Michel Bachand s'affairait à déguster un à un les grains de fromage de sa poutine, à la salle à manger du club de golf Venise. «En Californie, on n'a pas cela... malheureusement», a-t-il déploré en avant d'avaler la dernière bouchée.

Michel Bachand s'affairait à déguster un à un les grains de fromage de sa poutine, à la salle à manger du club de golf Venise. «En Californie, on n'a pas cela... malheureusement», a-t-il déploré en avant d'avaler la dernière bouchée.

Quelques minutes plus tard, Michel Bachand avait rendez-vous pour sa deuxième ronde de 18 trous de la journée et ce fameux match annuel avec trois copains d'enfance.

Au moins une fois par année, Michel Bachand, qui a grandi à Magog, revient passer quelques semaines en région pour voir la famille et jouer au golf avec ses amis de toujours.

C'est d'ailleurs cette passion pour le golf qui l'a conduit à Silicon Valley, au sud de la baie de San Francisco, devenu aujourd'hui le pôle des industries de pointe en Amérique du Nord. C'est là que sont notamment réunis des géants de l'informatique, comme Microsoft et Oracle.

300 CV

Michel Bachand est devenu l'un des cerveaux du géant technologique Oracle, éditeur de logiciels professionnels en informatique, et numéro 2 mondial derrière Microsoft. À 43 ans, il est aujourd'hui l'ingénieur senior responsable du logiciel de développement J (langage Java) chez Oracle.

Que de chemin parcouru pour ce mordu de l'informatique qui rêvait d'abord de s'expatrier dans le sud des Etats-Unis pour avoir la chance de jouer au golf à l'année longue.

«J'avais une entente avec ma blonde: nous aurions notre premier enfant au Québec, après quoi je me mettais activement à la recherche d'un emploi aux États-Unis. Et dans ma tête, il était clair que ce serait dans une région où je pourrais jouer au golf à l'année. Moi, je me morfonds au Québec pendant l'hiver», confie Michel Bachand.

Karel vient à peine de naître que son père, à l'emploi de la firme sherbrookoise Cisca Informatique depuis six ans, achemine 300 CV à des compagnies états-uniennes... du sud. L'une d'entre elles, campée à San Ramon, à 40 minutes de voiture de Silicon Valley, demande immédiatement à le rencontrer. Le 2 janvier 1995, c'est le grand départ pour la Californie.

Quinze années ont passé et la petite famille de Michel Bachand et Christine Langlois, qui compte aujourd'hui deux enfants, Karel, 14 ans, et Naoemie, 9 ans, est installée en Californie pour y rester.

«La qualité de vie est très belle là-bas... sur 12 mois», mentionne le père de famille, sourire en coin.

Vieil ordi

Difficile également de quitter la Mecque de l'industrie des logiciels informatiques quand on sait les salaires faramineux qui y sont versés.

Dire que c'est à cause d'un vieil ordinateur que son père a ramené un jour à la maison, après que la compagnie pour laquelle il travaillait eut fermé ses portes, que Michel Bachand s'est passionné pour l'informatique.

«C'était un vieux Phillips qui devait bien avoir cinq pieds de large, rappelle-t-il en riant. Il fallait s'y mettre à deux pour le déplacer. Et c'était bruyant! Cette machine m'a intrigué et c'est là-dessus que j'ai conçu mes premiers programmes.»

La piqûre fut telle que Michel Bachand est allé parfaire ses connaissances en informatique au Collège Champlain de Lennoxville. On connaît la suite.

Reste que si on lui donnait le choix, ce n'est pas dans le monde des logiciels informatiques que Michel Bachand gagnerait sa vie, mais bien dans le golf, sa passion première, lui qui possède une marge erreur de deux coups.

«Mon rêve, c'est de jouer au golf le plus souvent possible, de posséder ma petite école de golf et développer de jeunes joueurs. J'espère pourvoir prendre une préretraite pour pouvoir mettre mon projet à exécution», explique-t-il.

Et c'est pour quand?

«Être riche, je serais déjà à la retraite, assure-t-il. J'ai toujours rêvé d'être libre le plus vite possible.»

Ça ne devrait plus tellement tarder maintenant...