Le gouvernement américain doit commencer à utiliser davantage de son argent pour soutenir les marchés boursiers et contrer la menace d'un «tsunami financier», soutient Bill Gross, gestionnaire du plus gros fonds obligataire au monde.

Le gouvernement américain doit commencer à utiliser davantage de son argent pour soutenir les marchés boursiers et contrer la menace d'un «tsunami financier», soutient Bill Gross, gestionnaire du plus gros fonds obligataire au monde.

Les banques, les firmes de courtage et les fonds spéculatifs se débarrassent de leurs actifs, ce qui pousse à la baisse les prix des obligations, de l'immobilier, des actions et des valeurs, indiquait hier M. Gross, co-directeur des investissements de Pacific Investment Management, de Newport Beach, en Californie, dans un commentaire publié sur le site web de l'entreprise.

Depuis que les marchés financiers se sont grippés l'an dernier à la suite de l'effondrement du secteur des prêts hypothécaires à risque, l'indice Standard & Poor's 500 a reculé de 13% et les prix des maisons ont chuté de plus de 15%.

«Si l'on n'y prend garde, le feu de broussaille peut devenir un feu de forêt et un marché légèrement en baisse peut se transformer en un tsunami financier destructeur, a soutenu M. Gross. Si l'on veut prévenir une liquidation continue des actifs et des titres de dette de proportions presque historiques, il faudra adopter des politiques qui ouvrent le bilan du Trésor américain.»

Selon M. Gross, le gouvernement américain doit remplacer les investisseurs privés qui, ou bien n'ont pas l'argent nécessaire pour acheter de nouveaux actifs, ou bien ont été échaudés par des pertes.

Sa propre entreprise, les fonds de patrimoine souverains et les banques centrales sont de plus en plus réticents à appuyer les sociétés financières à la suite des pertes sur les investissements qu'elles ont faits pour soutenir les entreprises, a dit M. Gross. Les courtiers et les plus importantes banques au monde retirent leurs billes après plus de 500 milliards US en dépréciations et pertes sur crédit depuis le début de 2007 et après avoir levé 364,4 milliards US en nouveau capital.

Les taux de rendement des obligations d'entreprises de qualité, les titres de dette appuyés sur des hypothèques commerciales de même que les cartes de crédit ont atteint des sommets records le mois dernier par rapport aux taux de référence.

Soutenir monsieur et madame Tout-le-Monde

Le Trésor américain doit soutenir non pas seulement les fournisseurs de financement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, mais également «monsieur et madame Tout-le-Monde» en subventionnant les taux sur des prêts hypothécaires garantis par la Federal Housing Administration et par d'autres organismes gouvernementaux, estime M. Gross.

Une nouvelle version de Resolution Trust Corp., qui avait acheté des actifs d'institutions en difficulté lors de la crise d'épargne et de prêts des années 80, pourrait également marcher, a-t-il ajouté.

Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor, a piloté cet été un plan de sauvetage de Fannie Mae, de Washington, et de Freddie Mac, de McLean, en Virginie, le marché craignant que ces entreprises à charte fédérale n'aient pas le capital voulu pour soutenir la déconfiture du marché immobilier aux États-Unis. Le Trésor avait promis d'injecter des fonds, sous forme de titres de dette ou d'actions, dans ces sociétés si le besoin s'en faisait sentir.