L'assureur Great-West (T.GWO) a réalisé un «bon achat» en mettant la main sur le gestionnaire américain Putnam Investments Trust. Et ça pourrait même devenir une «excellente transaction» s'il parvient à redresser la situation comme il le souhaite.

L'assureur Great-West [[|ticker sym='T.GWO'|]] a réalisé un «bon achat» en mettant la main sur le gestionnaire américain Putnam Investments Trust. Et ça pourrait même devenir une «excellente transaction» s'il parvient à redresser la situation comme il le souhaite.

«De mémoire, c'est la première fois qu'une filiale de la Financière Power achète une société en difficulté, affirme Jean-David Meloche, de Montrusco Bolton. Heureusement, il ne s'agit pas d'une acquisition qui met la Great-West à risque et j'ai confiance dans la réputation des dirigeants pour créer de la valeur aux actionnaires.»

L'analyste spécialisé dans le secteur financier souligne qu'il y aura toutefois un gros travail à faire pour améliorer les choses.

Il précise que les actifs sous gestion de Putnam fondent de 10% par année depuis trois ans.

De plus, les rendements offerts sur son fonds vedette ne sont pas très inspirant. Ainsi, Putnam Voyager, composé des titres de grandes sociétés américaines, a avancé de 5,6% l'an dernier alors que l'indice S&P500 a gagné 13,6%.

Sans compter que la réputation de cette firme de Boston, une des plus anciennes et des plus importantes sociétés de gestion de placements aux États-Unis, a été entachée par un scandale financier lié à des transactions boursières.

Le plan de redressement présenté par les dirigeants, jeudi, apparaît plutôt optimiste, de l'avis de M. Meloche.

Dans la prochaine année, on s'attend à une sortie nette de fonds de 1 milliard US sur des actifs sous gestion de 192 milliards, soit une baisse négligeable d'environ un demi de 1%. Si possible, on voudrait même renverser la tendance.

«Putnam pourrait toutefois profiter d'une embellie qui augmenterait la taille de ses actifs gérés puisque les observateurs s'attendent à une bonne année pour les Bourses américaines», rappelle l'analyste.

À cela, on souhaite faire passer les marges bénéficiaires (bénéfice avant intérêts et impôts/revenus) de 20 à 30%, comme c'est le cas pour ses pairs.

Pour y arriver, il faudra d'importantes réductions de coûts et une hausse des revenus, dit l'analyste.

Même s'il y a peu de synergie entre les deux entités, il pense que Putnam profitera des services administratifs de la division Fascorp, de la Great-West, et du réseau de distribution des fonds Investors et MacKenzie, appartenant aussi à la Financière Power.

Les dirigeants prévoient que cette acquisition ajoutera aux profits de la Great-West dès sa première année d'intégration. La clôture de la transaction est prévue ce printemps.

Jean-David Meloche estime que Putnam pourrait ajouter l'équivalent de 5 cents de profit par action à la Great-West. Il s'agit d'un montant minime pour l'assureur puisque son bénéfice par action prévu l'an prochain est de 2,65$.

«Ça ne change pas la donne pour la prochaine année, mais cette diversification dans les fonds communs pourrait devenir intéressante par la suite», dit le spécialiste.

Selon lui, même si Putnam ne parvenait qu'à réussir à moitié son plan de retournement dès la première année, la Great-West aura quand même fait un bon achat. «Par contre, si on atteint les objectifs, on aura réalisé une excellente transaction», ajoute-t-il.

Le prix payé s'élève à 4,6 milliards CAN. En excluant la participation de 25% dans la firme de capital risque Thomas H. Lee Partners (propriétaire de Dunkin' Donuts) et de la revente d'avantages fiscaux, Great-West a déboursé quelque 3,6 milliards pour Putnam.

«Cette transaction permet à la Great-West d'ajouter une gamme de fonds communs et de produits institutionnels à ses services et d'augmenter sa présence aux États-Unis», explique M. Meloche.

Du coup, la part de ses profits américains passera de 29% sur un total de bénéfices nets d'environ 2 milliards, à 35%.

L'analyste considère que le prix de l'action de la Great-West est plutôt cher si on le compare à ses concurrents. Son titre s'échange à 14,3 fois les profits de cette année comparativement à 14 fois pour la Financière Manuvie, à 12,7 fois pour la Sun Life et à 11,8 fois pour l'Industrielle Alliance.

Selon Bloomberg, cinq analystes recommandent d'acheter le titre, trois de le conserver et deux de le vendre. Leur cours cible moyen d'ici un an est de 36,50$.