Les Jean Coutu et Shoppers-Pharmaprix ont déjà transformé les pharmacies en magasins généraux et leur valeur a plus que doublé, mais les professionnels de la santé doivent passer à une nouvelle mutation commerciale, comme l'ont fait les épiciers et les quincailliers.

Les Jean Coutu et Shoppers-Pharmaprix ont déjà transformé les pharmacies en magasins généraux et leur valeur a plus que doublé, mais les professionnels de la santé doivent passer à une nouvelle mutation commerciale, comme l'ont fait les épiciers et les quincailliers.

Des experts s'entendent là-dessus, dont le professeur Jacques Nantel, de HEC Montréal, l'ex-président de la SAQ, Gaétan Frigon, et le fondateur d'Essaim (Proxim), Guy-M. Papillon.

Des pharmaciens indépendants résistent encore, par contre, comme l'indique le vote partagé sur la vente de la chaîne Proxim au grossiste McKesson, au début du mois.

De leur côté, les pharmaciens propriétaires d'Uniprix en débattent encore, lors de plusieurs réunions, confirment certains d'entre eux. Le vote n'a pas encore été convoqué. Si McKesson lorgne aussi Uniprix, la grande chaîne soulève également l'intérêt des concurrents Metro-Brunet, de Montréal, et Katz, d'Edmonton.

Toute cette ébullition peut contribuer au bond de la valeur des pharmacies, qui renverse encore Guy-M. Papillon. Leur prix de vente, en cinq ans, est passé de 15$ ou 20$ de la prescription traitée à 40$ ou 60$, souligne-t-il. Ainsi, la pharmacie avec 100 000 ordonnances par année se vendra 5 millions de dollars.

Le pharmacien diplômé, qui seul peut posséder une pharmacie au Québec, doit bien sûr trouver de l'aide pour se financer et rentabiliser son entreprise grâce à une gestion hors pair. Des groupes de pharmaciens indépendants ont créé leur bannière et s'associent à des grossistes aux poches profondes.

Les pharmaciens de Proxim viennent de toucher leur chèque, après la vente de leur bannière à McKesson, après un rendement de 30 à 40 fois leur investissement, précise Guy Papillon. Des millionnaires ont salué le fondateur qui leur a montré la voie.

En 1996 et encore en mars 2003, Guy Papillon a tenté sans succès de fusionner les chaînes de pharmaciens indépendants. Si le mariage d'Essaim et d'Uniprix a été annoncé, il a malgré tout fini par échouer, mais sur le perron de l'église, le 30 juin 2003. Guy Papillon n'a pas trouvé la dot d'Uniprix à la hauteur.

Depuis, «le marché a bien changé... Ce n'est pas une mauvaise idée de vendre Proxim à McKesson» ou éventuellement Uniprix, déclare Guy Papillon, pour affronter les autres chaînes qui, toutes, possèdent leur grossiste. «Le pharmacien ne peut commander ses couches à l'unité et préparer sa circulaire.» Ça limitera par ailleurs le maraudage dans les rangs, dit-il. Des Uniprix sont devenus des Pharmaprix ou Jean Coutu récemment.

«McKesson (ex-Pharmacies Universelles et Médis) a toujours été d'un soutien moral et financier exemplaire. Proxim vient de réaliser un grand rêve», ajoute Guy Papillon. Uniprix profite d'ailleurs déjà d'avances de fonds de son grossiste McKesson depuis un an, affirment des sources. «C'est de la régie interne», réplique le porte-parole d'Uniprix, Pierre Gince.

Familiprix deviendrait ainsi la seule chaîne de pharmaciens indépendants, mais qui possède son grossiste, note le chef de la direction, Claude Gariépy.

Par contre, les Familiprix doivent réinvestir dans la beauté et santé, a dit Gaétan Frigon à leur tribune récemment.

Cela attire des clients pour les médicaments. «Les cosmétiques sont à la pharmacie ce que sont la boulangerie et la poissonnerie au supermarché», selon Gaétan Frigon.