Mine de rien, les élections américaines qui ont donné aux démocrates une mince majorité à la Chambre des représentants et au Sénat l'an dernier ont eu plus d'importance que les présidentielles de l'an prochain pour les exportateurs canadiens.

Mine de rien, les élections américaines qui ont donné aux démocrates une mince majorité à la Chambre des représentants et au Sénat l'an dernier ont eu plus d'importance que les présidentielles de l'an prochain pour les exportateurs canadiens.

«La politique commerciale des États-Unis est l'affaire du Congrès (représentants et Sénat) plus que du président», explique en entrevue Marc L. Busch qui vient de faire paraître pour le compte du Conference Board du Canada une analyse de la question.

Du vin nouveau dans de vieilles bouteilles ou l'agenda commercial des démocrates décortique le langage des démocrates en matière de rapports commerciaux. M. Busch, un Canadien d'origine qui enseigne aux États-Unis, note qu'à la différence des républicains, ils s'attardent davantage au respect des lois internationales en matière de travail et d'environnement.

Cela pourrait les amener à durcir le ton vis-à-vis de la Chine ou de l'Inde, mais moins à l'égard du Canada.

En revanche, les litiges «qui font partie de l'histoire du commerce entre le Canada et les États-Unis» vont continuer.

Il prédit une reprise avant longtemps du conflit du bois d'oeuvre. Il pense même qu'un nouveau litige portant sur les jets régionaux pourrait naître. Si les avionneurs américains (Boeing en particulier) se lancent dans la production d'appareils d'une centaine de passagers, alors on s'en prendra à l'aide gouvernementale reçue par Bombardier et par Embraer.

«En pareil cas, le Canada doit chercher des alliés industriels américains qui partagent ses intérêts comme ce fut le cas avec Home Depot durant le conflit du bois d'oeuvre», écrit M. Busch. On peut imaginer que les transporteurs qui comptent plusieurs avions de Bombardier dans leur parc devraient être approchés.

Lorsque les Républicains détenaient la majorité, ils ont pu faire dérailler la ronde de Doha de l'Organisation mondiale du commerce pour protéger les producteurs de blé, de canne à sucre, de coton et de riz lourdement subventionnés. Depuis, les États-Unis ont perdu un litige contre le Brésil sur les subventions à la production de coton alors que le Canada dénonce les nouvelles subventions aux producteurs de maïs.

Les républicains ont multiplié en parallèle la signature d'ententes de commerce bilatéral. De 2001 à 2006, les ententes entre Washington et divers pays sont passées de trois à 21. Cela ne devrait pas continuer, prédit M. Busch et c'est une bonne chose pour le Canada. Il n'aura pas à faire du rattrapage.

Si les démocrates se montrent plus exigeants dans l'examen des politiques environnementales et de travail des pays avec qui ils commercent, alors le Canada devrait profiter de cette expertise pour se négocier de meilleurs accords pour son propre compte, croit aussi M. Busch.

Le chercheur ne s'inquiète guère des tensions sino-américaines pour le Canada. «L'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) servira d'amortisseur comme ce fut le cas lors du litige sur l'acier en 2002.»

Enfin, M. Busch préconise qu'Ottawa joue un rôle actif dans la relance du cycle de Doha en réclamant plus d'ouverture pour le commerce des services.