En avril 2005, la Commission des normes du travail (CNT) a confié l'analyse des plaintes déposées par des non-syndiqués à la Chaire de gestion de la santé et de la sécurité du travail de l'Université Laval.

En avril 2005, la Commission des normes du travail (CNT) a confié l'analyse des plaintes déposées par des non-syndiqués à la Chaire de gestion de la santé et de la sécurité du travail de l'Université Laval.

Après avoir lu 236 des quelque 3000 plaintes reçues à l'époque, le sociologue Jean-Pierre Brun, titulaire de cette Chaire, battait en brèche le préjugé des plaintes frivoles.

«Nous avons été étonnés du grand nombre de cas rapportant des situations d'incivilité, de propos vexatoires et blasphématoires. L'ampleur des incivilités s'accompagne souvent d'une réaction de banalisation et de déni. Dans la majorité des cas, les tentatives de résolution sont faites uniquement par le plaignant. Le soutien extérieur semble aussi absent », écrivait-il dans son rapport.

Autant de cas de harcèlement psychologique ? Jean-Pierre Brun en doute mais il faisait une mise en garde. «L'un de grands défis pour les employeurs et les employés consiste à ne pas s'enfermer dans le débat juridique en se demandant si la situation cadre ou non avec la définition qu'en donne la loi. (...)»

«Qu'il s'agisse ou non de harcèlement, au sens juridique, les situations que nous avons analysées sont dans bien des cas simplement inadmissibles», précisait-il.

Près de deux ans se sont écoulées depuis ce rapport. La CNT effectue actuellement une étude similaire à celle du professeur Brun. Ses conclusions seront rendues publiques cet automne.

«Les résultats préliminaires confirment les constats du professeur Brun. Il y a peu de plaintes frivoles et beaucoup de malaises dans les organisations. Par ailleurs, nous sommes conscients des efforts accrus à déployer pour que le harcèlement – et ce qui ne l'est pas, soit mieux compris», indique Me Robert Rivest, directeur des affaires juridiques du bureau de Montréal de la CNT.