La locomotive de la croissance des deux dernières années ne peut plus rouler en cinquième vitesse.

La locomotive de la croissance des deux dernières années ne peut plus rouler en cinquième vitesse.

Pour éviter le déraillement de l'économie américaine dans un an ou deux, on doit la ralentir.

Cela permettra à ses grands fournisseurs de marchandises, comme la Chine, ou de services, comme l'Inde, de gérer leur propre surchauffe tout en allégeant les pressions sur les prix de l'énergie et des matières premières au grand soulagement des fabricants.

Tel est, résumé à grands traits, le scénario optimiste, souhaité par les grands organismes internationaux comme l'OCDE et le FMI, mais orchestré par les grandes banques centrales, toutes passées en mode de resserrement monétaire au cours de l'année qui s'achève.

Un ralentissement à l'échelle planétaire en 2007, ça signifie grosso modo une expansion de 4% environ, plutôt que 5% cette année et l'an dernier. Pour qu'on parle de récession mondiale, l'expansion devra être limitée à moins de 2% ce qui paraît peu probable compte tenu de la fougue des pays émergents.

Poursuivons notre métaphore ferroviaire et regardons le réseau à vol d'oiseauL'an prochain, les TGV chinois et indien vont cheminer au rythme de 10% et 7% environ, en dépit du ralentissement américain. Pour la Chine, il s'agira, si les prévisions se concrétisent, de la quatrième année d'affilée d'expansion de cet ordre, dans un contexte d'inflation maîtrisée.

Tout comme les États-Unis et le Canada, le train japonais aura besoin d'une mise au point même si le pays paraît enfin sorti du marasme de la déflation.

Le convoi européen est enfin sorti de gare cette année, même si l'état de ses wagons varie beaucoup. Une croissance de plus de 2% est bienvenue sur le Vieux Continent. La France donne des signes de vitalité qu'on ne lui prêtait plus tandis que l'Espagne, l'Irlande et la Grande-Bretagne ont encore du ressort.

En Europe centrale et orientale, le passage souvent pénible à l'économie de marché est suivi d'un bel embrayage depuis deux ou trois ans. En 2007, ces pays devraient continuer d'avancer, tonifié par leur accès aux rails modernes des grandes économies du Vieux Continent.

On peut en dire autant de la rame formée des membres de la Communauté des États indépendants. Les anciennes républiques soviétiques sont très hétérogènes, mais leurs richesses naturelles trouvent facilement la voie des pays d'Asie.

Le train latino-américain roulera en synchronie avec l'ensemble du réseau. Les wagons vénézuélien et argentin retiendront l'attention, le premier pavanant son pétrole, le second huilé de frais avec l'assainissement de ses finances publiques.

Enfin, le tortillard africain sera aussi au rendez-vous, à l'exception du Zimbabwe, qui implose sous le diktat d'une présidence démente, et peut-être aussi du Soudan, qui malgré d'immenses richesses pétrolières, entretient une guerre génocidaire qui l'isole sur la scène internationale.

Bien des embûches pourraient se retrouver sur une ou l'autre de ces voies. Le Proche-Orient s'embrasera-t-il davantage, créant une nouvelle flambée du prix de l'or noir? Le marasme du marché immobilier résidentiel américain viendra-t-il à bout de l'optimisme du consommateur au point de faire caler tout l'engin économique? La progression excessive des investissements en Chine créera-t-elle des surcapacités qui provoqueront une halte forcée? Et par-dessus tout, le déficit abyssal du compte courant américain entraînera-t-il la dépréciation trop rapide du billet vert susceptible de tout faire dérailler?

Sans être l'année de tous les dangers, 2007 forcera les aiguilleurs à la vigilance.

En voiture!

