Comment déterminer le tarif du kilomètre remboursé aux utilisateurs de véhicules personnels pour le boulot?

Comment déterminer le tarif du kilomètre remboursé aux utilisateurs de véhicules personnels pour le boulot?

Et qui y a droit? Une centaine d'organisations ont réglé ce casse-tête - et foire d'empoigne dans bien des cas - en utilisant le parc de la société d'autopartage Communauto.

Il y a plusieurs mois, l'architecte Pierre Delisle a fait le constat qu'aucun membre de son équipe, lui compris, n'avait accès en tout temps à un véhicule.

Certains négociaient à la pièce avec leur conjoint ou conjointe l'utilisation de leur auto. D'autres, par choix, n'en avaient pas.

Leur statut de «sans-auto» ne les empêchait pas de réaliser des mandats comme l'agrandissement du marché Jean-Talon, à quelques stations de métro de leurs bureaux du Plateau-Mont-Royal.

Mais s'ils devaient se rendre à Mirabel, à Joliette ou dans des secteurs de l'île de Montréal mal desservis en transports en commun, ils avaient un sérieux problème.

Pierre Delisle a choisi de le régler avec Communauto. Les sept membres de l'équipe ont, depuis, accès aux 700 véhicules de son parc. Ils peuvent aller les cueillir dans une des quatre stations situées à moins de 10 minutes de marche du bureau.

«Pour une petite entreprise, cette formule permet d'offrir des véhicules d'affaires sans se compliquer la vie. Ça évite les chicanes autour du prix du kilométrage et ça me permet d'embaucher des gens qui n'ont pas d'auto sans les obliger à en acheter une», dit-il.

«En plus de correspondre à nos valeurs écologiques, ce service est inférieur de 8 à 10 cents du kilomètre aux tarifs moyens remboursés par les entreprises», ajoute-t-il.

L'architecte note, malgré tout, quelques inconvénients. «Il faut planifier ses déplacements à l'avance et certains de nos clients se plaignent parce que nos bureaux n'ont pas de stationnement. Ils se résignent toutefois à utiliser les parcomètres», résume-t-il.

Communauto compte 13 800 adhérents au Québec, en majorité des particuliers. Elle dessert Montréal et sa région, Québec, Sherbrooke et Gatineau et vient de conclure une entente de réciprocité avec sa semblable à Ottawa, Vrtucar.

En novembre 2007, Communauto lançait «officiellement» son service aux entreprises. Quelque 90 organisations publiques, privées et communautaires pratiquaient déjà l'autopartage. Une dizaine de nouveaux membres corporatifs se sont ajoutés depuis trois mois.

Alors que les particuliers utilisent surtout les autos en soirée et les fins de semaine, ces clients roulent surtout en semaine, du lundi au vendredi.

«Nous avons maintenant la capacité logistique d'étendre cette offre à large échelle aux entreprises», explique Marco Viviani, directeur des communications de Communauto.

En ouvrant ainsi les vannes, cette société a établi une grille tarifaire pour les entreprises et ajouté 11 nouvelles stations dans le centre-ville de Montréal, en collaboration avec SITQ - une filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec -, le gestionnaire de stationnements Gestiparc et l'arrondissement Ville-Marie.

Des places hors rue réservées aux véhicules de Communauto sont maintenant offertes par SITQ et Gestiparc au Centre de commerce mondial, aux 1981 et 2001, McGill et au Square-Victoria. De son côté, l'arrondissement de Ville-Marie a créé des places sur rue sur Sherbrooke, de la Commune et Brennan ainsi qu'au square Dorchester.

«Ces ajouts servent à la fois les citoyens et les entreprises. Notre collaboration au développement du réseau s'inscrit dans le plan de développement durable de l'arrondissement», souligne son chargé de communications, Jacques-Alain Lavallée.

Selon Marco Viviani, les clients commerciaux protègent l'environnement tout en réalisant des économies.

«Ils n'ont pas à acquérir et à entretenir une flotte. Les coûts au kilomètre sont inférieurs aux taux de remboursement en vigueur dans la majorité des organisations et ils n'ont pas à gérer ces indemnités», note-t-il.

Jalousie!

L'agence de placement et de recrutement Adecco est cliente de Communauto depuis longtemps.

Ses véhicules font partie du cocktail-transport de Coralie Rinquin, responsable du développement des affaires au bureau de la Place Bonaventure. En plus du centre-ville, son territoire comprend l'arrondissement de Saint-Laurent et Montréal-Est.

«Ça demande un peu plus d'organisation, mais pour le reste, c'est tellement facile! Je ne cherche jamais de place de stationnement au centre-ville puisque je vais dans les stations. La réservation en ligne est simple et efficace. Les autos sont propres et en bon état», témoigne-t-elle.

En quatre ans d'utilisation, elle a pratiquement toujours eu accès à un véhicule.

«S'il n'y en a pas tout près du bureau, je fais une ou deux stations de métro et j'en ai une. Pour les urgences, je prends des taxis», dit-elle.

Son enthousiasme a récemment rayonné. Sa voisine, jalouse de ses autos neuves de toutes les couleurs, a décidé de vendre la sienne.