Bien que les partys de bureau se soient mis au régime minceur et que les ventes au détail aient chuté depuis le mois de novembre, l'engouement des consommateurs - qui ont investi massivement les boutiques ce week-end - semble indiquer que le père Noël n'est pas trop touché par la récession. du moins, pas pour l'instant.

Bien que les partys de bureau se soient mis au régime minceur et que les ventes au détail aient chuté depuis le mois de novembre, l'engouement des consommateurs - qui ont investi massivement les boutiques ce week-end - semble indiquer que le père Noël n'est pas trop touché par la récession. du moins, pas pour l'instant.

Le spectre de la récession était loin de planer sur les rayons des magasins ce week-end. Après un recul de 6% des ventes au détail la première semaine de décembre au Québec, les consommateurs semblent avoir repris les magasins d'assaut juste à temps pour les Fêtes.

Centre Eaton, samedi après-midi. Des milliers de consommateurs jouent du coude. Le couloir souterrain qui relie le centre commercial à la Place Montréal Trust a des allures de pont Champlain en pleine heure de pointe.

Même scénario le lendemain au Wal-Mart situé à l'angle du boulevard Décarie et de la rue Jean-Talon Ouest. Les paniers des clients ont formé un embouteillage près de l'entrée du magasin. Au quartier DIX30, à Brossard, l'effet de foule est moins frappant. Mais malgré un froid de canard, le stationnement est plein à craquer.

«La récession... quelle récession? lance à la blague Léonie Caron, attablée dans un café du Centre Eaton. Asseyez-vous quelques minutes et regardez ce que les gens achètent et ce qu'ils portent. Je reviens de chez Ogilvy et Holt Renfrew, et c'était noir de monde. Pour ma part, j'ai de la misère à percevoir l'impact chez la clientèle du centre-ville.»

Gabrielle Picard, 25 ans, qui travaille comme acheteuse de vêtements, peinait également à voir l'impact de la décroissance annoncée sur les habitudes d'achat du temps des Fêtes.

«Je reviens tout juste de Los Angeles et laissez-moi vous dire que là-bas, c'est mort. Les centres commerciaux sont vides. On sent que tout le monde est en mode attente et que personne n'ose dépenser pour Noël. Ici, c'est le contraire. Et puis il y a plus de rabais qu'à l'habitude. Personnellement, ça me motive à faire le tour des magasins parce que j'en ai plus pour mon argent.»

Commerçants optimistes

Selon les commerçants interrogés par La Presse, l'effet psychologique de la crise financière ne s'est pas manifesté de façon dramatique chez leurs clients.

«Le marché québécois est dans une bulle, affirme Ari Terziyan, propriétaire de Jouets Choo-Choo, dans le quartier DIX30. C'est sûr qu'il y a eu une petite baisse des ventes dans les dernières semaines, mais, pour l'instant, les clients maintiennent leur rythme de consommation habituel. Les gens ne perdent pas leurs jobs dans la grande région de Montréal. Il n'y a pas de scieries ou de constructeurs automobiles. J'ai donc bon espoir de faire de bons chiffres les trois fins de semaine avant Noël.»

«C'est clair que la récession va avoir un impact, mais aujourd'hui, c'est la folie furieuse! Il n'y a même plus de paniers, constate une membre de la direction du Wal-Mart de la rue Jean-Talon.Généralement, la moyenne d'achat par panier se situe entre 43$ et 45$. Samedi, elle est montée à 53$. Par contre, nos ventes de jouets samedi ont chuté de 8% par rapport à la même journée l'an dernier.»

Même si les mauvaises nouvelles économiques ne semblent pas avoir résonné dans les boutiques et grands magasins ce week-end, les effets du ralentissement économique se sont fait sentir dans les dernières semaines.

D'après la firme d'experts RSM Richter, qui compile chaque semaine les ventes de 26 grandes chaînes de la province, celles-ci ont diminué de 6% en novembre 2008 par rapport à la même période l'an dernier. Les nouvelles ne sont pas meilleures pour la première semaine de décembre. La baisse serait aussi importante, autour de 6%.

Selon Benoît Duguay, professeur à l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal, il est impossible que le consommateur ne réagisse pas à toutes les mauvaises nouvelles qui défilent depuis des semaines.

«On observe beaucoup de hit and run. Le consommateur magasine beaucoup - c'est une activité de loisir -, il entre dans plusieurs boutiques, mais s'il ne trouve pas ce qui lui plaît, il en ressort tout de suite. Les stationnements des centres commerciaux sont pleins, mais les gens n'en ressortent pas avec beaucoup de paquets dans les bras.»

Le père Noël se mettra-t-il en mode récession cette année? «Noël, c'est Noël. Il n'est pas question pour moi de ne pas offrir de cadeaux, résume un client, Guyllaume Hamel. Si les temps sont durs, alors il faudra se serrer la ceinture après le temps des Fêtes!»

Avec la collaboration de Violaine Ballivy

Les achats de Noël en chiffres

30 MILLIARDS

C'est la somme colossale que les consommateurs canadiens ont laissée dans les caisses des commerçants en décembre 2006. Qu'ont-ils offert en cadeau? Beaucoup de produits de beauté (200 millions de dollars de ventes), de bijoux (144 millions) et de petits électroménagers (196 millions).

374 MILLIONS

Les Canadiens ont le bec sucré à Noël. Ils dépensent presque deux fois plus en bonbons, chocolats et autres douceurs en décembre que pendant tous les autres mois de l'année.

2000

Plus de 2000 travailleurs fabriquent des jeux et des jouets au Canada. La plupart des cadeaux pour les enfants viennent toutefois de l'étranger : les Canadiens ont acheté pour 112 millions de dollars de poupées made in China en 2006.

Les Canadiens ont dépensé près de 196 millions de dollars en décorations de Noël l'an dernier. La quasi-totalité venait de la Chine : 177 millions de dollars.

12 MILLIARDS

Le nombre de litres de vin pétillant vendus au Canada en 2006.

372 DOLLARS

La somme moyenne dépensée sur l'internet pendant la période du magasinage des Fêtes par les consommateurs québécois en 2007.

644 DOLLARS

La somme moyenne que les ménages québécois prévoient dépenser à Noël cette année, selon un sondage mené pour l'Association québécoise du commerce au détail. Les deux tiers iront à l'achat de cadeaux.

Sources: Statistique Canada, Cefrio, La Presse Canadienne