Claude Boisvenue, l'ancien conseiller en placements des médecins, avocats et autres professionnels nantis, est poursuivi au civil par la firme comptable KPMG.

Claude Boisvenue, l'ancien conseiller en placements des médecins, avocats et autres professionnels nantis, est poursuivi au civil par la firme comptable KPMG.

Cette firme reproche à M. Boisvenue ses transactions de 4,3 millions de dollars avec Vincent Lacroix en août 2004, puis ses décisions comme gestionnaire de portefeuille chez Norbourg durant l'année précédant la déconfiture de Norbourg.

KPMG reproche à M. Boisvenue de s'être mis en conflit d'intérêts et d'avoir fait preuve de «grossière négligence» dans ses fonctions de gestionnaire de portefeuille, se rendant ainsi responsable d'une partie des dommages causés aux investisseurs floués de Norbourg.

KPMG a vérifié et approuvé les états financiers d'une partie des fonds communs de Norbourg en 2004. Si KPMG poursuit maintenant M. Boisvenue, c'est parce qu'elle est elle-même poursuivie en recours collectif pour 130 millions avec d'autres défendeurs par un groupe d'investisseurs floués dans le scandale Norbourg, explique-t-elle dans sa poursuite.

La part de dommages réclamés à KPMG est de 22 millions, dans le procès en recours collectif qui doit commencer bientôt. KPMG poursuit M. Boisvenue au cas où elle soit condamnée à payer des dommages aux actionnaires. La poursuite a été déposée le 25 août dernier, date limite pour intenter des recours civil.

Durant les années 90, M. Boisvenue avait notamment fondé Services financiers Dr et Investissement Spa. Par ses entreprises, il gérait des fonds communs destinés à sa clientèle de médecins et professionnels. En août 2004, M. Boisvenue a vendu ses entreprises pour 4,3 millions à Norbourg et s'est joint à l'équipe de M. Lacroix à titre de gestionnaire de portefeuille chez Norbourg, rappelle la poursuite.

Les fonds communs Services financiers Dr, créés par M. Boisvenue, ont été rebaptisés Fonds Perfolio une fois vendus à Norbourg.

Une entente «secrète»

KPMG reproche à M. Boisvenue d'avoir convenu avec M. Lacroix de transférer dans les fonds Norbourg 25% des actifs des fonds Services financiers Dr, ceux-là même que M. Boisvenue a vendu à Norbourg en août 2004 et qu'il a continué de gérer comme employé de Norbourg. Ces fonds auraient ainsi pu être siphonné plus facilement par M. Lacroix.

Rappelons que M. Lacroix est accusé de fraude au criminel et qu'on lui reproche d'avoir monté un stratagème lui permettant de siphonner les fonds Norbourg pour son usage personnel. M. Lacroix a déjà été condamné dans un procès pénal et qu'il purge une peine de huit ans de prison.

L'«entente secrète» alléguée par KPMG «était illégale et conclue en violation des règles visant la protection des intérêts des investisseurs», peut-on lire dans la poursuite.

Il faut dire que KPMG base cette partie de sa poursuite sur des déclarations du controversé Éric Asselin, bras droit de M. Lacroix chez Norbourg.

Joint chez lui hier soir, M. Boisvenue a indiqué ne pas être au courant de la poursuite contre lui. Après un bref résumé des allégations de KPMG, M. Boisvenue n'a pas fait de commentaires spécifiques, mais il a fait une déclaration générale au sujet de la vente à Norbourg et de ses décisions subséquentes comme gestionnaire de portefeuille: «Si j'avais su ce que l'argent de mes clients allait être mis à risque, jamais je ne l'aurais mis là-dedans, a-t-il dit. On s'est fait fourrer.»

M. Boisvenue a ajouté qu'aucun de ses anciens clients ne lui a demandé de le compenser à partir des 4,3 millions qu'il a reçu de Norbourg. M. Boisvenue n'est pas poursuivi dans le recours collectif qui vise KPMG, l'Autorité des marchés financiers, Northern Trust, Vincent Lacroix et d'autres firmes et personnes.

L'épouse et partenaire d'affaires de M, Boisvenue, Francine Couillard, est également poursuivie par KPMG. Tout comme le syndic Gilles Robillard, de RSM-Richter, en sa qualité de fiduciaire et liquidateur des restes de Norbourg.