Ils détiennent pour 5000 milliards US de prêts hypothécaires. Les désormais célèbres Fannie Mae et Freddie Mac ont décidé d'y aller mollo avec les 31 millions d'Américains à qui ils ont fait un prêt.

Ils détiennent pour 5000 milliards US de prêts hypothécaires. Les désormais célèbres Fannie Mae et Freddie Mac ont décidé d'y aller mollo avec les 31 millions d'Américains à qui ils ont fait un prêt.

Le plan annoncé hier vise à «réduire considérablement les saisies évitables», selon les termes employés par le directeur de l'Agence fédérale pour le financement immobilier (FHFA), James Lockhart. C'est cette agence qui gère depuis septembre Fannie et Freddie.

«C'est un but raisonnable si les propriétaires, les banques, les fournisseurs de prêts hypothécaires, les investisseurs, Fannie Mae et Freddie Mac travaillent tous ensemble», a-t-il ajouté.

Pour être admissible à des paiements moins élevés, un emprunteur devra avoir manqué trois échéances mensuelles et occuper son logement.

«Il s'agit simplement d'une étape parmi d'autres», a dit l'économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, Sherry Cooper, qui salue tout de même l'initiative.

«Ça coûte cher (aux institutions) de saisir des maisons», poursuit-elle, ajoutant que tout le monde y trouve son compte.

En fait, non, pas tout à fait tout le monde. Le programme prévoit que l'hypothèque pourra être ajustée pour que le proprio ne paie pas plus de 38% de ses revenus. Encore faut-il, souligne-t-elle, avoir encore un emploi.

À la Financière Banque Nationale, l'économiste en chef adjoint, Stéfane Marion, se réjouit de voir arriver un tel plan, mais reste un peu sur sa faim.

«Ce n'est peut-être pas le plan d'envergure qui enrayera la déflation dans tout le système», dit-il.

Il souligne d'abord que, compte tenu de la complexité du plan, ses effets prendront du temps avant de se faire sentir. Il mentionne notamment la difficulté de s'entendre dans les cas où les propriétaires détiennent aussi une deuxième hypothèque, celle qui leur a permis de faire leur mise de fonds.

Il s'attend donc à un autre plan, plus important. D'autant plus que les temps s'annoncent encore plus difficiles pour certains proprios. «Là, on rajoute le cycle économique qui n'était pas là l'an passé. Il faut s'attendre à un plus grand taux de délinquance dans les prochains trimestres.»

Une hypothèque de 40 ans

Fannie Mae et Freddie Mac garantissent ou détiennent à eux deux environ la moitié des prêts immobiliers aux États-Unis.

En vertu du programme, les Américains qui possèdent une hypothèque plus grande que la valeur actuelle de leur maison –en raison de la baisse marquée des prix dans certaines régions– ne verront pas leur dette diminuer. En fait, le plan s'adresse à ceux qui ont une hypothèque qui ne dépasse pas 90% de la valeur de la maison.

Le plan prévoit que la durée de l'hypothèque pourra être allongée jusqu'à 40 ans et que les taux d'intérêt pourront être diminués. Cela, dans le but de ramener les paiements à un maximum de 38% des revenus bruts.

Les dirigeants de Fannie et Freddie ont dit hier qu'ils espéraient que leur plan serait adopté par l'ensemble de l'industrie. Déjà, des banques ont mis en place des règles hypothécaires plus souples afin de ne pas avoir un trop gros trousseau de clés à gérer.

Ainsi, pour éviter de trop nombreuses saisies immobilières, Citigroup [[|ticker sym='C'|]] a confirmé hier un assouplissement de ses conditions de crédit. La quatrième banque en importance aux États-Unis veut elle aussi étirer la durée de l'hypothèque et réduire des taux. En plus, elle pourrait réduire le montant du prêt pour les maisons dont la valeur a baissé.

Le programme de Citi touche un demi-million de propriétaires qui possèdent pour 20 milliards US d'hypothèques.

Il y a quelques jours, JP Morgan Chase [[|ticker sym='JPM'|]], la plus grande banque américaine, a fait une annonce semblable touchant 650 000 familles. Quelque 110 milliards US d'hypothèques sont en jeu.

Même avec ces plans divers, Moody's Economy.com estime que 1,6 million d'Américains risquent de perdre leur maison cette année. L'an prochain, ce serait 1,9 million.

Avec CNN Money et AFP