Le père de la CSeries, Gary Scott, a un message pour ses «amis de Seattle», Boeing.

Le père de la CSeries, Gary Scott, a un message pour ses «amis de Seattle», Boeing.

«Je leur dis que cet avion est réel, qu'il s'en vient, a-t-il lancé en conférence de presse hier, à l'occasion du lancement de la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places de Bombardier. Nous allons dans un segment de marché qu'ils ont longtemps laissé pour compte.»

M. Scott, maintenant président de Bombardier Avions commerciaux, a travaillé pendant des années pour Boeing avant de déménager à Montréal en 2004 pour s'occuper de la CSeries.

Les analystes s'attendent cependant à ce que la CSeries vienne chatouiller les Boeing et Airbus de ce monde.

Jacques Kavafian, de la firme Research Capital, a soutenu que la CSeries viendra concurrencer directement les petits appareils des deux géants de l'aéronautique, notamment le 737-700 et l'Airbus A319.

«Pourquoi quelqu'un irait-il acheter un 737-700 quand il voit les caractéristiques de la CSeries? a-t-il demandé. Si quelqu'un commande un 737-700 maintenant, il ne le recevra que dans quatre ans, soit seulement un an avant la CSeries.»

Les coûts d'exploitation de la CSeries seront de 20% moindres que ceux du 737-700 et de 25% moins élevés que ceux de l'A319.

Airbus pourrait toutefois grandement améliorer l'A319 en le dotant du même moteur révolutionnaire qui équipera la CSeries, la turbosoufflante à réducteur de Pratt&Whitney. Boeing n'aura pas cette option: les ailes de ses appareils sont trop basses pour recevoir le nouveau moteur.

Chris Murray, des Marchés mondiaux CIBC, rappelle que Boeing a un carnet de commandes de six ans pour ses divers modèles de 737 et qu'Airbus a des commandes échelonnées sur les 10 prochaines années pour son A320.

«Je ne pense pas qu'ils vont présenter un nouvel appareil monocorridor avant 2018», a-t-il déclaré.

Rivaux potentiels

Il ne s'inquiète pas non plus au sujet de la concurrence d'Embraer. À son avis, l'avionneur brésilien pourrait difficilement étirer son biréacteur régional E195. Il croit qu'éventuellement la compétition pourrait plutôt venir du côté des Japonais, avec le Mitsubishi Regional Jet (MRJ), des Chinois, avec l'Advanced Regional Jet (ARJ), et des Russes, avec le Superjet. Ces derniers devraient d'ailleurs annoncer aujourd'hui avoir reçu des commandes pour 30 appareils à une compagnie aérienne occidentale.

«En s'alliant avec Shenyang Aviation Corporation, Bombardier a toutefois réduit le risque de concurrence du côté chinois», a affirmé M. Murray.

Gary Scott s'est montré frondeur: «Nous construisons un appareil optimisé pour le segment de 100 à 149 places, a-t-il affirmé. Embraer n'a pas un tel appareil, Boeing non plus, Airbus non plus.»