C'est vrai jusqu'ici sur les marchés du travail et de la construction résidentielle : le Québec se distingue du reste du Canada par sa résilience face aux vents adverses du ralentissement économique nord-américain.

C'est vrai jusqu'ici sur les marchés du travail et de la construction résidentielle : le Québec se distingue du reste du Canada par sa résilience face aux vents adverses du ralentissement économique nord-américain.

Alors que les mises en chantier sont en repli de 7,6% dans l'ensemble du Canada, elles demeurent stables dans sa société distincte, après 11 mois cette année.

Les données publiées hier par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) montrent que 38 339 fondations ont été coulées depuis le début de l'année dans la Belle Province, contre 38 218 de janvier à novembre 2007.

Le mois dernier a été particulièrement actif pour les conducteurs de bétonnières et les ferrailleurs, tant au Québec dans son ensemble que dans sa région métropolitaine. Les mises en chantier y sont en hausse de 28% et 29% par rapport au mois de novembre 2007.

Cette remontée spectaculaire qui remet l'activité après 11 mois au même niveau que celle de l'an dernier est toutefois grandement attribuable au lancement du chantier d'une autre résidence Soleil de 500 logements pour personnes âgées, à Sainte-Julie.

Selon Bertrand Recher, analyste principal du marché montréalais à la SCHL, il n'y aura pas de nouveau chantier de cette envergure cette année.

Cela ne signi ie pas pour autant que le Québec soit sur le point de vivre la correction que subissent l'Ontario, la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie-Britannique.

«Le marché de l'habitation du Québec a enregistré une croissance soutenue au cours des dernières années, mais la vigueur et l'appréciation des prix y ont été nettement inférieures par rapport à l'Ouest canadien, souligne Robert Hogue, économiste principal chez RBC Groupe financier. On constate un retour du balancier dans les marchés de l'Ouest qui font face à d'importantes corrections de prix, tandis que le marché québécois, qui n'a pas connu les mêmes excès, se dirige vers un ralentissement en douceur.»

L'institution torontoise fonde cette prévision sur l'indice d'accessibilité dont elle suit la trace depuis 1985.

Plus la proportion du revenu avant impôts qu'un ménage doit consacrer aux coûts d'un logement est élevée et moins l'accessibilité est grande.

En ce qui a trait à l'acquisition d'un bungalow, l'indice atteint 74,8% à Vancouver, 53,3% à Toronto, 47,3% pour Calgary, 43,3% pour Ottawa, mais 40,4% pour Montréal. À l'échelle du Québec, la proportion tombe même à 35,3%.

Le taux d'accessibilité s'est même amélioré au Québec durant le troisième trimestre, mais le ralentissement économique devrait freiner les mises en chantier au cours des prochains mois.

À l'échelle canadienne, le recul de novembre a surpris les économistes financiersm qui s'attendaient à une correction moins soudaine. D'octobre à novembre, le nombre de mises en chantier, calculées sur une base désaisonnalisée annualisée, est passé de 211 800 à 172 000 unités.

«La demande inassouvie qui avait alimenté la construction résidentielle depuis 2002, est maintenant comblée», fait remarquer Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Il note que l'activité de l'année en cours a grandement été stimulée par les copropriétés vendues sur plan dans la région torontoise, un phénomène en net déclin.

En outre, le nombre de propriétés sur le marché de la revente est en hausse, ce qui va inciter les promoteurs à la prudence.

«Le niveau des mises en chantier d'habitations demeure conforme à nos prévisions, selon lesquelles elles atteindront un nombre plus modéré de 212 200 logements cette année et de 178 000 l'an prochain», rappelle Bob Dugan, analyste en chef à la SCHL. La chute observée en novembre à l'échelle canadienne signifie cependant que la construction, un des deux moteurs de la croissance canadienne avec la consommation au troisième trimestre, n'apportera pas de contribution positive au cours de frisquet automne qui s'achève.