Les employés de Bell Canada Entreprises (T.BCE) sont loin d'être rassurés par les propos contradictoires des dirigeants de la caisse de retraite Teachers, future propriétaire de l'entreprise.

Les employés de Bell Canada Entreprises [[|ticker sym='T.BCE'|]] sont loin d'être rassurés par les propos contradictoires des dirigeants de la caisse de retraite Teachers, future propriétaire de l'entreprise.

Samedi, Jim Leech, premier vice-président de Teachers Private Capital, a affirmé que la privatisation de BCE n'entraînerait «pas de virage à 180 degrés» et que la vente de certaines divisions était exclue. Trois jours plus tard, le grand patron de Teachers, Claude Lamoureux, disait plutôt à La Presse Affaires que toutes les options étaient sur la table. Et qu'un virage «à 179 degrés» était possible.

L'incertitude n'est pas près de se dissiper, déplore un cadre de Bell qui a requis l'anonymat. D'autant plus que de nouvelles offres concurrentes à celle de Teachers pourraient être déposées sous peu. «Ça va nous prendre presque un an avant de voir ce qui va se passer...»

Au Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, qui représente quelque 12 000 travailleurs de Bell, le stress atteint des sommets. «J'étais avec plein de techniciens aujourd'hui et c'est l'inquiétude totale, a confié Michel Ouimet, vice-président exécutif. Personne ne sait ce qui va se passer.»

Le leader syndical rencontrera demain la direction de BCE. Il demandera à être mis en contact avec Claude Lamoureux ou un autre dirigeant de Teachers, afin d'en savoir un peu plus sur la stratégie des futurs propriétaires de Bell. Il craint des coupes massives d'emplois et la vente de l'entreprise en pièces détachées.

Pour l'heure, le grand patron de BCE, Michael Sabia, tente de rassurer ses troupes.

En entrevue avec La Presse Affaires, mercredi, il a rappelé que Teachers, de même que ses partenaires Providence et Madison Dearborn (qui détiendront respectivement 52 %, 32 % et 9 % du capital de BCE) avaient un long historique dans le domaine des télécoms. Et qu'à chaque fois qu'ils ont réalisé une transaction, ils avaient investi massivement dans les compagnies nouvellement acquises.

M. Sabia a aussi fait valoir que BCE et Teachers entretiennent une vision commune. «Il y a une entente générale sur les grandes orientations de la compagnie pour le futur, qui sont très alignées avec les plans (actuels) de la compagnie.»

BCE et les futurs propriétaires s'entendent sur les «grands piliers» de la stratégie de croissance, comme le fait de miser davantage sur le sans-fil, la vidéo et le secteur des PME, a ajouté M. Sabia. Des changements sont cependant possibles, a-t-il reconnu.

«Peut-être que Claude (Lamoureux) a des idées et nous allons avoir des discussions avec Claude et Jim (Leech) et Jonathan Nelson (de Providence) et les autres dans l'avenir pour établir un plan d'affaires», a dit M. Sabia.

Si l'incertitude demeure quant au futur plan d'affaires de Bell, une chose semble claire : le siège social restera à Montréal. Teachers et ses partenaires «reconnaissent absolument clairement l'importance de ce siège social», a affirmé Michael Sabia.

Aussi, même si de nombreuses rencontres stratégiques se déroulent dans les bureaux de Bell à Toronto, le siège social de l'entreprise est bel et bien à Montréal, a insisté M. Sabia. Toutes les rencontres du conseil d'administration se tiennent dans la métropole québécoise, a-t-il illustré.

Le PDG estime par ailleurs que la haute direction a toute la confiance des 54 000 employés de Bell.

«Je pense que nous pouvons faire cette transaction d'une façon confortable pour nos employés, a-t-il dit. Mais d'un autre coté, je pense que nos employés comprennent extrêmement bien que dans le monde des affaires, dans un marché concurrentiel, il y aura toujours des changements. Le changement est constant, et ce n'est pas une question d'être public ou privé.»

Une déclaration qui contraste avec les propos de certains employés. «Bell c'est gros, je suis habitué de voir des vice-présidents et des présidents nous vendre des niaiseries, a lancé un cadre dans la trentaine. Ils comptent sur nous autres, ils nous disent que les employés sont la base de l'entreprise, et puis ils font une coupure le mois d'après...»

Enfin, Michael Sabia a laissé la porte ouverte à un recours accru à la sous-traitance à partir de 2008. Il ne s'agit pas pour l'instant d'une priorité, a-t-il ajouté.