Dans la course mondiale aux talents, Montréal doit faire des gains pour soutenir sa croissance dans les secteurs de pointe.

Dans la course mondiale aux talents, Montréal doit faire des gains pour soutenir sa croissance dans les secteurs de pointe.

Outre les investissements étrangers, le président-directeur général de Montréal International, André Gamache, ajoute donc le démarchage auprès de travailleurs qualifiés intéressés à s'établir dans un autre pays. Il courtise notamment 15 000 d'entre eux qui occupent déjà des postes importants à Montréal, mais sur une base temporaire.

Un plus grand nombre de spécialistes internationaux devraient par ailleurs voir Montréal comme «un lieu de passage de choix», un tremplin dans leur carrière, explique André Gamache à La Presse Affaires, après un discours devant les Manufacturiers et exportateurs du Québec.

Montréal n'est-elle pas une des grandes capitales mondiales de l'aéronautique, des technologies et des sciences de la vie grâce aux Bombardier, CGI, Ubisoft et aux pharmaceutiques?

André Gamache veut démontrer que «c'est à Montréal que ça passe» autant qu'à Seattle, Toulouse, la Californie ou Boston. «Dans les jeux vidéo, Montréal est devenue la référence mondiale», assure-t-il.

Une fois installés à Montréal, plusieurs de ces travailleurs qualifiés pourraient prolonger leur séjour et attirer de la sorte d'autres talents, explique André Gamache.

Parmi les spécialistes internationaux que les secteurs de pointe de Montréal attirent, il y a toujours, bon an, mal an, 15 000 immigrants temporaires avec des permis de séjour de trois ans.

André Gamache déplore que «seulement de 1000 à 2000 de ces travailleurs de passage restent à Montréal», même s'ils occupent des postes de choix, parlent français et ont leur famille ici. Cette main-d'oeuvre quitte souvent Montréal à cause de la bureaucratie avec laquelle on doit composer pour obtenir la citoyenneté canadienne. André Gamache «travaille déjà avec le gouvernement pour simplifier tout ça».

«Dans l'aérospatiale et les technologies de l'information et des communications, il y a pénurie de main-d'oeuvre spécialisée. Cet enjeu du personnel qualifié est généralisé dans les pays développés et commence même à affecter les autres, dont la Chine. C'est la course internationale aux talents», dit-il.

«La croissance fulgurante de plusieurs pays d'Asie leur fait découvrir que leur système d'éducation ne parvient pas à former la main-d'oeuvre au rythme des besoins croissants. Montréal par contre, une région de haut savoir de calibre mondial, possède un avantage considérable», souligne André Gamache.

«Le monde est à un tournant, des occasions se dessinent, mais Montréal ne court pas encore assez vite, ajoute-t-il. Au final, ce sont les pôles les plus performants qui attirent les meilleurs talents et les investissements. Montréal compte 70 organisations internationales, dont l'OACI (Organisation de l'aviation civile internationale) et 1250 filiales de sociétés étrangères. En sept ans, Montréal International a contribué à attirer 6,3 milliards d'investissements étrangers qui ont créé 31 500 emplois.»

À court terme, Montréal International doit pourtant défendre son rôle, car Ottawa veut sabrer 22% de son budget de 8 millions. Jean-Pierre Blackburn, ministre fédéral responsable de Développement économique Canada au Québec, ne veut plus financer que des projets précis, mais André Gamache garde quand même espoir d'arriver à un accord avec lui.