Le choix de Montréal par Morgan Stanley, qui embauchera jusqu'à 500 personnes, va augmenter encore la demande pour des bureaux au centre-ville, sur un marché déjà en pénurie record et avec des loyers sous pression.

Le choix de Montréal par Morgan Stanley, qui embauchera jusqu'à 500 personnes, va augmenter encore la demande pour des bureaux au centre-ville, sur un marché déjà en pénurie record et avec des loyers sous pression.

La banque d'affaires new-yorkaise Morgan Stanley devra trouver de 75 000 à 125 000 pieds carrés à Montréal, affirme à La Presse Affaires Jean Laurin, président de GVA Devencore, chef de file canadien en conseil et courtage immobilier aux entreprises.

La location d'une telle superficie pourra nécessiter la mise en chantier d'un immeuble de bureaux car les grands locaux vacants n'ont jamais été aussi rares à Montréal.

SITQ Immobilier, pour sa part, cherche d'ailleurs un locataire principal pour 40% d'une tour projetée de 350 000 pieds carrés, avant de la mettre en chantier, boulevard De Maisonneuve, tout près de l'ex-Ben's, note un porte-parole, Jacques-André Chartrand.

Ce projet, évalué à 150 millions de dollars, est un partenariat avec la société texane Hines.

Selon la dernière étude de GVA Devencore, le taux d'inoccupation est passé de 7,1% à 3,7% à Montréal en un an, «un plancher historique», note Jean Laurin, comparativement à 10% en 2004.

Ailleurs au Canada, le taux n'a jamais été aussi bas non plus.

«Quand le marché tombe sous la barre de 7%, il est mûr pour une tour», ajoute la porte-parole, Sylvie Bachand.

Jean Laurin s'attend non seulement à la construction d'une tour, mais aussi à la conversion d'immeubles industriels en bureaux, dans le Vieux-Montréal (ex-locaux liés au port), le quartier de la fourrure (près de La Baie) et celui du vêtement, dans le quadrilatère ceinturé par les artères Saint-Urbain, Rosemont, Saint-Joseph et Saint-Denis.

«Le coût d'occupation peut aller du simple au double» dans ces quartiers par rapport au centre-ville, explique Jean Laurin.

Si le loyer coûte de 45$ à 55$ le pied carré dans une nouvelle tour, il peut descendre à 25$-35$ dans des usines reconverties.

Par contre, ces locaux réaménagés ne conviennent pas à tous. Ils peuvent attirer des entreprises de la publicité, des médias, des services au secteur financier, précise Jean Laurin.

Allied Properties, de Toronto, qui a racheté la Cité du multimédia, de Montréal, fait partie des promoteurs qui ciblent des immeubles à restaurer, souligne le président de Devencore.

Ces projets peuvent prendre un an car, paradoxalement, en dépit du faible taux record de locaux vacants, le marché immobilier est en période d'analyse, dit Jean Laurin.

Tous scrutent la crise financière aux États-Unis, car si son impact déborde, le ralentissement économique peut se transformer en récession prolongée, «ce qui n'est jamais favorable au développement immobilier», dit Jean Laurin.

Malgré cette période de transition, «l'appétit pour l'immobilier demeure fort», assure le président, d'autant plus que l'inflation s'accroît.

Par contre, les entreprises peuvent patienter trois mois avant de s'engager à long terme pour un bail de 150 000 pieds carrés, mais pas trop, car la construction d'une tour prendra de 24 à 30 mois, dit-il.

Les 200 employés du sous-traitant Compuware, que Morgan Stanley doit d'abord embaucher, travaillent à la Cité du multimédia. Compuware n'a pas rappelé La Presse Affaires sur l'utilisation de ces locaux.

La Cité négocie, mais n'a pas de locaux vacants, déclare par contre le directeur immobilier, Jean-François Burdet.

Outre la tour SITQ-Hines, la firme Devencore voit un intérêt croissant pour l'immeuble de 300 000 à 400 000 pieds carrés de Westcliff au carré Victoria.

La demande potentielle s'accroît aussi pour une tour de jusqu'à un million de pieds carrés de Magil Laurentienne à l'angle des rues Université et Saint-Jacques, près de Place Bonaventure. Quant à Canderel, elle veut aménager un immense stationnement au carré Phillips, selon Devencore.