Dès janvier 2001, la GRC avait des témoignages compromettants à l'endroit de Micheline Charest et Ronald Weinberg, durant l'enquête au criminel sur la violation par Cinar des droits d'auteur du scénariste montréalais Claude Robinson.

Dès janvier 2001, la GRC avait des témoignages compromettants à l'endroit de Micheline Charest et Ronald Weinberg, durant l'enquête au criminel sur la violation par Cinar des droits d'auteur du scénariste montréalais Claude Robinson.

L'ancienne adjointe administrative de M. Weinberg ainsi qu'un consultant et un partenaire d'affaires de Cinar corroboraient des allégations centrales du scénariste Claude Robinson.

C'est ce que révèle un mandat de perquisition dans le dossier Cinar, obtenu par la GRC en janvier 2001, qui a été rendu public lundi et discuté jeudi lors d'une audience concernant le procès au civil pour plagiat que M. Robinson intente contre Cinar, France-Animation, M. Weinberg, la succession de feu Mme Charest et neuf autres firmes et personnes.

M. Robinson avait déposé une plainte à la police en 1995, dans laquelle il accusait le couple Charest-Weinberg et Cinar d'avoir produit la série pour enfants Robinson Sucroë en utilisant les idées et les personnages d'un projet qu'il avait soumis «de long en large» aux deux fondateurs de Cinar, entre 1985 et 1986.

En plus de ces témoignages défavorables à Cinar, les enquêteurs de la GRC avaient obtenu une expertise indépendante établissant qu'il y avait «de fortes chances» que la série Robinson Sucroë produite par Cinar ait été «largement inspirée» du scénario de M. Robinson, peut-on lire dans le document rendu public lundi.

Perquisitions

La GRC avait déjà obtenu, avant même les perquisitions qu'elle voulait faire en 2001, des témoignages contredisant la version de Mme Charest et de M. Weinberg.

Alors que ces derniers disaient ne pas connaître M. Robinson, un ancien consultant de Cinar, Seth Willenson, avait déclaré avoir assisté en compagnie de M. Weinberg à une présentation «très détaillée» de M. Robinson au sujet de son projet.

Alors que le couple affirmait ne pas connaître le projet de M. Robinson, le consultant Willenson déclare à la GRC qu'ils le connaissaient «complètement» dès 1986 et qu'il a personnellement communiqué «de 25 à 30 fois, peut-être plus» avec M. Weinberg ou Mme Charest au sujet du projet de M. Robinson.

Le document de la GRC cite une scénariste qui fut en 1989 l'adjointe administrative de M. Weinberg. Les déclarations de Cheryl Blakeney sont intéressantes parce qu'elles mentionnent France-Animation, la firme qui, en 1995, a coproduit Robinson Sucroë avec Cinar.

Selon le couple Charest-Weinberg, le projet de Robinson Sucroë avait été proposé par France-Animation, et non par M. Robinson.

Weinberg en France

Or, Mme Blakeney «se souvient d'avoir vu le dossier de présentation incluant des photos (du projet de M. Robinson) en 1989 autour d'août ou septembre. Ronald Weinberg partait pour la France afin de rencontrer France-Animation et Dick Animation pour développer de nouvelles oeuvres. Mme Blakeney préparait des boîtes de documents que Ronald Weinberg devait amener avec lui et le dossier de présentation (du projet de M. Robinson) en faisait partie», a-t-elle dit à la GRC.

Un ex-cadre de la firme cinématographique Pathonic, Serge Lalonde, a aussi déclaré à la GRC avoir participé à une présentation, en 1985, sur le projet de M. Robinson, avec M. Weinberg. Le projet de M. Robinson «a été discuté de long en large», a expliqué M. Lalonde aux enquêteurs de la GRC dès 1995.

«Il a également déclaré qu'il n'était pas possible pour Micheline Charest de ne pas connaître l'implication de Cinar dans (le projet de M. Robinson), car elle était là, aux rencontres.»

Selon l'ancien avocat de M. Robinson, Marc-André Blanchard -qui est maintenant juge-, des pressions politiques ont été exercées sur les procureurs de la Couronne pour que des accusations ne soient pas portées. M. Blanchard a fait ces déclarations avant d'être nommé juge.