Ces dernières années, plusieurs grandes entreprises, comme Bell Canada, Nortel Networks et Quebecor World, ont placé leurs employés face à un dilemme: rester à l'intérieur de l'ancien régime de retraite à prestations déterminées ou bien migrer vers un nouveau régime à cotisations déterminées.

Ces dernières années, plusieurs grandes entreprises, comme Bell Canada, Nortel Networks et Quebecor World, ont placé leurs employés face à un dilemme: rester à l'intérieur de l'ancien régime de retraite à prestations déterminées ou bien migrer vers un nouveau régime à cotisations déterminées.

La question peut paraître technique et complexe. Mais les conséquences financières d'un mauvais choix seront lourdes une fois à la retraite. Selon les scénarios, une option peut être 50% plus généreuse que l'autre. Il faut donc se pencher sérieusement sur la question.

D'ailleurs, la question ressemble beaucoup à celle que doivent se poser les travailleurs qui changent d'emploi. S'ils disposent d'un régime de retraite à prestations déterminées (voir définition), leur ancien employeur leur offre un choix : toucher une rente au moment de leur retraite ou bien recevoir une somme équivalente dans un compte immobilisé de retraite (CRI).

Que faire?

Regardons la question d'un point de vue strictement financier. «Les gens ont l'impression que les entreprises convertissent leur régime pour sauver de l'argent. Mais ce n'est pas nécessairement vrai. C'est surtout pour que leurs coûts soient plus prévisibles», dit l'actuaire et planificateur financier Martin Dupras, conseiller principal au Groupe-conseil Aon.

Certains employeurs mettent en place un régime à cotisations déterminées très généreux. Pour les jeunes travailleurs ou pour les travailleurs qui risquent de changer d'emploi dans les années à venir, cette option sera plus avantageuse. Par contre, le régime à prestations déterminées devient généralement plus intéressant à partir de la quarantaine ou lorsqu'on cumule plus de 15 ans de service.

Se mêler de ses affaires!

Mais le choix du régime de retraite, n'est pas strictement une question d'argent. C'est aussi le mode de vie qui est en jeu...

Dans un régime à prestations déterminées, l'employé n'a pas à se soucier de la gestion de la caisse. Si les rendements sont inférieurs aux attentes, c'est à l'employeur de renflouer la caisse pour tenir les promesses de rentes faites à ses employés. Pas de soucis... à moins que l'entreprise fasse faillite, au moment où la caisse de retraite est dans le rouge.

«Mais ça joue des deux côtés», note M. Dupras. Si on gère sa propre caisse, on peut s'enrichir en profitant d'une envolée des marchés financiers.

À la retraite, celui qui bénéficie d'une rente n'a pas non plus à se soucier de l'épuisement de son capital. «La rente va toujours nous être versée, même si on vit jusqu'à 108 ans! Si on a 400 000$ dans un CRI, on est sûr d'en manquer si on vit jusqu'à cet âge», dit M. Durpas.

Dans un régime à cotisations déterminées, les participants doivent se mêler de leurs affaires! Ils doivent surveiller leurs placements. «Maintenant, ça va peut-être. Mais à 74 ans, est-ce ça vous tentera encore?», demande M. Dupras.

Même si leurs actifs sont gérés par des professionnels à l'intérieur de fonds communs, les travailleurs qui ont un régime à cotisations déterminées, ont quand même la responsabilité de décider dans quels fonds investir. Une décision capitale.

Ceux qui sont trop prudents et restent cantonnés dans des placements garantis, n'auront pas des rendements à la hauteur. Leur retraite sera plus maigre. Ceux qui sont trop audacieux pourraient voir leurs épargnes s'évaporer à quelques années de la retraite.

Les travailleurs qui ont un régime à prestations déterminées n'ont pas ces craintes. Mais ils doivent se méfier de l'effet sournois de l'inflation, si leur rente n'est pas pleinement indexée, ce qui est souvent le cas.

Cela implique que les retraités s'appauvriront graduellement, si le coût de la vie augmente d'année en année. Sur une longue période, la valeur d'une rente peut fondre de moitié, comme le démontre un exemple tiré du Guide de la planification de la retraite publié par Question Retraite.

La rente de 30 000$ que touche un retraité de 60 ans, ne vaudra plus que la moitié (14 328$) lorsqu'il aura 85 ans, si durant cette période de 25 ans l'inflation a grugé 3% de son pouvoir d'achat par année.

«Qu'est-ce qu'un régime à prestations déterminées?»

Dans un régime à prestations déterminées, l'employeur s'engage à verser une rente à son employé lorsqu'il prendra sa retraite. Généralement, la rente est calculée en fonction du nombre d'années de services (ex : 35 ans), multiplié par un certain pourcentage (ex : 2%), multiplié par le salaire des meilleures années (ex : 50 000$). Dans exemple actuel, l'employé recevrait une rente de 35 000$, soit 70% (2% X 35) de 50 000$.

Qu'est-ce qu'un régime à cotisations déterminées?

Dans un régime à cotisations déterminées, l'employeur et l'employé versent un montant déterminé à chaque année dans le régime de retraite. L'employé est maître des décisions de placements. Ses choix de placements sont souvent restreints à une brochette de fonds communs. Lorsque le travailleur prend sa retraite, ou lorsqu'il change d'emploi, il part avec la cagnotte amassée au fil des ans, s'achète une rente ou l'investit comme bon lui semble.

Qu'est-ce qu'un CRI?

Lorsqu'un travailleur quitte son emploi, il doit transférer dans un compte de retraite immobilisé (CRI) les sommes accumulées dans son régime de retraite à cotisations déterminées. Les épargnes continueront de fructifier à l'abri de l'impôt.

L'épargnant ne pourra pas vider son CRI, sauf pour s'acheter une rente de retraite ou pour transférer les sommes dans un FRV.

Le travailleur qui bénéficie d'un régime à prestations déterminées peut laisser son argent dans le régime de son ex-employeur qui lui versera une rente à sa retraite, ou demander le transfert d'un montant équivalent dans un CRI.

Qu'est-ce qu'un FRV?

Au moment de partir à la retraite, l'employé qui bénéficie d'un régime de retraite à cotisations déterminées (ou d'un CRI) devra déposer sa petite cagnotte dans un fonds de revenus viager (FRV). Il prendra alors lui-même les décisions de placements.

Les retraits du FRV sont assujettis à l'impôt. Il y a un retrait maximum à chaque année, pour éviter que le retraité brûle ses épargnes trop vite. Si le retraité n'a pas besoin du maximum à chaque année, il peut transférer l'excédant dans son REER, sans payer d'impôt, de façon à «désimmobiliser» ses épargnes.

Qu'est-ce qu'une rente viagère?

Au lieu du FRV, le travailleur peut aussi utiliser ses épargnes pour acheter pour une rente viagère qui lui sera versée par une compagnie d'assurances jusqu'à la fin de ses jours. En cas de décès, son conjoint recevra une partie de la rente, tout dépendant des options choisies.