Industrie Canada n'apprécie pas l'enthousiasme de certains gagnants de l'enchère sans fil terminée lundi.

Industrie Canada n'apprécie pas l'enthousiasme de certains gagnants de l'enchère sans fil terminée lundi.

Le Ministère a demandé à Globalive Wireless LP, qui ambitionne de devenir un fournisseur national, de cesser d'accorder des entrevues au cours des prochaines semaines, a appris La Presse Affaires.

Selon les règles édictées par Industrie Canada, les 15 sociétés qui ont remporté des licences sans fil n'ont pas le droit de communiquer entre elles pendant les 30 jours suivant la fin de l'enchère, pour des raisons de concurrence.

Il semble que les commentaires faits lundi dans les médias par le président de Globalive, Anthony Lacavera, aient été assimilés à une forme d'échange indirect.

«Je suppose qu'il (le Ministère) peut penser que, lorsqu'une personne est citée dans les médias, ça lui permet de communiquer avec les autres entreprises», a indiqué Lindsay Mattick Davidson, porte-parole de l'entreprise, pendant un entretien téléphonique.

Il faut dire que l'enjeu est considérable. Les entreprises retenues au terme de l'enchère ont allongé près de 4,3 milliards de dollars pour mettre la main sur de nouvelles licences sans fil. Plusieurs pourraient former des alliances après la période de silence de 30 jours, pour concurrencer les géants Bell, Rogers et Telus. Tout ça en vue d'offrir plus de choix - et éventuellement de meilleurs prix - aux consommateurs.

Divers scénarios sont dans l'air. Mais déjà, plusieurs analystes estiment que Globalive est en bonne posture pour devenir un acteur important.

L'entreprise torontoise, surtout connue pour sa filiale Yak communications, a réussi à obtenir des licences partout au pays, à l'exception du Québec. L'investissement de 442 millions a été rendu possible grâce à la participation de ses partenaires étrangers, dont le géant égyptien Orascom Telecom.

Globalive devra injecter environ 2 milliards pour bâtir son réseau, estime l'analyste Dvai Ghose, de Genuity Capital Markets. Les embûches risquent d'être nombreuses, explique-t-il, entre autres parce que la marque est inconnue du public.

Globalive a toutefois un atout majeur dans sa manche selon l'analyste: les contacts et l'expertise de son partenaire égyptien partout dans le monde.

Orascom exploite déjà des réseaux sans fil en Tunisie, en Algérie, au Pakistan, en Égypte, au Zimbabwe, et possède même une licence en Corée-du-Nord! Le groupe compte 74 millions de clients, qui lui procurent de copieux revenus malgré la pauvreté relative des marchés qu'il dessert.

Contenu canadien

Orascom jouit aussi d'une relation privilégiée avec les fournisseurs d'équipements de télécoms. Ce qui pourrait permettre à Globalive de bâtir son réseau à bon prix, croit M. Ghose. «Ils sont les plus gros clients d'Alcatel-Lucent dans le monde.»

En dépit des grandes ambitions de Globalive, certains doutent que le groupe respecte les exigences d'Industrie Canada en matière de propriété et de contrôle. Les règles stipulent notamment que 53,3% des actions avec droit de vote doivent être détenues par des Canadiens.

Le dossier de DAVE Wireless, un consortium formé par l'homme d'affaires canadien John Bitove et deux fonds d'investissement américains, sera sans doute lui aussi étudié de près par Industrie Canada.

Le gouvernement a donné 30 jours aux entreprises pour prouver qu'elles satisfont aux exigences de propriété canadienne. La vérification risque de prendre «plusieurs mois», a averti Industrie Canada dans un communiqué, lundi.

Parmi les autres récipiendaires de licences, on compte Quebecor Media inc., qui en a décroché 17 au Québec et à Toronto au coût de 555 millions.