Les clients de Triglobal incapables de récupérer leurs placements dans le fonds offshore Ivest, des Bahamas, ont peut-être perdu tout leur argent.

Les clients de Triglobal incapables de récupérer leurs placements dans le fonds offshore Ivest, des Bahamas, ont peut-être perdu tout leur argent.

Au lieu des 42 millions US en actifs qui apparaissent aux états financiers non vérifiés d'Ivest, les enquêteurs n'ont trouvé que 184 173 $ dans les comptes du fonds à la banque BNP Paribas de Nassau, aux Bahamas.

C'est ce qui ressort d'un document de la Commission des valeurs mobilières des Bahamas (CVMB), déposé en cour à Nassau il y a deux semaines et que La Presse Affaires a obtenu.

La CVMB agit au nom de l'Autorité des marchés financiers du Québec, qui enquête sur Triglobal et ses deux propriétaires, Themis Papadopoulos et Mario Bright.

Les procureurs de la CVMB ont obtenu la semaine dernière la liquidation judiciaire du fonds Ivest et d'un autre fonds des Bahamas contrôlé par MM. Papadopoulos et Bright, Tricap Fund, dont le compte bancaire contient 594 568 $.

L'enquête a également permis de trouver 18 909 $ dans un compte de Focus Management, un autre fonds offshore que l'AMF soupçonne avoir été distribué illégalement au Québec par les deux Montréalais.

En tout, donc, seulement 800 000 $.

«Il n'est pas impossible qu'on trouve d'autres actifs ailleurs aux Bahamas, mais pour l'instant, c'est ce qui est identifié», a dit mercredi le syndic Jean Robillard, qui a été nommé liquidateur de Triglobal, d'Ivest et de Tricap, en plus de gérer la tutelle de cinq firmes montréalaises liées aux propriétaires de Triglobal.

Selon le document de la CVMB déposé en cour à Nassau, une centaine d'investisseurs de la région de Montréal détiendraient 42 millions US dans Ivest. Le document souligne avec préoccupation que 48 % (21 millions) de l'argent des investisseurs d'Ivest a été prêté à Focus Management, selon les états financiers 2005 qu'un vérificateur externe a diffusés, mais refusé de certifier.

La Presse avait révélé ce prêt en mai 2007.

Les éléments d'enquête sont suffisants pour supposer «que les investisseurs risquent de perdre leur investissement dans Ivest en partie ou en totalité», peut-on lire dans le document déposé en cour aux Bahamas, qui identifie MM. Papadopoulos et Bright comme les dirigeants de Ivest et Focus.

Le prêt d'Ivest à Focus est préoccupant : Focus, fondé en 1990, et Ivest, fondé en 2002, sont tous les deux incapables de rembourser les investisseurs depuis plusieurs mois.

Un investisseur contacté par La Presse mercredi a dit craindre que l'argent d'Ivest ait servi à rembourser des actionnaires de Focus.

Focus Management avait un compte aux Bahamas, mais le compte principal de cette autre firme suspecte se trouve dans les îles Caïmans, où l'AMF fait aussi des démarches judiciaires.

Un des nombreux Montréalais incapables de récupérer son argent dans Focus devait déposer hier une demande de liquidation judiciaire à un tribunal des Caïmans. Sa démarche est encadrée par l'AMF.

Personne ne sait combien d'argent on trouvera dans Focus, mais ce qu'on a découvert dans Ivest fera sans doute envisager le pire aux investisseurs.