Tout vient à point à qui sait attendre. Ce proverbe illustre bien le cas de Brigitte Galarneau, présidente de la PME Sherpa.

Tout vient à point à qui sait attendre. Ce proverbe illustre bien le cas de Brigitte Galarneau, présidente de la PME Sherpa.

Le jour où ses principaux clients l'ont laissée tomber pour s'approvisionner en Asie, la jeune femme d'affaires a vu ses ventes chuter de moitié. Elle aurait pu facilement tout abandonner. Mais son entêtement et sa détermination lui ont fait décider autre chose.

Aujourd'hui, Sherpa est l'un des rares fabricants d'équipements de plein air qui confectionne tous ses produits au Québec. L'entreprise prévoit doubler ses ventes (actuellement sous la barre des 500 000$) d'ici deux ans.

Ce qui avait donné naissance à Sherpa en 1999, la confection de sacs de couchage, a bien failli causer sa perte. De 1999 à 2002, plusieurs magasins de plein air offraient leur propre marque de sacs de couchage.

La plupart d'entre eux les faisaient fabriquer par Brigitte Galarneau et son équipe. Mais du jour au lendemain, sans crier gare, ses clients ont décidé de s'approvisionner sur le continent asiatique.

Encore la Chine

«À la même époque, comme notre chiffre d'affaires commençait à être intéressant, mon partenaire d'affaires avait proposé que nous aussi fassions fabriquer en Chine. J'ai refusé pour deux raisons: ce n'était pas dans mes valeurs et le risque financier était trop élevé. Tu fais quoi si les sacs que tu as commandés et payés à l'avance arrivent ici en mauvais état? Je n'étais pas prête à courir ce risque. Je me suis donc séparée de mon partenaire», explique Mme Galarneau.

Malgré cet épisode houleux, la jeune femme a persévéré. Elle a continué à concevoir des sacs de couchage et elle a eu la brillante idée de fonder Gecko, un fabricant de vêtements et d'accessoires d'entreprise qui a notamment travaillé pour le compte de la Sûreté du Québec et des restaurants Le Commensal. Gecko est toujours en activité.

Il y a quelques années, le Groupe Forzani (propriétaire des bannières Sports Experts, Intersport et Atmosphère) s'est intéressé aux produits de la PME, lesquels se vendent entre 9$ (pour une pochette utilitaire) à 239$ pour un sac de couchage trois saisons.

Aujourd'hui, des 50 boutiques de plein air qui offrent les produits Sherpa, près de la moitié appartient à Forzani.

Son meilleur coup

Mais le meilleur coup de Brigitte Galarneau a été de lancer l'an dernier la collection Matagami, destinée aux bébés. Cette initiative ne pouvait mieux tomber. «C'est un créneau qui n'était pas occupé», dit-elle.

«Le Québec connaît un mini-baby-boom, les gens aiment le plein air et veulent emmener leurs enfants dehors avec eux. Surtout, les gens apprécient que mes produits soient fabriqués ici.»

Les «mouflons» (un chausson isolé, idéal dans le porte-bébé ou la poussette), mitaines, chaussettes en polar et autres sacs de couchage pour bébés fabriqués par Sherpa connaissent un succès fou.

«Je reçois des courriels de partout au Québec de gens qui veulent acheter mes produits», dit Brigitte Galarneau. D'ici deux ans, la présidente de la PME de moins de cinq employés souhaite offrir ses produits dans les centaines de magasins de vêtements pour enfants du Québec.

La femme d'affaires de 38 ans sait qu'elle aura fort à faire, car les géants du plein air comme The North Face, Mountain Hardwear et autres Jack Wolfskin, s'ils s'attaquent de façon plus importante au segment de marché des accessoires de plein air pour bébés, ne feront pas de quartier (c'est ainsi, dans le merveilleux monde des affaires!).

«J'aimerais avoir, moi aussi, des centaines de milliers de dollars à investir en publicité», dit-elle.

Mordue du plein air

Brigitte Galarneau a étudié le design de mode. Mordue de plein air, elle fabriquait son propre équipement.

Elle a notamment conçu ses sacoches de vélo avant d'entreprendre une tournée de la Belgique avec une copine. Le bouche à oreille a fait son oeuvre et elle s'est retrouvée à la fin des années 90 avec une première commande de 50 sacs de couchage.

«Mon quatre-et-demie est devenu mon premier atelier», se souvient-elle.

Les ateliers de Sherpa sont maintenant situés dans le joli cottage que Mme Galarneau a acheté de ses parents, au bord de la rivière des Mille-Îles. La PME produit environ 10 000 unités par année. La jeune femme n'est pas près de déménager ses modestes installations.

«On pourrait changer d'endroit, mais il faudrait à tout prix augmenter nos ventes juste pour payer le loyer et les autres dépenses. Ce ne serait pas logique», dit en toute sagesse l'unique actionnaire de l'entreprise.