Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a estimé lundi que la crise financière actuelle devrait être moins grave que celle de 1929, même s'il faut se garder d'un «excès de confiance», et il a minimisé les risques à court terme d'effondrement du système financier mondial.

Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a estimé lundi que la crise financière actuelle devrait être moins grave que celle de 1929, même s'il faut se garder d'un «excès de confiance», et il a minimisé les risques à court terme d'effondrement du système financier mondial.

«On peut bien sûr se tromper mais le point de vue général est que nous disposons aujourd'hui d'outils en matière de politique fiscale et monétaire pour éviter une autre Grande dépression», a-t-il déclaré à l'AFP.

Toutefois «la connaissance ne se traduit pas toujours en pratique», a-t-il relevé, rappelant qu'en 1998, «le Fonds monétaire international (FMI) savait comment empêcher l'Indonésie de tomber en dépression économique, mais il a en réalité pris des mesures qui l'ont fait tomber en dépression».

Le prix Nobel d'Economie 2001 réagissait aux propos d'Alan Greenspan, l'ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a affirmé que la crise actuelle était «un événement qui se produit une fois tous les cinquante ans, probablement une fois par siècle».

Pour M. Stiglitz, la situation devrait continuer à se détériorer sur les marchés financiers et sur le marché immobilier, mais la mondialisation joue à ses yeux un rôle d'amortisseur.

«Il est probable» que la crise actuelle va déboucher sur «un fort ralentissement» à l'échelle mondiale, mais pas sur «une vraie crise qui verrait un grand nombre d'institutions financières tomber en faillite», a-t-il poursuivi.

La crise «est en train de se diffuser» à l'international, mais si les États-Unis avaient dû «absorber toutes les pertes» liées aux «subprime», les crédits à risque américains, le pays serait «dans une situation bien pire», a-t-il encore noté.

M. Stiglitz a par ailleurs ironisé sur les commentaires de M. Greenspan, jugeant «tout à fait remarquable» que ce dernier ne reconnaisse pas qu'il était «largement responsable» de la situation actuelle et du «manque de réglementation» financière qui a sévi pendant qu'il dirigeait la Fed.

Il a relativisé les risques de paralysie du système financier américain liés à la mise en faillite de Lehman Brothers, estimant que «la Fed et le Trésor américain ont pesé les risques avant de décider de ne pas renflouer» la banque d'affaires américaine.

«Nous pouvons donc avoir confiance dans le fait qu'il n'y ait pas de risque systémique à court terme», a-t-il affirmé, tout en critiquant la décision «arbitraire» des autorités américaines d'avoir secouru la banque Bear Stearns au mois de mars et pas Lehman Brothers.