Les joueurs de la NFL ont tout: l'argent, la gloire, la célébrité. Enfin, presque tout. Ils n'ont pas de sécurité d'emploi.

Les joueurs de la NFL ont tout: l'argent, la gloire, la célébrité. Enfin, presque tout. Ils n'ont pas de sécurité d'emploi.

«Si tu ne performes pas, tu n'auras pas une cenne», résume Jean-Philippe Darche, spécialiste des longues remises chez les Seahawks de Seattle et l'un des deux seuls Québécois à évoluer dans la NFL.

Contrairement à leurs collègues de la LNH, de la NBA et du baseball majeur, les joueurs de la NFL n'ont pas de contrats garantis. S'ils ne font plus l'affaire, ils sont congédiés. Et adieu les millions prévus dans leur contrat.

«Il doit y avoir seulement 10 % des contrats qui sont garantis dans la NFL», précise Gary R. Roberts, directeur du programme de droit sportif de l'Université Tulane, de la Nouvelle-Orléans.

Le syndicat des joueurs aimerait bien obtenir la sécurité d'emploi pour tous ses membres. Mais ses arguments ont moins de poids depuis l'instauration du plafond salarial, en 1994.

«Si les contrats des joueurs retranchés étaient garantis, le club aurait à payer des joueurs qui ne contribuent pas aux succès de l'équipe, dit M. Roberts. En raison du plafond salarial, il reste moins d'argent pour les autres. Les joueurs aiment mieux qu'on paye ceux qui jouent !»

Les meilleurs joueurs parviennent à contourner le système en se négociant un important boni à la signature. Tout d'abord, celui-ci est garanti en cas de congédiement. Ensuite, il sert de rempart contre un congédiement.

«Pour les fins du plafond salarial, le boni est réparti sur toute la durée du contrat même s'il est versé à la signature, explique Jean-Philippe Darche, qui a touché 585 000 US chez les Seahawks l'an dernier. Retrancher un joueur qui a reçu un boni important fait mal à une équipe dans le calcul du plafond salarial. C'est pourquoi les joueurs qui ont reçu un boni sont généralement assurés de jouer la moitié de leur contrat.»

Le plafond salarial a aussi des conséquences pour les joueurs plus marginaux, qui n'ont pas le même pouvoir de négociation que les vedettes de la ligue.

«La plafond salarial a fait disparaître la classe moyenne dans la NFL», dit Jean-Philippe Darche. Une bonne partie des 53 joueurs de chaque équipe gagnent à peine plus que le salaire minimum, qui varie entre 260 000 US pour une recrue et 765 000 $ US pour un vétéran de dixième année. Une prime à l'ancienneté qui a déjà eu des effets pervers.

«Ça devenait intéressant pour une équipe de remplacer un vétéran par une recrue et ainsi augmenter sa marge de manoeuvre par rapport au plafond salarial, dit Jean-Philippe Darche. Mais depuis trois ans, une équipe peut payer un vétéran 765 000 US et inclure seulement 450 000 $ US pour les fins du plafond. Comme la différence n'est pas énorme avec le salaire d'une recrue, les équipes préfèrent maintenant garder leurs vétérans.»

Outre les revenus de télédiffusion, la paix syndicale a été le plus grand legs du commissaire Paul Tagliabue. En 1987, la NFL avait fait appel à des briseurs de grève pour commencer la saison. Avocat de la ligue à l'époque, M. Tagliabue s'est alors promis de ne jamais revivre un tel épisode.

«Il y a un vrai partenariat entre la ligue et les joueurs, dit Jean Gosselin, vice-président du marketing sportif de la firme de relations publiques National. Les joueurs ont compris que si la ligue faisait de l'argent, ils allaient en faire eux aussi. Et la ligue a tenu ses promesses vis-à-vis les joueurs.»

«Les joueurs savent qu'ils n'auront rien sans la ligue, confirme Jean-Philippe Darche. Dans les autres sports, les joueurs critiquent beaucoup leur employeur. Nous savons que ce n'est pas idéal de ne pas avoir de contrats garantis, mais chaque équipe peut dépenser jusqu'à 102 millions en salaires et nous avons de loin le meilleur régime de retraite du sport professionnel.»

Malgré leurs relations cordiales, le syndicat et la NFL ne s'entendent pas sur tous les aspects des relations de travail.

«Le syndicat veut des meilleurs bénéfices médicaux pour les joueurs après la fin de leur carrière, dit Jean-Philippe Darche. Les gars doivent s'assurer afin de soigner leurs blessures subies au cours de leur carrière et les assurances privées coûtent très chères aux États-Unis. Certains joueurs ne parviennent même pas à trouver un assureur en raison de leur état de santé.»