Quand la Bourse de Toronto a annoncé l'achat de la Bourse de Montréal, en décembre dernier, le président de Desjardins a été parmi les premiers à applaudir la transaction, ce qui a causé une certaine surprise dans les milieux nationalistes.

Quand la Bourse de Toronto a annoncé l'achat de la Bourse de Montréal, en décembre dernier, le président de Desjardins a été parmi les premiers à applaudir la transaction, ce qui a causé une certaine surprise dans les milieux nationalistes.

On apprenait en même temps que Desjardins avait conseillé l'acheteur, le groupe TSX, et qu'il participerait au financement de cette transaction de 1,3 milliard de dollars.

Même si certains peuvent lui reprocher cet appui, Alban d'Amours ne regrette rien. Il reconnaît que les gens de la Bourse de Toronto ont été habiles en faisant appel aux services de Desjardins pour mettre au point une transaction politique sensible, mais il persiste et signe.

«C'était la seule façon de préserver ce qu'on a développé à Montréal», soutient-il lors d'une entrevue avec La Presse Affaires, dans son bureau du 40e étage de la Place Desjardins.

Quand il refermera la porte de ce bureau pour la dernière fois, à la fin de cette semaine, celui qui a été président et chef de la direction de la plus importante institution financière du Québec pendant huit ans n'aura pas d'autres regrets non plus.

Sous sa direction, soit entre 2000 et 2007, Desjardins a doublé ses profits annuels, qui sont passés de 526 millions à 1,1 milliard. La part de ces profits retournée aux membres a quadruplé, passant de 143 à 592 millions.

En même temps, la satisfaction de ses membres-clients a augmenté, jusqu'à un sommet remarqué par la firme américaine Forrester qui, en étudiant le secteur bancaire canadien, est tombée «par accident» sur ce phénomène et en a avisé les dirigeants de Desjardins.

Alban d'Amours, 67 ans, qui a commencé sa carrière chez Desjardins comme vérificateur, ne s'attribue pas les mérites de cette performance.

«Heureusement, il y a eu des prédécesseurs qui avaient mis les bonnes pierres à la bonne place», dit-il, en parlant de la restructuration pilotée par Claude Béland qui a fusionné les 12 fédérations en une seule et réduit le nombre de caisses de plus de 1000 à 577 à la fin de 2007.

«Sans cette restructuration, on aurait été incapables de profiter de la conjoncture économique comme on l'a fait», estime Alban d'Amours.

Desjardins est aujourd'hui une entreprise très rentable, mais dont la rentabilité est délibérément plafonnée à entre 12 à 15% de rendement, rappelle-t-il.

«On pourrait faire plus d'argent, mais on arrêterait de servir les petits besoins et on délaisserait certains territoires.»

C'est Monique Leroux, ex-dirigeante de Quebecor qu'il a lui-même recrutée, qui prend en charge la suite de l'histoire de Desjardins.

Le fait que Desjardins ait élu la première femme à la tête d'une institution financière au Canada réjouit assez Alban d'Amours.

«Les femmes comptent pour 33% des membres des conseils d'administration des caisses et 47% des nouveaux élus aux conseils sont des femmes», souligne-t-il.

Alban d'Amours continuera de travailler à la promotion du mouvement coopératif au sein des instances internationales, mais il aura aussi plus de temps pour jouer au golf. Ce qu'il se promet bien de faire, avec l'objectif de jouer en bas de 90.