Il n'a pas 50 ans, pas un cheveu blanc, seul représentant d'une quatrième génération d'hôteliers. Il dirige depuis peu le Château Frontenac. Son nom : Robert Mercure.

Il n'a pas 50 ans, pas un cheveu blanc, seul représentant d'une quatrième génération d'hôteliers. Il dirige depuis peu le Château Frontenac. Son nom : Robert Mercure.

Une famille connue ici. Son oncle, Oscar Mercure, a fait une carrière remarquable au Mouvement Desjardins* et l'une de ses cousines, Me Françoise Mercure, a été la première présidente de la Chambre de commerce de Québec et présidente de l'Office du tourisme.

Les parents de M. Mercure étaient les propriétaires de trois bons hôtels. Trois hôtels dans trois «pays»: un à Granby, l'autre à Arlington, État de New York, et le troisième, à Cornwall, Ontario.

«J'ai été élevé autant au Arlington Inn qu'à l'hôtel Granby. Et autant en anglais qu'en français. D'un côté, mes camarades, mes amis, et ensuite mes collègues et mes clients parlaient la langue de Shakespeare.»

«De l'autre, c'était celle de Molière. J'ai terminé mes études supérieures en finance à l'Université de Durham (New Hampshire) et c'est au Sheraton de Boston que j'ai débuté ma carrière professionnelle en hôtellerie parce que je voulais m'inscrire à un stage de formation que seule l'école du Sheraton pouvait offrir dans ce temps-là, le General Manager Training Program», raconte M. Mercure.

Ce programme vers la direction générale d'un hôtel durait 18 mois; il fallait faire un stage dans tous les services.

Le service aux chambres, la cuisine, les banquets, le service en salle, le marketing, l'accueil, les ventes, l'entretien. Robert Mercure avait déjà occupé tous ces postes dans son adolescence dans les hôtels de la famille.

«Un jour...»

Jeune, lorsqu'il venait à Québec pour visiter la famille, Robert admirait le Château Frontenac et se disait: «Un jour, je dirigerai certainement cet hôtel.»

Il reluquait l'imposant bâtiment de la terrasse de Lévis ou du pont supérieur du traversier en rêvant.

«J'y suis arrivé, mais plus tôt que prévu», dit-il dans un entretien au Soleil.

Mais d'abord, Robert Mercure, après son stage à Boston, a été envoyé au Sheraton de Savannah en Géorgie, puis à celui de Washington D.C. comme contrôleur régional.

Un hôtel de 1600 chambres en plein centre-ville, entre le Capitole et la Maison-Blanche. C'était du temps où Ronald Reagan était le président des États-Unis; durant ces trois ans, le jeune hôtelier a appris la gestion du protocole international.

À 25 ans, en 1984, il quitte la grande hôtellerie pour se lancer à son compte dans le New Hampshire sur les rives d'un des plus beaux lacs de la Nouvelle-Angleterre, à Mereditt.

Or, à Mereditt, il y a une belle grande gare de chemin de fer, la Mereditt Station, où il y a un restaurant. C'est ce restaurant qu'il achète, avec la famille, pour travailler à son compte et non pour une grande compagnie internationale. L'aventure a duré une dizaine d'années.

En 1995, il vend son restaurant pour diriger la restauration à l'Intercontinental de Montréal. Dans la banque voisine, la Banque Scotia, il rencontre Denise Boudreault, de Shediac, qui travaille au service à la clientèle.

Fortement impressionné par le service en question, il lui offre sa carte professionnelle... et une invitation pour un café. Trois ans plus tard, en 1999, elle le suivra à Toronto, où M. Mercure devient directeur du Fairmont Royal York.

Sa conjointe donne naissance à Alexa, qui étudie aujourd'hui au Couvent des Ursulines, à deux pas du Château, où elle va rejoindre son papa après la classe.

La «nouvelle princesse du Château Frontenac», c'est elle, Alexa 1re.

Mais avant Québec, entre le Royal York de Toronto et le Château Frontenac, la famille a déménagé deux fois.

La première pour revenir à Montréal, où M. Mercure a dirigé Le Reine Elizabeth de 2002 à 2005, et la seconde pour à Monaco, où il a été directeur général du Fairmont Monte Carlo, poste qu'il a occupé quelques mois avant de déménager à Québec.

«Maintenant je ne déménage plus. Je reste à Québec. C'est un honneur que de servir au Château Frontenac. Un rêve et un honneur. J'ai dit à la direction de Fairmont de me laisser tranquille. La cité est fabuleuse. Je la connais et les gens sont formidables. On ne retrouve pas ici les problèmes de sécurité que l'on connaît dans les grandes métropoles. Bien peu de villes sur la planète peuvent se comparer à Québec. Moi, je reste. Et ma famille aussi.»

Dorénavant, il consacrera son énergie à vendre le Château Frontenac aux Québécois, sans négliger le marché international.

Il veut changer la perception que certains Québécois conservent de leur Château, croyant que les services offerts sont trop onéreux, les chambres, trop chères, la bouffe, inabordable. C'est ça qu'il veut changer.

Il vient de lancer un programme de rapprochement en créant le groupe des Amis du Château. Seuls les Québécois résidant dans les limites de la capitale-nationale peuvent y adhérer.

Au programme : rabais, invitations, événements spéciaux, serpentins, confettis, crécelles, musique et bonheur. Et, surtout, la création d'un excellent réseau d'amis. Un réseautage qui fera le bonheur de tous.

*Oscar Mercure (1926-2007), premier employé d'Assurance-vie Desjardins en 1949 et président de la compagnie de 1972 à 1990, grand bâtisseur du mouvement coopératif au Québec.