Encore une fois cette année, vous avez été nombreux à répondre à notre sondage qui visait à connaître votre PDG de l'année.

Encore une fois cette année, vous avez été nombreux à répondre à notre sondage qui visait à connaître votre PDG de l'année.

Le choix était difficile, nous en convenons. Les candidats qui vous étaient proposés étaient tous très solides.

Le décompte final a d'ailleurs été particulièrement serré. Nous vous remercions de votre participation et des nombreux commentaires qui accompagnaient vos courriels. Félicitations à nos finalistes et bravo à Liliane Colpron, PDG 2007 des lecteurs de La Presse Affaires.

La nouvelle l'a prise complètement au dépourvu. «Ça m'a scié les jambes», dit Liliane Colpron, après avoir appris que les lecteurs de La Presse Affaires l'avaient choisie PDG de l'année 2007.

La grande patronne de Première Moisson a pris le premier rang d'une courte liste des chefs d'entreprises les plus admirés du Québec.

«C'est vrai que 2007 a été une grosse année pour Première Moisson», réalise-t-elle, assise à la belle table en bois de son bureau de Vaudreuil, une fois remise de ses émotions.

C'est en 2007 que le réseau de boulangeries de Première Moisson a complété son intégration verticale, avec l'achat d'une meunerie et la signature de contrats d'approvisionnements en blé cultivé au Québec, sans herbicide ni engrais chimique.

L'entreprise est maintenant autosuffisante pour ce qui est de sa principale matière première, la farine.

«C'est un gros virage», dit-elle. Un virage vert, titrait La Presse lors de cette annonce, en octobre dernier. En fait, rectifie Liliane Colpron, Première Moisson a toujours été une entreprise verte, qui se fait un point d'honneur d'utiliser une matière première de qualité, exempte de produits chimiques.

«On ne s'est pas affichés comme ça au départ, parce que nous ne voulions pas nous adresser seulement aux granolas.»

Se maintenir en santé est une préoccupation constante chez Liliane Colpron, qui a fait le choix de manger bio.

«Je l'ai toujours dit, on a des responsabilités quand on produit des aliments, on ne peut pas donner aux gens des choses à manger qui leur donneront le cancer dans 15 ans.»

La qualité des pains, gâteaux et autres produits qui sortent des fours de Première Moisson est maintenant reconnue dans tout le Québec. Et la patronne en est très fière.

Fière aussi d'avoir bâti une entreprise dont les revenus annuels atteignent maintenant 80 millions, qui emploie 225 personnes au siège social de Vaudreuil et plus de 1200 dans son réseau de magasins.

Pas mal pour une entreprise qui a fait ses premiers pas il y a 15 ans, dans un secteur tout ce qu'il y a de plus traditionnel. Mais contrairement à ce qu'on entend parfois, Première Moisson n'est pas partie de rien, tient à souligner sa fondatrice.

«J'ai une grande expérience en affaires et Première Moisson est mon quatrième projet.»

Expérience

Liliane Colpron connaît la farine. Elle a été propriétaire d'une boulangerie industrielle à Dorval. Elle a tenu pendant une dizaine d'années une petite boulangerie au centre-ville de Montréal, «Au bon croissant», où les gens faisaient la queue le samedi matin.

Cette expérience lui a servi quand son fils Bernard a voulu ouvrir une boulangerie à Vaudreuil, tout près de la maison qu'il habite.

«Je me trouvais trop jeune pour la retraite et je lui ai dit, tant qu'à ouvrir une boulangerie, faisons-en quelque chose de plus gros.»

L'emplacement, assez loin de Montréal, lui paraissait plus facile à rentabiliser que le centre-villle et permettait une expansion si les choses tournaient bien. Liliane Colpron avait vu juste.

Dès la deuxième année d'exploitation, Première Moisson était rentable et pouvait songer à l'expansion.

À l'origine, l'entreprise offrait des pains et des viennoiseries. Elle s'est ensuite lancée dans les gâteaux sur l'insistance de sa clientèle, qui ne voulait pas être obligée de faire un autre arrêt pour acheter le dessert.

Puis sont venus les pâtés, les quiches et le foie gras, et tous les produits fins qui se retrouvent aujourd'hui dans les 15 boutiques de la chaîne.

Rétrospectivement, Liliane Colpron pense que la décision de cuire les pains dans chaque magasin, avec un vrai boulanger sur place, a été la clé du succès de son entreprise.

La présidente est fière également de son réseau de partenaires, choisis avec soin, qui détiennent une participation de 50% dans chaque magasin.

Première Moisson est une entreprise familiale, où les trois enfants de Liliane Colpron, Josée, Bernard et Stéphane, occupent des postes de direction. Difficile, de concilier la famille et les affaires?

«Au contraire, c'est merveilleux», assure la patronne.

Ensemble, ils ont bâti une organisation qui leur permet de profiter de la vie. «On est passionnés, mais on n'est pas des workaholics», dit celle qui passe tous ses week-ends à la campagne, à Sainte-Adèle, et qui s'octroie de longues vacances en été.

Pas question de retraite, par contre, pour Liliane Colpron. «On a de gros projets de développement dans le collimateur», explique-t-elle.

Première Moisson s'installera bientôt à Laval, et sur la rive sud de Montréal, dans le quartier commercial Dix30. Après, ce sera Québec, où l'entreprise voudrait ouvrir un ou deux magasins. Ensuite, elle ira probablement à Ottawa.

D'ici deux ans, Première Moisson atteindra probablement les 100 millions de chiffre d'affaires. Et après? Liliane Colpron assure que l'entreprise continuera de grossir, parce que c'est le propre de toutes les entreprises.

«On a des plans de développement qu'on va faire à notre rythme, tout en conservant notre qualité de vie.»

L'inscription à la Bourse ne fait pas partie de ces plans. «C'est trop compliqué et on n'en a pas besoin», explique la présidente.

En ce qui concerne l'avenir, Liliane Colpron n'a qu'une seule certitude: le pain de Première Moisson sera toujours aussi bon, promet-elle.

Voici ce que les lecteurs ont dit:

«Chapeau à une femme d'affaires accomplie qui est une vraie battante et un modèle à suivre pour nos générations de jeunes entrepreneurs et dirigeants qui suivent.»

- Claude Saillant, Montréal

«Une entreprise remarquable, une femme d'affaires remarquable. Si on n'avait pas Première Moisson, il y aurait un grand vide dans l'artisanat de la boulangerie.»

- Stéphanie Bilodeau, Gatineau

«Mme Colpron est une femme qui a eu de l'audace, de la détermination et de la ténacité pour mener à bien son entreprise () Elle est un symbole de fierté et d'inspiration pour les jeunes femmes qui veulent se lancer en affaires.»

- Lise Barbeau, Verdun

«Mme Colpron a réussi une entreprise de services d'une manière exceptionnelle. Chapeau, dans un contexte où tout le monde financier trippe sur les entreprises technologiques.»

- Raymond Bréard, Montréal

«Au fil des ans, Mme Colpron a su trouver une niche et la développer dans son secteur d'activité où les grands joueurs peuvent jouer dur pour conserver ou s'approprier des parts additionnelles de marché () Je lui lève mon chapeau et la félicite très sincèrement.»

- Sylvain Langis, Montréal