À la fin de 2007, le conflit au cimetière montréalais Notre-Dame-des-Neiges prenait fin avec la signature d'une convention collective de 10 ans.

À la fin de 2007, le conflit au cimetière montréalais Notre-Dame-des-Neiges prenait fin avec la signature d'une convention collective de 10 ans.

Ce record dans les relations de travail au Québec a été suivi de près par les sept ans et plus des ententes chez QIT-Fer et Titane et chez Olymel. Des exceptions, certes, mais plusieurs employeurs aiment bien allonger «le temps de la paix».

Depuis plus de 10 ans, la «paix sociale» règne entre le Syndicat des ouvriers du Fer et du Titane (CSN) et QIT Fer et Titane, le principal employeur de la région Sorel-Tracy.

Quel contraste avec le climat de guerre larvée qui régnait jusque-là entre la direction et les 1200 ouvriers de la métallurgie!

Ce syndicat avait organisé, dans les années 1970, une mémorable occupation d'usine et avait été un des fers de lance des combats pour la santé et la sécurité du travail au Québec.

Après une première entente de cinq ans, signée en 1995, patrons et travailleurs ont renouvelé à deux reprises une convention dite de «très longue durée». La plus récente prendre fin en 2013.

D'ici là, les deux parties se livreront à des échanges continus dans le cadre d'une négociation basée sur les intérêts et menée avec la collaboration du ministère du Travail du Québec. Les salaires sont exclus de ce processus.

La convention prévoit des hausses de 4,5% par année, pendant sept ans.

«De part et d'autres, cette entente nous procure de la stabilité. QIT investit beaucoup et en a besoin. De notre côté, nous avons obtenu une sorte de sécurité d'emploi pour les travailleurs actifs et des améliorations au fonds de pension», explique le vice-président du syndicat Voltaire Juin.

Selon Louis Bibaud, coordonnateur intersectoriel, secteur privé, à la CSN, les conventions d'une telle longueur sont rarissimes et sont signées dans des circonstances exceptionnelles, qu'elles soient en faveur ou en défaveur des syndiqués.

Trois des cinq conventions de six ans ou plus de 2007 au Québec touchent des syndicats de cette centrale.

«Chez Fer et Titane comme au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, nos membres ont enregistré des gains importants soit sur les salaires, l'indexation, le plancher d'emplois ou la sous-traitance», explique M. Bibaud.

«À l'abattoir d'Olymel, c'est tout le contraire. Le syndicat a dû accepter un contrat de 87 mois et plusieurs reculs devant la menace de fermeture», note-t-il.

En 2007, les syndicats de Fédération Desjardins et du Service des cartes Desjardins (FTQ) et à celui de la Corporation des concessionnaires d'automobiles du Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau (CSD) ont également conclu des ententes de plus de six ans.

Entre trois et cinq ans, une convention est qualifiée de «longue durée». Plus que cinq, on parle de «très longue durée». Le record canadien est de 25 ans.

Il a établi en 2005 chez Cancrew, qui exploite des plateformes de forage dans l'Atlantique, dont celle d'Hibernia.

Retour aux trois ans?

Suzanne Payette est responsable de la recherche à la division Information sur les milieux de travail de Développement et ressources humaines Canada, le pendant fédéral du ministère du travail du Québec.

Cette division analyse le contenu des conventions des entreprises de juridiction fédérale de 100 employés et plus et des entreprises de plus de 500 employés assujetties aux lois provinciales.

«En 2005, la durée moyenne des conventions était de 47 mois. En 2007, 67% des ententes ratifiées étaient de 36 mois. À l'échelle canadienne, la tendance chez les groupes que nous étudions est un retour aux conventions de trois ans», dit-elle tout en apportant des précisions.

«Plusieurs contrats de cinq ans ont été signés en Colombie-Britannique en 2005 en prévision des Jeux olympiques de 2010. La réduction de la durée de 2007 s'explique largement par les conventions de l'industrie de la construction, qui sont par tradition de trois ans», poursuit-elle.

Selon Mme Payette, plusieurs motifs expliquent la durée des contrats, tels que des projets d'investissement, la concurrence, les difficultés ou des succès économiques ou même le désir mutuel de ne pas renégocier rapidement.

Le Québec fait-il bande à part dans la mouvance du retour aux trois ans? Il est trop tôt pour le dire puisque le ministère du Travail n'a pas encore publié ces données. Par contre, l'année 2006 a été marquée par une forte progression des ententes de trois à cinq ans.

«De 2005 à 2006, ces conventions de trois à cinq ans sont passées de 44,3% à 80,4% des ententes conclues dans les entreprises de 50 employés et plus», a noté Claudette Ross, professeure au Département d'organisation et ressources humaines de l'Université du Québec à Montréal.

De plus, près de 45 000 salariés du privé sont assujettis à ces contrats de trois à cinq ans, contre quelque 30 000 pour les conventions de trois ans.

Louis Bibaud, de la CSN, observe que l'allongement des conventions revient souvent dans les demandes patronales.

«La durée est moins souvent un enjeu pour les syndicats, sauf lorsqu'ils sont engagés dans des négociations sectorielles, comme ce sera le cas dans l'hôtellerie en 2008. Dans ce cas, l'enjeu est de maintenir une durée uniforme, quelle qu'elle soit, dans tous les établissements», dit-il.