L'Union européenne a fait bloc à Bruxelles derrière l'idée française d'un sommet international pour refondre le capitalisme et derrière le soutien apporté au système financier.

L'Union européenne a fait bloc à Bruxelles derrière l'idée française d'un sommet international pour refondre le capitalisme et derrière le soutien apporté au système financier.

Toutefois, l'Union n'a pu s'accorder clairement sur un soutien à la croissance européenne ni sur le «paquet climat» - une série de mesures présenté par la Commission européenne exigeant des efforts de la part des États membres en vue de limiter le réchauffement climatique à deux degrés Celsius d'ici 2100 - qui devra être adapté d'ici décembre aux «spécificités nationales».

Alors que les bourses sont reparties à la baisse, les 27 chefs d'État et de gouvernement de l'Union ont unanimement adopté les garanties décidées par l'Eurogroupe pour protéger le système bancaire.

Ils ont aussi engagé l'Europe sur la voie de la refondation du système financier, qui devrait passer par un G8 élargi «dont j'aimerais qu'il ait lieu au mois de novembre», a annoncé le président français, Nicolas Sarkozy, au terme de deux jours de discussions.

Le président en exercice du Conseil de l'Union européenne rencontrera samedi, avec le président de la Commission José Manuel Barroso, le président américain George W. Bush pour commencer à préparer «un ordre du jour ambitieux» et les «premières conclusions de ce sommet, qui pourrait être prolongé par «un travail de fonds pour aboutir en plusieurs étapes».

«L'Europe se battra pour que ce sommet se traduise par des décisions concrètes et pas seulement par des principes», a-t-il dit.

Le président français veut mettre à l'ordre du jour des questions aussi diverses que les paradis fiscaux, la surveillance des institutions financières, l'action des fonds spéculatifs à risque, le rôle du FMI, des agences de notation ou encore la question de la rémunération des opérateurs.

Les dirigeants européens ont fait assaut de propositions diverses et Paris a promis de travailler à élaborer «un front commun» de l'ensemble de l'Union.

Dans l'immédiat, l'Europe va mettre en place un mécanisme «informel» destiné à coordonner les actions prises par les gouvernements en cas d'urgence. Les organes de surveillances financiers de chaque pays se réuniront également une fois par mois.

Au-delà du secteur financier, les dirigeants européens ont affiché, selon la déclaration finale, «leur détermination à prendre les mesures nécessaires pour soutenir la croissance et l'emploi» et pour «préserver la compétitivité internationale de l'industrie européenne».

«On voit bien la crise économique qui est là», a justifié le président français.

Pour lui, «les pays qui se sont dotés de la même banque centrale, de la même monnaie doivent essayer de coordonner leur politique économique» de la même façon qu'ils se sont entendus, après de douloureuses hésitations, sur une réponse commune à la crise financière.

Pour le chancelier autrichien, Alfred Gusenbauer, il faudrait que les Européens s'entendent sur une «boîte à outils» dans laquelle chaque Etat pourrait puiser des mesures nationales.

Mais il n'y a pas d'unanimité sur cette question, a reconnu le président Sarkozy. «Je ne sais pas si un programme de soutien à la conjoncture serait une bonne réponse», a notamment déclaré le premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.

Le conseil a toutefois confirmé que l'application des règles européennes en matière de déficits publics et d'aides au secteur privé serait souple. La France prépare «des initiatives» sur l'aide à l'industrie avant la fin de l'année, a ajouté M. Sarkozy, citant notamment le secteur automobile.

C'est surtout sur les efforts demandés aux Européens pour réduire les émissions de gaz à effet de serre que la négociation a été délicate, l'Italie et plusieurs Etats de l'est de l'Europe jugeant les objectifs qui leur ont été fixés trop lourds.

Silvio Berlusconi ayant menacé d'opposer son veto, «j'ai mis dans la balance tout le poids de la France», a souligné le président français, qui avait fait du pacte une de ses priorités.

Les principes du paquet «climat-énergie» (réduction de 20 pour cent des émissions, économies d'énergie et augmentation des énergies renouvelables) ont été confirmés et l'ensemble du texte devrait être adopté en décembre, «à charge pour le président Barroso et moi-même de trouver des solutions pour les pays qui ont manifesté leur inquiétude», a expliqué Nicolas Sarkozy. «Un travail immense reste à faire encore», a traduit M. Barroso.

Ce sera aussi le cas pour surmonter le non irlandais au traité de Lisbonne. La question a été évoquée en séance, mais renvoyée elle aussi en décembre, selon une formulation qui tient un peu de la «langue de bois», a reconnu Nicolas Sarkozy.

La perspective de devoir renouveler le Parlement européen et la Commission selon les règles actuellement en vigueur - et que le nouveau traité doit modifier profondément pour les adapter au fonctionnement à 27 pays - semble se préciser.

Le conseil n'a pas non plus décidé de rouvrir les négociations sur l'accord d'association et de partenariat entre l'Union et la Russie, préférant repousser cette décision de quelques semaines avant de se décider.

Les Vingt-Sept ont en revanche adopté à l'unanimité le pacte sur l'asile et l'immigration déjà négocié par les ministres.