UNION EUROPÉENNE

Part du PIB mondial

20,4%

EUROPE

- La morosité s'est estompée cette année, mais les rigidités des économies administrées comme la France, l'Italie ou l'Allemagne limitent l'expansion aux environs de 2%

- Le prix des maisons en Grande-Bretagne, en Irlande et en Espagne va grimper moins vite, sans créer de crise car les ménages européens ont moins emprunté sur leur appréciation récente

- Les nouveaux venus dans l'Union européenne connaîtront une autre belle année dans les 4% à 5% de croissance, avec en tête encore l'étonnante Slovaquie

- Les républiques de l'ex-Union soviétique tireront partie de leur sous-sol convoité par l'Asie et par l'Europe. La crise politique en Ukraine va perturber l'activité économique

AMÉRIQUE DU NORD

Part du PIB mondial

23,7%

AMÉRIQUE DU NORD

- Deux maux rongent l'économie de l'Oncle Sam: l'immobilier résidentiel et le déficit du compte courant. Le prix des habitations plafonne quand il ne baisse pas. L'extraction de richesse sur la maison pour nourrir la consommation n'est plus possible

- En diminuant leurs achats, les ménages freineront les importations qui plombent le compte courant du pays. En principe, cela doit se faire en douceur, avec une croissance aux environs de 2% au premier semestre

- Les grands fournisseurs des États-Unis feront les frais à court terme de la convalescence. À commencer par le Canada et le Mexique, ses partenaires de l'ALENA

- Jusqu'ici le ralentissement de l'économie canadienne est plus prononcé que celui de l'américaine. Notre secteur manufacturier traverse une grave récession

L'économie canadienne dispose d'atouts indéniables: finances publiques en bon état, surplus du compte courant, marché immobilier et marché du travail sains

Risque nord-américain: Que l'économie américaine craque sous le poids de la crise immobilière et entre en récession

AMÉRIQUE LATINE

Part du PIB mondial

5,7%

AMÉRIQUE LATINE

- La maîtrise de l'inflation rend possible la poursuite soutenue de la croissance aux environs de 4%

- Les redevances étatiques sur le pétrole, le gaz ou les métaux comme le cuivre permettent l'amélioration des finances publiques et le développement des services

- Le Brésil continuera de s'imposer comme grande puissance émergente, surtout s'il y a reprise du cycle de Doha pour la libéralisation du commerce agricole

Risques: L'après-Castro. La trop grande volatilité des marchés boursiers

AFRIQUE

- Les pays producteurs de pétrole et de gaz comme l'Algérie, mais surtout l'Angola, la Guinée Équatoriale et le Nigeria progressent rapidement, malgré les tensions extrêmes

- Les producteurs de métaux peuvent atténuer les coûts de la facture pétrolière

- De façon générale, la croissance sera de l'ordre de 5% à 6%, ce qui est insuffisant pour endiguer de moitié la pauvreté d'ici 2015, selon l'objectif de développement du millénaire

PAYS ÉMERGENTS D'ASIE

- La croissance ralentira l'an prochain... à 9,8% seulement selon la Banque de Chine. En Inde, on s'en rapprochera

- Les échanges commerciaux entre les économies d'Asie les rendement moins tributaires des marchés américain et japonais et vont soutenir le développement de leurs marchés intérieurs

- Les surplus commerciaux colossaux et les abondantes réserves de devises des banques centrales permettront de stimuler l'économie quelque peu en cas de dérapage américain

CHINE

Part du PIB mondial

15,4%

JAPON

- Après quatre années de croissance d'affilée, la déflation se dissipe, la consommation peut reprendre quelque peu, mais les taux d'intérêt sur les prêts personnels dépassent les 20%. Les Japonais refinancent sans arrêt leurs dettes ce qui limite à 2% le potentiel d'expansion

- Si le marché américain se referme quelque peu, celui de la Chine offre toujours de brillantes perspectives aux exportateurs.

Risques : Que les prix des métaux de base et de l'énergie continuent de grimper ou que la déflation refasse surface.

INDE

Part du PIB mondial

6%

JAPON

Part du PIB mondial

6,4%

Source : Fonds monétaire International