Toute dégringolade boursière fait apparaître son lot d'aubaines sur le marché et la crise qui secoue les marchés actuellement ne fait pas exception à la règle. Il y a de bons achats à faire actuellement, confirment les spécialistes interrogés jeudi, à condition de garder la tête froide.

Toute dégringolade boursière fait apparaître son lot d'aubaines sur le marché et la crise qui secoue les marchés actuellement ne fait pas exception à la règle. Il y a de bons achats à faire actuellement, confirment les spécialistes interrogés jeudi, à condition de garder la tête froide.

Surtout, pas de panique, prévient Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser, gestionnaire de portefeuille. Liquider son portefeuille est justement la chose à ne pas faire quand les valeurs chutent.

L'important, c'est de respecter son horizon de placement, conseille Benoit Durocher, économiste chez Desjardins. Si on investit pour la retraite et que cette échéance est encore loin, «il faut résister à la tentation de retirer ses fonds du marché boursier», dit-il.

Pas de trace à long terme?

À long terme, la correction en cours ne paraîtra probablement pas sur le rendement du portefeuille, avance l'économiste.

Par contre, si on vend ses actions pour acheter des placements moins risqués comme des certificats de dépôt, «ça implique de prendre une perte en capital. En restant sur les lignes de côté, on peut éviter ça».

Mais pour ceux qui attendaient déjà sur les lignes de côté en jugeant le prix des actions trop élevé, la crise actuelle peut être le signal attendu pour se jeter dans la mêlée.

Des aubaines, il y en a, soutient Denis Durand, surtout du côté des titres financiers, qui ont été les plus malmenés depuis le début de la crise des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis.

Les banques canadiennes ne sont pas toutes affectées également par le crise, souligne-t-il, et même pour celles qui le sont, l'impact sera mineur.

Les compagnies d'assurances sont un autre bon filon, selon Denis Durand. «Great West, par exemple, a seulement 1,3% de son actif dans le papier commercial adossé à des créances. Chez Manuvie, c'est seulement un demi de 1%».

Il y a toutefois des aubaines qui n'en sont pas, prévient le gestionnaire. Comme BCE, qui a clôturé hier à 38$ à la Bourse de Toronto, et qui fait l'objet d'une offre d'achat à 42,75$.

Dans ce cas précis, le risque que la transaction ne se fasse pas est bien réel, parce que l'acheteur, Teachers, doit financer son achat par d'énormes emprunts qui lui coûteront plus cher, justement à cause de la crise du crédit. Il faut donc y penser deux fois avant de sauter sur l'action de BCE, selon lui.

De même, les titres de mines et métaux ont été matraqués et peuvent paraître attrayants, souligne Denis Durand, mais ce n'est pas seulement la crise qui les fait chuter, mais aussi la baisse de la demande mondiale qui les soutient depuis plusieurs mois.

«Ce n'est peut-être pas une bonne idée d'en acheter maintenant», dit-il.

Pas fini?

Steve Goulet, gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Everest, estime qu'avant de mettre plus d'argent dans le marché boursier, l'investisseur doit d'abord se demander si son portefeuille est exposé au risque de crédit hypothécaire américain.

«C'est possible, via les fonds communs et notamment les fonds de marchés monétaires.»

Un simple appel à son gestionnaire de portefeuille suffira pour avoir la réponse à cette question. Si c'est oui, il faut vendre, dit le gestionnaire, et ne pas attendre de voir l'impact sur le rendement du fonds, qui ne sera peut-être apparent qu'à l'échéance.

Ensuite, il faudrait peut-être attendre un peu avant de se lancer dans la chasse aux aubaines, selon lui. «Il y a des opportunités qui ressortent mais le marché n'a peut-être pas fini de se corriger», prévient-il.

Il est possible que le marché se ressaisisse, pour replonger plus profondément peu de temps après. «Ça fait souvent plus mal aux investisseurs la deuxième fois», dit-il.

Comme Denis Durand, Steve Goulet estime qu'il faut regarder du côté des banques et des compagnies d'assurances, qui deviennent des valeurs intéressantes.

Même si les banques canadiennes sont affectées par la crise du crédit, elles devraient s'en remettre rapidement, estime-t-il. «La correction du marché, peu importe la raison, est saine. Et on n'est pas dans le pétrin économique.»