Le Mouvement Desjardins s'ajoute à la longue liste d'institutions frappées par la crise du papier commercial.

Le Mouvement Desjardins s'ajoute à la longue liste d'institutions frappées par la crise du papier commercial.

Jeudi, l'entreprise a annoncée qu'elle détient ou gère 2,75 milliards de dollars de papier commercial et qu'elle doit radier une partie de sa valeur.

Desjardins a établi à 8,25% le taux de perte de ce papier commercial, pour une radiation globale de 227 millions de dollars.

De ce montant, la part qui réduit les excédents de Desjardins se chiffre à 160 millions avant impôts, tandis que celle qui affecte les rendements de certains produits financiers de ses épargnants est de 67 millions.

À la mi-août, la crise de confiance des investisseurs envers le papier commercial a entraîné des problèmes de liquidité dans le marché. Pour résoudre l'impasse, la Caisse de dépôt a convoqué les porteurs canadiens de papier commercial non bancaire, qui totalise environ 34 milliards.

La rencontre a débouché sur la Proposition de Montréal. Les participants ont convenu d'imposer un moratoire sur les transactions jusqu'au 14 décembre, question de limiter les pertes. Le comité de restructuration est menée par l'avocat Purdy Crawford.

Hier, Desjardins a confirmé qu'elle gérait ou détenait 2,75 milliards des 34 milliards de papier commercial adossé à des actifs (PCAA). De ces 2,75 milliards, la part qui affecte directement les résultats de Desjardins s'élève à 1,94 milliards.

Le reste, soit 809 millions, est investi dans des CPG indiciels des clients de Desjardins, qui doivent en assumer les pertes éventuelles.

Le montant de 1,94 milliard de dollars que détient directement Desjardins vient du papier commercial qu'elle a racheté de ses clients institutionnels (1,1 milliard) et de ses fonds communs (129 millions), au début de la crise la crise.

Il comprend également le papier que Desjardins détenait pour à ses propres fins d'investissement (environ 700 millions).

En bout de course, les excédents de Desjardins au troisième trimestre s'élèvent à 248 millions après impôts, en baisse de 24,4% sur ceux du même trimestre de 2006, clos le 30 septembre.

N'eût été la crise du papier commercial, les excédents auraient été plus élevés de 160 millions - 107 millions après impôts - soit 355 millions, en hausse de 8,2%.

Alban D'Amours, président du Mouvement Desjardins, reste stoïque devant la crise.

«Nous sommes très satisfaits de nos résultats. Nous nous acheminons vers la meilleure année de notre histoire. Nous prévoyons des bénéfices extraordinaires qui couvriront facilement les pertes que nous annonçons aujourd'hui. Et j'ai une très grande confiance dans une solution positive de ce problème par le comité Crawford, auquel nous participons assidûment», a-t-il déclaré à La Presse Affaires.

Cette confiance du président et de son équipe n'est pas superflue. Elle influence le taux de dévaluation (8,25%) que Desjardins a pris sur le papier commercial qu'elle détient, a indiqué M. D'Amours.

L'institution dit également s'être basée sur des indices du marché liés aux obligations adossées à des créances (CDO) et sur l'analyse de chacun des placements qu'elle détient en papier commercial.

Cette méthodologie est validée par les vérificateurs externes de Desjardins (Pricewaterhouse Coopers et Deloitte Touche).

Les actifs sous-jacents au papier commercial demeurent de très bonne qualité. La semaine dernière, rappelle-t-on chez Desjardins, la firme de notation de crédit DBRS a confirmé la cote de crédit AAA de 22 des 23 conduits de papier commercial canadien. Seul Aspley Trust a été décoté, passant à BB.

Cette estimation du taux de perte donne des maux de tête aux entreprises. Pendant que Desjardins estime sa dévaluation à 8,25%, l'Industrielle Alliance la chiffre à 15% et une petite firme comme Strategem Capital, à 40%.

La Banque Nationale n'a pas dévoilé ses chiffres, mais l'analyste Kevin Choquette, de Scotia Capital, estime que la radiation s'élèvera à 500 millions, ce qui équivaudrait à un taux de perte de 25%.

Ce grand écart vient du fait qu'il n'existe pratiquement pas de marché organisé pour établir la juste valeur marchande du papier. Les entreprises sont forcées d'estimer les pertes en raison des normes de l'Institut canadien des comptables agréés (ICCA).

En plus de la qualité des divers papiers, la différence entre l'une et l'autre estimation peut venir des besoins plus importants de liquidités de certains ou du conservatisme de leurs prévisions.

Au 30 septembre, l'actif du Mouvement Desjardins a atteint 146,9 milliards de dollars, en hausse de 15,2%.

L'excédent avant ristournes a été de 828 millions pour les neuf premiers mois de 2007, en hausse de 17,6% sur la période correspondante de 2006.