentaine de kilomètres entre la ville de banlieue Marietta, où il réside, et le centre-ville d'Atlanta.

Le télétravail a gagné du terrain ces dernières années avec les progrès de la vidéoconférence, la messagerie instantanée et autres outils modernes de communication.

Selon Chuck Wilsker, de la Coalition télétravail, son développement s'est accéléré aux États-Unis après une hausse des prix des carburants en 2005 consécutive au passage dévastateur du cyclone Katrina.

Plus de 26 millions d'Américains travaillent aujourd'hui de chez eux au moins certains jours, soit 18% du nombre total de salariés dans le pays, selon la Coalition.

Des entreprises, dont de grandes firmes comme Sun Microsystems et IBM, ont recours depuis longtemps à cette pratique, habituellement pour réduire leurs coûts de fonctionnement et satisfaire les employés.

Chez IBM, on souligne que la hausse de l'essence renforce la popularité du télétravail auprès des salariés. Andrea Ayers, présidente du service clientèle de la société de facturation Convergys, souligne que les employés les plus anciens manifestent un intérêt accru pour le télétravail afin d'économiser du temps et de l'argent.

Le secteur public n'est pas oublié. La Chambre des représentants des États-Unis vient ainsi d'approuver une loi qui doit permettre aux travailleurs qualifiés de chaque agence fédérale de travailler de leur domicile.

Un des arguments avancés pour cette disposition est la hausse du coût de l'essence.

Les économies réalisées peuvent être substantielles. Selon Sun Microsystems, basé à Santa Clara (Californie), ses employés qui choisissent de travailler de chez eux ou au bureau le plus proche évitent d'acheter 135 gallons (500 litres) d'essence par an, soit au prix de 4 $ le gallon une économie de 540 $ US.

Des millions d'Américains ne peuvent travailler à leur domicile car leur emploi nécessite leur présence dans un lieu précis, comme les serveurs, ouvriers en bâtiment, jardiniers ou encore les personnels hospitaliers. Certaines entreprises mettent en place des programmes à leur intention, qui vont du covoiturage au partage de vélos.

Une autre option consiste à passer à quatre journées de travail hebdomadaires d'une durée de dix heures chacune. La semaine de travail «condensée» est la formule la plus populaire auprès des entreprises qui tentent de réduire les coûts de transport de leurs salariés, selon une récente étude du cabinet Challenger, Gray & Christmas.

Par ailleurs, l'«essence gratuite» devient un argument de vente. La société Callaway Golf, qui fabrique des clubs de golf, offre ainsi des bons d'essence valant jusqu'à 100 $ US pour l'achat de certains articles.

Les clients qui réservent trois nuits d'hôtel par le site hotels.com reçoivent eux des bons de 50 $ US, et la TCF Bank, basée à Wayzata (Minnesota), propose le même cadeau à ceux qui ouvrent un compte chez elle.

Ces offres devraient se multiplier sur le court terme mais le phénomène devrait s'estomper d'ici la fin de l'été, prédit Baohong Sun, professeur de marketing de l'université Carnegie Mellon.

Pour l'instant, la technique est efficace, et certaines entreprises, comme les hôtels, ont découvert que les clients arrivés en voiture étaient particulièrement séduits par l'idée d'un plein gratuit.