Dans l'espoir de soutenir le prix du papier journal, AbitibiBowater (T.ABH) a annoncé une autre réduction de sa production et la fermeture de deux autres usines, ce qui touchera 1100 travailleurs.

Dans l'espoir de soutenir le prix du papier journal, AbitibiBowater [[|ticker sym='T.ABH'|]] a annoncé une autre réduction de sa production et la fermeture de deux autres usines, ce qui touchera 1100 travailleurs.

«Le marché du papier journal nord-américain continue de se contracter et nos clients nous ont dit qu'ils prévoient que le déclin se poursuivra», a expliqué hier le président et chef de la direction de l'entreprise, Dave Paterson, en annonçant la nouvelle.

Cette fois, le Québec est épargné par le couperet. Les deux usines qui cesseront définitivement leurs opérations sont celles de Grand Falls, à Terre-Neuve et de Covington, au Tennessee. La production sera arrêtée pour une période indéterminée dans deux autres usines américaines, soit un arrêt complet à l'usine d'Alabama River en Alabama et l'arrêt de deux machines à l'usine de Calhoun au Tennessee.

Au total, le plus important fabricant nord-américain de papier journal réduira sa production de près d'un million de tonnes supplémentaires.

AbitibiBowater avait déjà réduit sa production d'un million de tonnes en novembre dernier, ce qui s'est traduit par la fermeture d'usines à Shawinigan et à Donnacona au Québec, de même qu'au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique. Un millier d'emplois sont disparus dans cette première vague de compressions, dont 260 à Donnacona, où le syndicat des travailleurs conteste la fermeture devant les tribunaux.

Depuis un an, Abitibi a réduit sa production de près de 20%, a précisé le porte-parole de l'entreprise, Pierre Choquette. Celui-ci a refusé de dire si d'autres fermetures sont encore à venir. «On s'ajuste au marché», a-t-il commenté.

Le marché du papier journal s'affaiblit chaque jour davantage aux États-Unis, où la demande a baissé de plus de 15% en un an. La demande se porte mieux sur les marchés d'exportation d'Abitibi. La production de certaines usines, dont celle de Baie-Comeau au Québec, a été redirigée vers le Brésil et l'Europe de l'est, où la demande est plus forte.

Mais le PDG d'AbitibiBowater a prévenu hier que même les marchés d'exportation vont ralentir. «Nos clients internationaux ont aussi indiqué que la croissance des exportations ne sera pas aussi forte pour l'année qui vient», a dit M. Paterson.

Cette faiblesse croissante milite en faveur d'une baisse du prix du papier journal sur le marché, ce qui pourrait empirer la situation déjà très difficile d'Abitibi.

Le prix du papier journal a augmenté de 36% depuis un an et peu d'analystes croient que le prix actuel pourra être maintenu. L'analyste Claudia Shank Hueston, de JP Morgan Chase, estime que d'autres réductions de production seront nécessaires pour maintenir les prix. «Les marchés d'exportation faiblissent et les producteurs semblent perdre le contrôle des prix», a-t-elle dit à Bloomberg.

Le titre d'AbitibiBowater se négocie à son niveau le plus bas jamais vu. Hier, il est descendu aussi bas que 45 cents à la Bourse de New York. À Toronto, il a fini la journée à 1$, en baisse de 12 cents. Depuis un an, l'action a perdu 98% de sa valeur.

En plus de l'effondrement de son marché, AbitibiBowater doit travailler très fort pour réduire sa dette. L'entreprise compte sur la vente d'éléments d'actifs pour se renflouer, mais l'opération s'avère difficile à cause de la crise du crédit et de la faiblesse généralisée de l'économie.

Mercredi, la firme Stan-dard & Poor a décoté de deux crans la dette d'AbitibiBowater. L'analyste Jatinder Mall, de Standard & Poor, a dit craindre que l'entreprise n'ait pas suffisamment de liquidités pour respecter ses obligations financières, compte tenu de la situation prévisible du marché en 2009 pour le papier journal, la pâte et le bois d'oeuvre.

En plus de la réduction de production annoncée hier, AbitibiBowater a fait savoir qu'elle diminuerait de 20% ses dépenses en 2009. Les économies découlant de la fusion entre Abitibi-Consolidated et Bowater en octobre 2007, prévues à 375 millions, devraient être atteintes à la fin de 2008, un an plus tôt que prévu, selon la société.

Les nouvelles fermetures se traduiront par des charges de 45 millions qui apparaîtront dans les résultats de deuxième trimestre de 2009. Au dernier trimestre de 2008, les résultats feront état d'une radiation de 180 millions provenant de la fermeture des usines Grand Falls à Terre-Neuve et de Covington au Tennesse.