Le téléphone ne dérougit pas à l'agence itravel2000. Depuis le début de l'automne, les gens appellent en masse de partout au pays pour réserver leurs vacances d'hiver dans le Sud. Des mois plus tôt qu'à l'habitude.

Le téléphone ne dérougit pas à l'agence itravel2000. Depuis le début de l'automne, les gens appellent en masse de partout au pays pour réserver leurs vacances d'hiver dans le Sud. Des mois plus tôt qu'à l'habitude.

La situation est exceptionnelle, reconnaît Jonathan Carroll, président de l'agence torontoise. Et s'explique en bonne partie par la vigueur retrouvée du huard selon lui.

«Auparavant, les Canadiens étaient toujours désavantagés quand ils allaient dans le Sud, dit-il. Maintenant, ils réalisent la force de leur dollar et ils en profitent.»

Le début de saison canon rencontré par itravel2000 se répète d'un bout à l'autre du Canada, indique Christiane Théberge, présidente de l'Association canadienne des agences de voyages (ACTA). Comme si les gens étaient pressés d'acheter leurs forfaits.

«Les gens réservent pour février, mars et avril, ce qui est inhabituel, dit-elle. D'habitude, ils réservent un ou deux mois à l'avance. Ils se disent probablement que ça ne va peut-être pas durer, alors ils en profitent le temps que ça dure.»

Un effet réel?

Même si la valeur du huard a bondi de près de 17% par rapport à la devise américaine depuis un an, les Canadiens qui optent pour un forfait «tout-inclus» ne paieront pas moins cher cette année, indiquent la plupart des agents et grossistes interrogés par La Presse Affaires.

Pourquoi? D'abord et avant tout parce que le prix du pétrole - donc du carburant utilisé par les avions - a lui aussi monté en flèche.

La valeur d'un baril de pétrole est passée de 56 $ US à 95 $ US en un an sur le New York Mercantile Exchange, un bond de 69%.

«Il semble que le pétrole et le dollar varient ensemble ces temps-ci, alors ce qu'on perd d'un bord, on le gagne de l'autre», explique Yvon Michel, président de l'Association des grossistes québécois.

Les prix des forfaits pourraient difficilement descendre plus bas qu'à leurs niveaux actuels, font aussi valoir les voyagistes. La «surcapacité» actuelle entraîne une concurrence effrénée entre les différentes agences, rappellent-ils, si bien que les prix sont déjà à des planchers. Huard ou pas.

Chez Vacances Transat, les ventes ont démarré en lion il y a trois semaines, souligne Lyne Chayer, vice-présidente au marketing. Mais les tarifs - et la réponse des clients - auraient été les mêmes sans le coup de pouce du dollar, croit-elle.

«Les gens voient déjà que les prix sont très abordables et qu'ils n'ont pas besoin d'attendre à la dernière minute pour avoir un deal, comme on dit dans le jargon, ce qui fait qu'ils réservent plus longtemps à l'avance», dit-elle.

Les Canadiens bénéficieront quand même de l'appréciation du huard une fois rendus à destination, même si le prix des forfaits tout-inclus n'a pas baissé, font valoir les voyagistes.

Les vacanciers pourront se permettre plus d'excursions d'un jour, de sorties au restaurant ou de virées de magasinage que par le passé.

S'organiser soi-même

À côté des tout-inclus, il devient de plus en plus tentant pour les Canadiens de «fabriquer» eux-mêmes leurs vacances, maintenant que le huard a dépassé la devise américaine.

Les aéroports limitrophes aux grandes villes du sud du Canada - comme ceux de Plattsburgh, Burlington, Buffalo et Bellingham - l'ont bien compris. Ils offrent de plus en plus de vols à bas prix vers la Floride, le Nevada ou les Bahamas, qui coûtent parfois seulement 220$ aller-retour.

Cette option en séduira sans doute plusieurs l'hiver prochain, dit Paul Arseneault, directeur du Réseau de veille en tourisme de l'UQAM. Mais la complexité «d'assembler» soi-même le voyage et le coût de la vie relativement élevé de plusieurs États américains risquent aussi de décourager bien des voyageurs, ajoute-t-il.

«Les gens vont finir par comparer et se rendre compte qu'ils approchent d'un prix assez similaire au produit tout-inclus», dit-il.

Les forfaits tout-inclus à 800$ ou 900$ pour une semaine qu'on retrouve en abondance sur le marché offrent une excellente valeur pour les voyageurs, selon M. Arseneault.