Le projet de fusion entre la Bourse de Montréal et celle de Toronto a été commenté par certains politiciens. Jean-Luc Landry, président de la firme Landry Morin et ex-PDG de Montrusco Bolton, a envoyé une lettre ouverte à La Presse.

Le projet de fusion entre la Bourse de Montréal et celle de Toronto a été commenté par certains politiciens. Jean-Luc Landry, président de la firme Landry Morin et ex-PDG de Montrusco Bolton, a envoyé une lettre ouverte à La Presse.

Voici l'opinion de M. Landry sur ce sujet:

Le député péquiste François Legault a raté une bonne occasion de se taire, la semaine dernière, lorsqu'il a réclamé à l'Assemblée nationale que le gouvernement bloque la transaction entre la Bourse de Montréal et celle de Toronto «au nom des intérêts supérieurs du Québec» et parce que des dirigeants de la Bourse de Montréal ont acheté des actions de la société et vont profiter financièrement de la transaction.

Par cette intervention, M. Legault montre son ignorance de ce que fait la Bourse de Montréal et en même temps réussit à dénigrer ses dirigeants alors qu'ils ont réussi à monter une entreprise de grande valeur dans un marché très compétitif.

D'abord, la Bourse de Montréal ne supporte pas les «intérêts supérieurs du Québec». La Bourse de Montréal ne sert plus au financement des entreprises depuis presque 10 ans.

À la suite d'un accord avec la Bourse de Toronto (accord qui a été conclu avec l'assentiment du ministre des Finances de l'époque, Bernard Landry), la Bourse de Montréal s'est spécialisée dans les produits dérivés.

Ces produits sont très utiles pour transférer des risques entre les investisseurs, mais 99% des Québécois n'en ont jamais acheté.

Alors où est «l'intérêt supérieur du Québec» là-dedans? M. Legault demandera-t-il que le gouvernement du Québec intervienne si jamais son ancienne compagnie, Air Transat, était vendue à une autre compagnie aérienne?

M. Legault mentionne aussi que des dirigeants ont acheté des actions de la Bourse de Montréal il y a quelques mois. Même s'il y avait eu malversation, est-ce une raison pour bloquer une transaction?

M. Legault sait que toutes les transactions des dirigeants d'entreprises cotées en Bourse sont sujettes à une réglementation sévère. Il a été lui-même dirigeant d'une entreprise.

Comment peut-il confondre le comportement de certains actionnaires et l'entreprise elle-même? Si des actionnaires ont fait des transactions illégales, ceux-ci seront poursuivis par l'Autorité des marchés financiers, pas l'entreprise.

En fait, il semble que les transactions auxquelles M. Legault fait allusion sont parfaitement légales et ont été enregistrées et rendues publiques tel que prévu par la loi.

Le chroniqueur Michel Girard en a d'ailleurs fait état dans La Presse et a suggéré à ses lecteurs de faire comme eux! Nous devrions être heureux lorsque les dirigeants achètent des actions de leur entreprise et nous devrions être encore plus heureux qu'ils s'enrichissent.

Le fondement de cette transaction est le suivant. Il y a une consolidation des bourses partout dans le monde et la Bourse de Montréal n'échappera pas à ce mouvement.

Les dirigeants de la Bourse de Montréal ont bâti au fil des ans une entreprise de grande valeur mais ils savent qu'ils n'échapperont pas au mouvement de consolidation.

Ils ont trouvé un partenaire qui est prêt à payer un bon prix pour acquérir leur entreprise et ils ont négocié certaines garanties pour maintenir une expertise à Montréal.